OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La parole est d’argent public http://owni.fr/2012/03/08/la-parole-est-d%e2%80%99argent/ http://owni.fr/2012/03/08/la-parole-est-d%e2%80%99argent/#comments Thu, 08 Mar 2012 18:48:43 +0000 Jean-Paul Jouary http://owni.fr/?p=101222
Citation : “La monnaie est d’institution, non pas naturelle mais légale” – Aristote

Nous avons pris l’habitude, et considérons donc comme naturel, qu’une campagne électorale prenne la forme d’un combat autour de nombres renvoyant à des quantités d’argent : dépenses annoncées, recettes programmées, salaires promis, taux d’imposition modifiés, économies budgétaires projetées, investissements décidés, dette à réduire. Bref : en temps d’élection, la politique est parole et la parole est d’argent.

C’est dans l’imagination des rapports monnétaires que s’insinuent le fatalisme et l’espérance, l’accusation d’utopie et la prétention à être crédible, le sérieux et la démagogie, mais aussi le ressort intime qui pousse à voter pour qui, au-travers d’un argent escompté, sait répondre aux désirs de chacun. L’argent est ainsi devenu plus que jamais ce qui relie les grandes visions économiques et ce que chaque humain porte en lui de plus subjectif, craintif ou désirant. Au fond, l’argent présente cette double face, l’une totalement subjective et l’autre qui revendique une totale objectivité.

La monnaie avale ainsi l’économie et surplombe les espérances personnelles : l’expert peut alors venir, étaler son discours pseudo-scientifique et ruiner le champ proprement politique. Mais c’est alors au tour du politique de venir, de prendre à témoin les mêmes experts pour dire au citoyen que ses désirs doivent plier sous les vérités incontournables de la finance, et taxer de démagogie celles et ceux qui osent encore projeter de changer la vie sociale. Ainsi, c’est en naufrageant l’idée même de politique que la plupart des candidats font campagne électorale. Si la parole est d’argent, la politique est du chiffon.

Mais l’argent relève-t-il de l’économie lorsqu’on reconnaît qu’il peut se retourner contre l’économie réelle ? Et relève-t-il de la suprême espérance intime lorsqu’il n’est guère besoin d’être un philosophe stoïcien antique, mais qu’il suffit d’être un humain parmi les autres humains, pour savoir que si la misère rend le bonheur problématique, l’argent ne suffit jamais à en assurer l’accès ? Au fond, qu’est-ce que l’argent ? C’est peut-être la question la plus essentielle de notre époque, une fois assimilées les conceptions morales, religieuses, pragmatiques, économiques des siècles de réflexion qu’il a suscités.

Il se trouve qu’un livre vient de paraître qui me paraît poser cette question de la façon la plus originale et suggestive, peut-être aussi la plus profondément subversive, qu’on ait connues jusqu’alors : L’abstraction matérielle. L’argent au-delà de la morale et de l’économie. Les auteurs ? Une spécialiste des sciences économiques et sociales, Laurence Duchêne, et un philosophe, Pierre Zaoui.

On ne trouve dans ce livre rien qui puisse ressembler à ce slogan consensuel qui fleurit de nos jours, et qui appelle à “moraliser la vie financière”. L’argent semble il est vrai avoir partie liée à la morale : on parle trop de se “racheter”, de “devoir”, de “bilan”, de “payer” pour ignorer qu’il est une conception de la morale qui, comme l’avait bien vu Nietzsche, tient de l’échange pur et simple. Et ce n’est pas la logique du pari de Pascal qui le dément, en s’efforçant de calculer l’intérêt qu’il y a à être vertueux. Mais cette illusion est sans doute le complément obligé d’une autre illusion, qui voit dans l’argent un élément essentiel d’un processus économique objectif, scientifiquement analysable, hors d’atteinte donc de l’action humaine.

Ce que montrent les auteurs de ce livre, c’est que l’argent est justement d’essence politique et que, loin de représenter un phénomène pleinement objectif, son fonctionnement repose sur un ensemble de croyances, de sentiments, de confiance partagée. Et c’est ce lien entre le subjectif individuel et l’espace public qui en fait une chose d’essence politique.

Confiance : d’abord la monnaie fonctionne puisqu’elle fonctionne, comme une routine ancestrale ; ensuite elle est censée exprimer une certaine quantité d’or ; de plus, elle est garantie par une puissance souveraine ; enfin, on ne peut imaginer sérieusement que ceux qui organisent les flux monétaires puissent leur accorder une prééminence par rapport à la vie des humains. Cette confiance, qui “repose sur une croyance non explicitée”, “renvoie à une totalité supérieure aux individus”.

Et, de fait, l’argent est un phénomène produit par l’Etat. Aristote le savait déjà, qui écrivait il y a vingt-cinq siècle que la monnaieest d’institution, non pas naturelle mais légale et (…) il est en notre pouvoir, soit de la changer, soit de décréter qu’elle ne servira plus”. Et ce qui accrédite en Europe l’idée que les réalités monétaires ont cessé d’être à portée de décisions politiques, c’est le fait que la Banque centrale européenne par exemple soit réputée au-dessus des Etats, privée, gérée par des personnes censée extérieures aux engagements proprement politiques. Alors que sa création même est une décision politique, clairement engagée.

Dès lors les gouvernements qui sont engagés dans cette démarche, prennent le prétexte de ce processus décrété “objectif” pour inscrire la logique libérale qui y a présidé dans un pacte européen signé le 1er mars dernier, avec l’intention de l’inscrire dans la Constitution même des Etats concernés. Le tour est joué : une certaine politique devenue magiquement la seule possible, raisonnable, sûre, crée une sphère monétaire située au-delà des Etats, au-delà des débats, au-delà des espérances politiques, au point d’en exclure les enjeux hors du champ politique. Et pour démontrer expérimentalement la « vérité » de ce tour de passe-passe, on crucifie la Grèce afin de montrer ce qui menace quiconque envisagerait d’aller à l’encontre de cette « vérité ».

” C’est toute la politique qui est reversée du côté de la simple administration des corps et des âmes par les gouvernants “, soulignent Laurence Duchêne et Pierre Zaoui. Alors l’argent peut tout englober, si bien que la politique de l’argent ne peut plus être que la politique que l’argent produit spontanément, “atomisant les individus, en les réduisant au rang de simples particules exploitables puis jetables dans les vastes flux de la finance internationale “. Ainsi le thème même de l’impuissance du politique, que Lionel Jospin paya si durement en 2002, présuppose une véritable politique de l’impuissance, sur laquelle s’unissent tous les partisans des derniers traités européens.

Penser à tout cela en écoutant les discours de l’actuelle campagne présidentielle permet d’en décrypter les ressorts essentiels, les non-dits, les présupposés et les enjeux. Quand la parole est d’argent, le silence endort.

N.B : A lire de toute urgence, on l’aura deviné, L’abstraction matérielle. L’argent au-delà de la morale et de l’économie, de Laurence Duchêne, et Pierre Zaoui, paru aux éditions de La Découverte en 2012.


Illustration citation par Marion Boucharlat pour Owni /-)
Texture par Essence of a dream/flickr (CC-by-nc)

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Vendredi c’est graphism http://owni.fr/2012/02/03/vendredi-cest-graphism-s03e05-apple-futur-hadopi/ http://owni.fr/2012/02/03/vendredi-cest-graphism-s03e05-apple-futur-hadopi/#comments Fri, 03 Feb 2012 09:00:05 +0000 Geoffrey Dorne http://owni.fr/?p=96894 Vendredi c'est graphism, la chronique qui nous darde de ses puissants rayons lumineux à l'heure où la France grelote, obligeant l'honnête candidat à la présidentielle à s'enrhumer tandis qu'il distribue des tracts au graphisme douteux, parce que lui ne lit pas Vendredi c'est graphism. Après on s'étonnera. Hum ? ]]>

Bonjour :-)

Je vous propose de rester bien au chaud avec ce nouvel épisode de “Vendredi et c’est Graphism” ! Au programme de la semaine, l’interface de la maison du futur, l’argent d’Apple, le documentaire “Crack the Surface”, les graffitis d’Hadopi, une chorégraphie avec un hélicoptère sans oublier du guerilla gardening et le célèbre WTF à base de poils.

C’est vendredi et c’est “Graphism” !

Allez, on commence la semaine avec le premier prototype d’interface pour cette fameuse “maison du futur”, dont tout designer entend parler à longueur de journée mais dont ne sont produits que très peu d’innovations. L’idée de ces interfaces pour nos “maisons du futur” est, en général, de mettre toute une batterie te technologies dans un cadre confortable, un cadre chalereux. Cependant, lorsque j’ai vu cette vidéo démo du projet Openarch, je pensais que cela allait être encore un énième projet pour nous faire rêver. Mais il en est rien, l’équipe a déjà commencé à développer le projet !

Pour le résumer, Openarch est une maison prototype qui mêle des éléments matériels et logiciels comme des murs amovibles, des interfaces basées sur Kinect avec un langage gestuel, etc. Voici donc la démo :

Le film :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La démo technique :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Que feriez-vous avec 97 milliards de dollars d’argent comptant? Personnellement, je ne saurais jamais que faire de tout ceci, mais Apple est actuellement en train de réfléchir à cette question. Cette visualisation de données nous présente quelques comparaisons entre l’argent d’Apple et ce que la société pourrait faire avec… tout est une question de priorité, vous l’aurez compris.

source

On continue notre revue de la semaine avec ce documentaire en deux parties intitulé : « Crack the Surface ». La seconde partie étant sortie il y a quelques jours, c’est donc l’occasion pour moi de vous regrouper tout ça pour vous le présenter. « Crack the Surface » donne un aperçu intéressant et parfois spectaculaire de cette tendance appelée « Urbex » pour exploration urbaine. L’idée de croiser culture urbaine, ville, et exploration flirte ainsi avec le risque d’accéder à tout, de s’infiltrer dans les lieux fermés, abandonnés, oubliés et, chose rare dans ce documentaire, on y voit des gens qui expliquent le pourquoi de la chose.

Premier épisode :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Second épisode :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

source

Sur Owni, je vous parle souvent de graffiti, d’art urbain mais cette fois-ci, on fait un petit pas de côté avec les clichés que Grégory Gutierez a pris devant le siège d’Hadopi dans le 15e arrondissement, rue du Texel, à Paris. Des gens sous l’égide d’Anonymous ont donc conçus des pochoirs assez élégants et les ont appliqués en blanc sur les deux colonnes devant l’entrée du siège. Jusque là, tout va bien. Bon, après le gros « We are legion » a été fait à la bombe de peinture rouge un peu à l’improviste. Moins classe mais plus revendicatif.

À noter également l’échange entre Grégory Gutierez et un employé :

A ce moment un gars en pull sort de l’accueil où il était avec quelques personnes, et vient vers moi, avec un air sévère et en regardant tout autour de lui, comme pour vérifier que nous étions seuls : “Vous ne devez pas prendre des photos, arrêtez ! Vous êtes de quel magazine d’abord ?”.

Je lui réponds, très calme : “Pardon ? Je suis dans la rue, sur un espace public, j’ai parfaitement le droit de prendre des photos de l’immeuble. Et je ne suis d’aucun magazine.” Il rétorque, énervé : “Mais alors pourquoi vous prenez des photos ? Pourquoi ? Vous voulez nous salir, c’est ça ? Qu’est-ce que vous allez en faire ?”.

Je réponds : “Pardon mais je peux bien avoir toutes les raisons que je veux, vous n’avez pas à le savoir. Et puis je n’ai aucune intention de vous salir, vous n’êtes qu’un employé, vous n’êtes pas responsable. En revanche, HADOPI, c’est autre chose… Vous voulez qu’on en cause ?”.

Je serais curieux de voir si « l’action numérique » d’Anonymous continue de passer le pas de la rue et s’organise pour progresser un peu « IRL » comme on dit. Si les formes d’hacktivisme sont intelligentes -et j’imagine déjà mille façons de créer- il y a matière à faire. De même, Anonymous puise sa force dans ses revendications & dans le fait que ça n’est personne et c’est tout le monde. Il faudrait peut-être ainsi imaginer des formes d’action urbaines collectives et désolidarisées. Enfin, les rares actions de ce genre qui me viennent en tête sont celles des black blocs (des gens rassemblés dans un mouvement autonome pour -en général- affronter la police lors de rassemblements comme le G20 par exemple). Il faudrait quand même quelque chose de bien plus pacifique…

Voici les clichés :

hgadopi Ooops, le siège dHadopi a été taggué par les Anonymous.

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Ah, la danse ! Vous ne le savez peut-être pas, mais la danse & la technologie font souvent bon ménage et cette performance éthérée en est encore la preuve. Ce travail de la chorégraphe de danse contemporaine Nina Kov, vient associer deux “types” de sujet que sont une danseuse et un modèle réduit d’hélicoptère. Cette drôle d’idée est ainsi mise en image dans “Copter”, un court-métrage qui se penche sur les fantasmes de l’enfance vus au travers du prisme de l’âge adulte. Le projet est en train de se monter, n’hésitez-donc pas à leur manifester votre intérêt…

Cliquer ici pour voir la vidéo.

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Je vous avais déjà parlé de cette tendance écolo et urbaine intitulée « Guerilla gardening ». Le jardinage urbain est à la ville ce les noisettes sont au chocolat, pas indispensables mais terriblement délicieuses. Bref, dans l’est de Londres, des équipes de jardiniers improvisés se sont frottés aux nids de poule, aux coins de trottoirs, aux petits bouts de pavés de la ville pour y installer des îlots de nature. Le tout est assez poétique, anecdotique, temporel, et c’est aussi pour ça que c’est beau.

mini guerilla gardening Découvrez le mini guerilla gardening !

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Aaaah, le WTF tant attendu de cette semaine est placé sous le signe des voeux… de Martine Aubry ! Dans les rues de Lille, Martine Aubry & le Conseil Municipal de la ville de Lille vous souhaitent une… très belle année 2012 ! Mais  ”What the fuck ?!” comme disent les jeunes, quel est donc ce lapin rose ?

aubry voeux20121 [WTF] Les voeux de Martine Aubry en affiche.

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Je vous remercie encore d’être toujours aussi nombreuses & nombreux à lire et participer au partage de Vendredi c’est Graphism. Je vous propose aussi d’aller plus loin avec ces applications iPad qui auront marqué 2011, comme celle sur le système solaire, celle avec cette horloge, celle-ci très créative, ce jeu étrange. Si vous avez le temps, passez donc au Musée des Arts Décos à Paris ou encore  au 40mcube à Rennes !

Excellent week-end et à la semaine prochaine,

Geoffrey

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[Carte Interactive] La Chine investit l’Europe http://owni.fr/2011/09/20/carte-interactive-la-chine-investit-leurope/ http://owni.fr/2011/09/20/carte-interactive-la-chine-investit-leurope/#comments Tue, 20 Sep 2011 14:06:53 +0000 Alexandre Marchand http://owni.fr/?p=79674 L’application interactive ci-dessus permet de visualiser l’essentiel des prises de participations réalisées par des investisseurs chinois en Europe

Châteauroux, paisible préfecture de l’Indre avec ses champs environnants, sa vieille base militaire agonisante, son pâté berrichon. Et son futur “Business District”. En ce moment, l’armée quitte les vieilles installations américaines datant des années 1950 et les Chinois s’apprêtent à s’y installer, amenant des centaines de millions d’euros dans leurs poches. Pour sa première base européenne, Pékin parie sur le Berry. À partir de 2012, un nouveau parc industriel de près de 850 hectares accueillera 40 entreprises chinoises pionnières spécialisées dans les hautes technologies et les énergies renouvelables. Avec, à la clé, la promesse de 3 200 emplois locaux.

Rachats de bons de dettes publiques, acquisition d’entreprises en difficulté, obtention de concessions portuaires, guerre des monnaies… Dans une Europe en crise, la Chine et ses montagnes de billets impressionnent toujours, effrayent parfois. Après avoir investi massivement en Afrique, la voilà qui se tourne vers les secteurs à haute valeur ajoutée du Vieux Continent. Son but: faire des industries émergentes la colonne vertébrale de sa croissance future.

Les investissements chinois doivent cependant être relativisés. Pour l’année 2009, ils représentaient à peine 0,4% du stock total des fameux Investissements directs à l’étranger (IDE) accueillis par l’Union Européenne.

Mais leur rythme de croissance donne le tournis. Relativement stables jusqu’en 2004, les investissements chinois ont été multipliés par treize en l’espace de six ans. Si aucune donnée européenne postérieure à 2009 n’est disponible, on peut toutefois avancer que leur croissance n’a fait que s’accélérer. Pour les seuls six premiers mois de l’année 2011, les acquisitions d’entreprises en Europe occidentale ont déjà été cinq fois plus importantes [en] que pour la totalité de l’année 2010.

Mesurer l’implication de la Chine en Europe s’avère un exercice délicat. Difficile de ne pas s’égarer dans cet enchevêtrement de flux financiers, d’autant plus que l’opacité règne dès lors qu’on en vient aux chiffres. Aucune base de données harmonisée n’existe sur le sujet. Pour cette application, OWNI s’est donc basé sur la somme des stocks d’IDE chinois (Hong-Kong inclus) dans l’Union Européenne ainsi qu’une recension, non-exhaustive, des principales acquisitions d’entreprises par des acteurs économiques chinois au cours de ces dernières années (jusqu’à août 2011). Malgré ses spécificités, Hong-Kong a été compris dans cette application car la majeure partie des capitaux chinois y transitent.

Cette démarche ne tient notamment pas compte des achats de bons de dettes publiques européennes qui ont tant défrayé la chronique ces derniers temps. Si la Chine publie le montant total de ses réserves de liquidités, elle en tient la composition détaillée secrète. Impossible donc de savoir à quels bons de Trésors elle a souscrit et dans quelles proportions. Un cadre de la Banque Centrale Européenne estimait récemment [en], sous couvert d’anonymat, les prêts de la Chine aux pays de l’Europe du Sud de l’ordre de 15 à 20 milliards d’euros (des “cacahuètes” selon lui). Si ces chiffres étaient confirmés, ils s’avéreraient bien plus faibles que les prévisions initiales.

Des technologies bien définies

Suivant la logique de l’histoire économique, la Chine entend passer d’une économie basée sur la production de biens bon marché à une économie de services reposant sur des secteurs à haute valeur ajoutée. À l’inverse de l’Afrique, le Vieux Continent ne présente pas d’attrayantes réserves de ressources naturelles susceptibles d’alimenter les phénoménaux besoins énergétiques chinois. Il possède, en revanche, des industries de pointe qui les intéressent fortement.

Il n’est pas anodin que les investissements en Europe aient décollé en 2005. Cette date marque le début d’une nouvelle stratégie à long terme pour la Chine. L’investissement à l’étranger dans des secteurs considérés comme stratégiques est fortement incité, voire aidé via des fonds publics et des avantages fiscaux. Charge aux plans quinquennaux de donner la ligne directrice des investissements. Le 11ème plan [en] (2005-2010) définissait ainsi pour la première fois les secteurs à viser : biotechnologies, équipement haut de gamme, technologies de l’information… Quant au 12ème plan quinquennal [en] (2010-2015), implémenté depuis le mois de mars, il esquisse les secteurs vers lesquels l’investissement chinois se dirigera dans les années à venir : technologie verte, énergies alternatives, véhicules propres…

Comme le montre le graphique ci-dessus, la répartition des investissements chinois en Europe reflète bien leurs priorités stratégiques, présentes et futures. Seul élément pouvant prêter à confusion : l’industrie minière. Cette disproportion s’explique par la coûteuse prise de participation ou de contrôle de grands groupes basés en Grande-Bretagne (Rio Tinto, Caledon Ressources…) afin d’accéder aux ressources minières du CommonWealth.

Investisseurs privés et publics

Une bonne partie des capitaux chinois provient de quelques gigantesques conglomérats (souvent proprement hong-kongais) à l’image du groupe Cheung Kong, propriété  du milliardaire Li Ka Shing. De fabriquant de plastique dans les années 1950, l’entreprise a grandi au fil des décennies jusqu’à devenir une véritable multinationale aux large ramifications. À lui seul Cheung Kong, par le biais de sa filiale Cheung Kong Infrastructures Holdings Ltd, a ainsi investi près de douze milliards dans des entreprises européennes du domaine de l’énergie.

Autres acteurs majeurs de la Chineurope : les groupes publics de Chine continentale. Si les noms de China Development Bank, China Investment Corporation ou encore CITIC ne sont guère familiers aux oreilles occidentales, ils représentent pourtant le fer de lance de la stratégie des Chinois. Que ce soit dans la dispendieuse mais hautement symbolique prise de participation de la banque Barclays [en] ou dans un prêt de 7 milliards d’euros [en] destiné à la production de panneaux solaires en Europe, ils s’impliquent dans tous les secteurs stratégiques.

Mais le rôle de l’État chinois pourrait bien ne pas s’arrêter là : la structure de certaines entreprises “privées” est parfois fortement questionnée. En 2005, le géant des télécoms Huawei tente de racheter le groupe de téléphonie Marconi. Des rumeurs suggèrent alors publiquement des liens étroits entre le conglomérat et l’armée nationale chinoise (dont est issue le fondateur de l’entreprise). L’offre sera rejetée. En 2009, les États-Unis interdisent au groupe toute prise de contrôle de réseaux de communications sur leur territoire. Au même moment, l’Italie accueille Huawei à bras ouverts pour construire un réseau national de télécoms…

Face à la présence grandissante de la Chine, les pays européens se présentent une fois de plus divisés, incapables de décider d’une ligne de conduite à adopter. À l’heure où les instituts Confucius commencent à proliférer, où des nombres grandissants d’étudiants vont goûter l’expérience de l’Extrême Orient, la Chine double sa stratégie économique de premiers tâtonnements dans le domaine du soft power. Quelles que soient ses visées, la Chine pourrait bien avoir le dernier mot. Un haut dignitaire chinois résumait récemment la situation en ces termes crûs, sans appel:

Vous avez besoin de notre argent.

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Application réalisée par Marion Boucharlat au design, Valentin Squirelo au développement et Guénaël Pépin au traitement de données.

Illustrations: FlickR CC PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Gwenaël Piaser / PaternitéPartage selon les Conditions Initiales Mathias M / PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales Diogo Martins.

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La Bavière monnaie comme elle veut http://owni.fr/2011/09/01/baviere-chiemgauer-monnaie-alternative/ http://owni.fr/2011/09/01/baviere-chiemgauer-monnaie-alternative/#comments Thu, 01 Sep 2011 06:30:30 +0000 Louise Culot http://owni.fr/?p=77613 Christophe Levannier dirige une entreprise à Traunstein, en Haute Bavière. Parmi ses clients, beaucoup de locaux. Par exemple, le meunier du coin. Il le connaît bien et, surtout, il peut le payer, non pas en euros, mais en Chiemgauers. Lui-même dispose de Chiemgauers puisque le boulanger de Traunstein achète maintenant sa farine chez lui, en Chiemgauers évidemment.

Depuis 2003, le boulanger accepte aussi que ses clients le paient avec cette monnaie locale. Dès lors, Levannier et d’autres habitants de Traunstein vont chercher leur pain chez lui et non plus au supermarché Lidl.

“Si la monnaie arrête de circuler, c’est la mort du système”

La monnaie est tellement enracinée dans nos vies, dans notre culture et dans notre histoire, que l’on ne s’interroge même plus sur son utilité. Pourtant, à l’heure de la crise financière et alors que l’avenir même de la monnaie européenne est incertain, il semble opportun de revenir sur la raison d’être de la matière première de l’économie. Selon Bernard Lietaer, économiste et spécialiste de la monnaie, la monnaie n’est rien de plus qu’un accord, au sein d’une communauté donnée, sur un moyen d’échange et de paiement.

Christophe Levannier, responsable du Chiemgauer dans la ville de Traunstein, en Bavière, préfère, pour sa part, filer la métaphore :

La monnaie dans notre système économique, c’est comme le sang dans le corps humain : si elle s’arrête de circuler, c’est la mort du système.

Quoi qu’il en soit, la masse monétaire mondiale n’a jamais été aussi importante qu’aujourd’hui. Cette abondance contraste avec la pénurie constatée au jour le jour. On a l’impression que la monnaie ne circule plus et elle fait défaut à beaucoup : les jeunes, les retraités, les enfants, les mères de famille, les artistes, les ouvriers, la veuve de Carpentras… La liste est interminable.

Le Chiemgauer circule trois fois plus vite que l’euro

Alors, que faire? Les créateurs du Chiemgauer, monnaie alternative bavaroise, ont élaboré leur propre définition d’une monnaie régionale après 8 ans d’expérience :

Il s’agit d’un système monétaire valide dans une région définie, suffisamment étendue pour mettre en place un circuit économique qui subvient à 50 % des besoins de la population locale.

En Bavière, quelques personnes se sont mises d’accord en 2003 pour créer un nouveau système monétaire. Le problème de la parité a été vite résolu, explique Christophe Levannier:

1 Chimgauer vaut 1 euro. Nous avons choisi de nous baser sur la valeur de l’euro pour que les commerçants ne soient pas contraints de changer tous leur prix. Au marché, on peut donc acheter 1 kilo de prunes pour 3 euros ou pour 3 Chimgauers.

Le Chiemgauer, c’est aujourd’hui environ 2000 consommateurs réguliers et 600 entreprises et associations. La masse monétaire s’élève actuellement à 500 000 Chiemgauers. Particularité: la vitesse de circulation est trois fois plus élevée que pour l’euro.

Attention, le Chiemgauer ne remplace pas l’euro, mais le complète. Nous ne cherchons pas à cloisonner notre économie ou à promouvoir le protectionnisme, mais bien à redynamiser notre économie et notre emploi à niveau local.”

Une monnaie bien réelle

Il existe des coupures de 2, 5, 10, 20 et 50 Chiemgauers.

Chaque personne qui souscrit au système reçoit une carte de crédit Chiemgauer liée à son compte en banque traditionnel. Muni de sa carte, le consommateur peut retirer des billets dans un bureau de change muni du terminal ad hoc. Dès qu’il prélève des Chiemgauers au bureau de change, son compte est débité en euro.

A Traunstein, il existe plusieurs bureaux de change, la plupart sont des commerçants. “Pour nous, c’est une manière de fidéliser le client, parce qu’une fois qu’il sait qu’on accepte le Chiemgauer, il revient chez nous”, raconte l’un d’eux, vendeur de produits naturels. “Les Chiemgauers que je gagne en vendant, je les redépense à mon tour localement, tant pour ma consommation privée que pour payer mes fournisseurs.”

“Le Chiemgauer peut servir à des transactions plus importantes, à des paiements business to business”, ajoute Christophe Levannier. “S’ils le souhaitent, les gros utilisateurs peuvent ouvrir un compte en banque en Chiemgauer -même si sur les extraits, la devise indiquée reste l’euro- pour effectuer leurs échanges et paiements sans devoir manipuler trop de billets.”


Une “monnaie fondante”

Une chose essentielle distingue le Chiemgauer de l’euro : un taux d’intérêt négatif. Tous les trois mois, les billets de Chiemgauer perdent 2 % de leur valeur. Dans le jargon, ce mécanisme correspond au principe de “démurrage” des “monnaies fondantes”. En d’autres mots : le consommateur n’accumulera pas sa monnaie puisqu’elle perd de sa valeur dans le temps.

Pour changer ses Chiemgauers en euros, il faudra concéder 5 % du montant de la conversion à l’association Chiemgauer e.V. Donc pour terminer avec 20 euros, il faut changer 21 Chiemgauers.

Ce taux négatif nous garantit le maintien de la monnaie en circulation. C’est donc tout le contraire de l’euro qui ne perd pas de valeur et qui incite toujours à l’épargne“ remarque Christophe Levannier.

Le samedi matin, sur la place principale de Traunstein (18 000 habitants), le marché bat son plein. D’un stand à l’autre, les commerçants sont plutôt enthousiastes : environ la moitié accepte le Chiemgauer. Les autres ne sont pas du coin et ne pourraient pas redépenser l’argent assez vite.

La boulangère :

Pourquoi est-ce que j’accepte le Chiemgauer? Pour faire tourner notre économie locale. Avec cette monnaie, l’argent reste chez nous. Les gens achètent des produits de la région et non plus dans les grandes surfaces.”

“Les personnes qui refusent le Chiemgauer ont peur que le système soit compliqué et qu’ils ne s’y retrouvent plus. Mais ils ne l’ont pas essayé ! “ conclut Christophe Levannier.

Le Chielmgauer ne sert pas seulement à payer ou être payé. Son utilisation est aussi à la base d’un nouveau système de solidarité. L’argent généré par les taxes sur le Chiemgauer (les 2% de taux négatif et les 5% de conversion) va directement à des projets associatifs. À son inscription, chaque utilisateur désigne une association locale qui devient son bénéficiaire.

Cette dimension altruiste joue souvent le rôle de déclic. “Un parent d’élève souhaite soutenir le club de basketball de l’école : il souscrit au Chiemgauer et choisit le club de son fils comme association bénéficiaire. Petit à petit, d’autres parents emboîteront le pas et bientôt, le club peut s’acheter des équipements grâce au Chiemgauer !”

…”Und Geld bekommnt Sinn”. Littéralement : “Et l’argent prend tout son sens”, c’est le slogan de la banque GLS, la première banque allemande axée sur le social et l’écologique, partenaire de l’association Chiemgauer.

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Retrouvez la BD augmentée d’OWNI sur les monnaies alternatives

Billet initialement publié sous le titre “Une autre monnaie que l’Euro est possible” sur MyEurop

Illustrations: Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commerciale live w mcsPaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification _Teb / Paternité antwerpenR

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Jeu de piste pour tracer l’argent de Kadhafi http://owni.fr/2011/03/28/jeu-de-piste-pour-tracer-argent-de-kadhafi-fortune-banques/ http://owni.fr/2011/03/28/jeu-de-piste-pour-tracer-argent-de-kadhafi-fortune-banques/#comments Mon, 28 Mar 2011 10:54:56 +0000 David Servenay et Leila Sliman http://owni.fr/?p=53835 Pour la première fois de son long règne, Mouammar Kadhafi s’est rendu à Singapour au cours du dernier trimestre 2010. Contrairement à ses habitudes, le chef d’État n’était pas entouré de l’opulente suite d’affidés qui accompagne chacune de ses visites officielles. Sans doute en raison du véritable objectif de ce déplacement, consacré à la gestion de ses avoirs personnels. Après 41 ans au pouvoir, sa fortune est estimée comme l’une des plus importantes jamais amassée par un dictateur. Elle se compte en dizaines de milliards d’euros, peut-être plus.

Le refus de deux banques de Singapour

Cette visite privée à Singapour, qui n’a pas excédé les 48 heures, n’avait rien de protocolaire, même si le colonel Kadhafi en a profité pour visiter la ville-État. A l’époque, les troubles qui secouent son pays n’ont pas encore débuté. Arrivé très discrètement, le dictateur a encore plus discrètement tenté d’ouvrir un compte bancaire pour y placer ses avoirs personnels. Pour cela, il a entrepris des démarches, notamment auprès de deux banques locales : la Citibank Singapour et DBS Singapour.

Mauvaise surprise : les deux établissements refusent d’accéder à la demande de ce client pourtant très intéressant. Pas de compte pour M. Kadhafi. Délit de faciès ? Ou alors problème pour justifier l’origine des fonds qu’il propose de confier à ces gestionnaires de fortune ? La seconde hypothèse est la plus plausible, car depuis 2004 Singapour a considérablement durci sa réglementation bancaire, de façon à retrouver un peu de crédit auprès des institutions internationales. Quelques généraux birmans ont d’ailleurs fait les frais de cette vague de moralisation financière. Pendant des décennies, ce confetti fut l’un des paradis fiscaux les plus opaques de la planète financière internationale.

D’une manière générale, les PEP (politically exposed person) n’ont plus forcément bonne presse dans les banques, en particulier dans les pays ayant basé la qualité de leurs services sur la discrétion réservée à leurs meilleurs clients. La possibilité d’un scandale suffit à se montrer prudent, comme l’ont démontré de nombreuses affaires ces dernières années.

La « Qadhafi Incorporated » régule tout, du pétrole aux télécoms

Pour être efficace, l’arme de l’asphyxie économique n’en est pas moins délicate à manier. Identifier les fonds illégalement détournés par la famille Kadhafi est une tâche complexe, pour aux moins deux raisons :

  1. Faire le distinguo entre les fonds gérés par le Libya Investment Authority (LIA), sorte de fonds souverains libyen, et les multiples sommes détournées par la famille du dictateur
  2. Dans la catégorie des « biens mal acquis », il est parfois compliqué de différencier les hommes de paille des réels propriétaires

La City de Londres semble être aujourd’hui encore la place financière préférée de la famille Kadhafi. Depuis plusieurs semaines, les informations les plus sérieuses ont d’ailleurs été révélées par le gouvernement de David Cameron. Le 28 février dernier, le Trésor britannique annonçait le gel d’un milliard de livres sterling (1,13 milliard €) appartenant au Guide et à cinq membres de sa famille : sa fille Aïcha, et ses quatre fils Hannibal, Khamis, Mutassim and Seif el-Islam.

Kadhafi et Gordon Brown lors d'un sommet bilatéral en juillet 2009

Un milliard identifié… alors que les analystes cités par le Financial Times estiment à 10 milliards de livres la fortune des Kadhafi. Sans oublier un LIA évalué entre 60 et 80 milliards de livres, soit près de 90 milliards d’euros, ce qui place la Libye à la hauteur des fonds souverains du Golfe. Dans un télégramme particulièrement éclairant publié par Wikileaks, les diplomates américains basés à Tripoli décrivaient en 2006 un système rebaptisé « Qadhafi incorporated ».

L’architecture de cette entreprise nationale est ainsi décrite :

Ils ont de gros intérêts dans le secteur pétrolier et gazier, les télécommunications, le développement des infrastructures, les hôtels, les médias et la grande distribution. Les intérêts financiers de Kadhafi et de ses principaux alliés présentent à la fois des opportunités et un frein aux efforts de réforme en Libye.

La seule Tamoil, société exploitant le pétrole libyen, alimente les piliers du régime en détournant des millions de dollars chaque année à leur profit personnel. Tous les investissements stratégiques sont contrôlés par la famille. Le télégramme diplomatique américain s’attarde sur le cas de la licence d’exploitation d’une célèbre boisson gazeuse, qui a donné lieu à une bataille homérique au sein du clan :

Le fils Kadhafi, Mohammed, préside le Comité olympique libyen qui possède maintenant 40% de la Libyan Beverage Company, qui est en fait la joint-venture exploitant la franchise Coca-Cola.

Autre cas, plus intéressant, celui des télécommunications, où le business rejoint les intérêts stratégiques du clan :

Mohammed, qui a déjà fort à faire avec le contrôle du Comité général des postes et télécommunications, a de nombreux intérêts dans tous les services télécoms et internet. (…) L’expérience du coup d’État mené en 1969 par le colonel Kadhafi contre le roi Idris et l’importance décisive de contrôler alors la radio-diffusion, ainsi que le rôle joué par le réseau du téléphone mobile dans les émeutes de Benghazi en 2006, expliquent que la famille tienne à préserver un contrôle très strict sur le secteur des télécoms.

Le contrôle des réseaux et de l’information est évidemment un enjeu crucial par temps révolutionnaire.

L’impossible traque des “biens mal acquis”?

Jusqu’à récemment, traquer l’argent du colonel Kadhafi n’était pas la priorité des occidentaux. Son deuxième fils, Seif el-Islam, présenté comme l’héritier du régime, était d’ailleurs parfaitement introduit dans les arcanes du world business. Diplômé de la London School of Economics (LSE), il a orienté les investissements du LIA vers des secteurs symboliquement porteurs :

  • La banque italienne UniCredit
  • La banque belgo-néerlandaise Fortis
  • 3% dans le groupe de presse britannique Pearson
  • 7% du club de football italien, la Juventus

Sans oublier une magnifique propriété à Mayfair, le très chic quartier londonien, d’où Seif el-Islam conduisait ses affaires jusqu’à la révolte des insurgés. Ces investissements, parfaitement intégrés à la vie des affaires, ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Pour connaître le reste, il faudra sans doute attendre encore quelques mois, voire quelques années…

Dans une enquête publiée début mars, la lettre professionnelle Intelligence Online (payante), relevait le manque de moyens criant débloqués par les États-Unis, l’ONU et la Banque mondiale pour recouvrer les « biens mal acquis ». La Kleptocracy Asset Recovery Initiative américaine, annoncée en juillet 2010, ne compte au sein du département US de la Justice que… sept fonctionnaires, dont deux détachés du FBI. Idem pour la Stolen Asset Recovery Initiative, intégrée aux Nations-Unies, mais qui ne jouit d’aucune autonomie.

Cette incapacité (organisée ?) des pouvoirs publics à récupérer l’argent détourné par les dictateurs profite à quelques cabinets spécialisés. Avocats ou professionnels de l’intelligence économique (où l’on retrouve nombre d’anciens des agences de renseignement) proposent leur service aux pays qui tentent de remettre la main sur ces magots.

Le précédent de Sani Abacha a fait des émules. Plusieurs années après la disparition du général nigérian en 1998, les autorités de Lagos ont pu récupérer 4 milliards de dollars, placés pour l’essentiel au Liechtenstein, en Suisse et à… Londres. Le Royaume-Uni reste, en Europe, un paradis pour les fortunes de dictateurs. Au début des années 90, les deux fils Abacha avait réussi à ouvrir des comptes dans les plus grandes banques de la City avec de vrai-faux passeports établis au nom de Kaiser Sauze, le « héros » du film Usual Suspects!

Indonésie, Malaisie… ou ailleurs ?

Signe des temps, à Singapour en 2010 le colonel Kadhafi n’a pas pu rééditer ce genre de royale supercherie. Selon des informations non confirmées, il pourrait quand même avoir placé de l’argent en Indonésie. Dans cette région d’Asie du sud-est, la Malaisie -autre pays musulman où les services financiers sont de haut niveau- est également une possibilité.

Officiellement, Singapour et la Libye ont noué des relations diplomatiques en 2006. Objectif de cette alliance : faire du business ! A plusieurs reprises, des officiels singapouriens se sont rendus à Tripoli pour rencontrer les dignitaires libyens dont Seif-al-Islam, le fils préféré du Guide. Ces liens n’ont manifestement pas suffi à convaincre les banquiers asiatiques d’assurer un havre discret à leur fortune.

Illustrations CC FlickR United Nations Photo, Downing Street, c@rljones

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Quatre alternatives au Bank Run de Cantona http://owni.fr/2010/12/06/quatre-alternatives-au-bank-run-de-cantona/ http://owni.fr/2010/12/06/quatre-alternatives-au-bank-run-de-cantona/#comments Mon, 06 Dec 2010 18:34:55 +0000 Sylvain Lapoix http://owni.fr/?p=37346 Mardi 7 octobre, que des centaines ou des milliers de Français aillent clôturer leur compte ou simplement en retirer le maximum de cash autorisé, les banques ne trembleront pas. Si l’initiative lancée par Eric Cantona a donné l’illusion sympathique qu’il suffisait de s’armer de sa carte bleue pour entamer les fondations du système bancaire, elle n’aura aucun effet, sinon, peut-être celui de priver une poignée d’épargnants de leur capacité à recevoir des virements, ainsi qu’un nombre considérable d’autres désagréments qu’avaient énuméré nos collègues de rue89.

Pire : les « bank runners » qui seront amenés à rouvrir un compte généreront des frais bancaires et des commissions qui bénéficieront à ces mêmes établissements auxquels ils voulaient donner une leçon. Même les queues devant les agences (s’il y en a) n’entameront guère leur image : déjà mises en cause d’un bout à l’autre du spectre politique après la crise, les banques ont le système avec elle et, pour percer ce blindage, il faut d’abord comprendre comment il fonctionne. Heureusement, il existe des failles.

Suite à notre article sur la « révolution Cantona », de nombreux conmmentateurs se sont plaints de ce que, ayant critiqué le principe et son inefficacité, nous n’avions rien proposé pour faire avancer le débat. Derrière ces réactions, un constat résumé par Manu avec clarté :

Il faut appeler bien un chat un chat : les banques mettent à genoux les peuples, et elles sont d’autant plus féroces maintenant qu’elles ont vu le couperet de près il y a peu.

La dépendance vis-à-vis du système bancaire n’est pas une abstraction, il s’agit d’un principe bien concret qui se décline en plusieurs aspects :

  • mobilisation des dépôts pour garantir des crédits et des opérations financières (dont la nature est laissée à discrétion) ;
  • rémunération des divers opérations bancaires (retraits, création de compte, versement, etc.) ;
  • contraintes liées aux divers formes de crédit ;
  • conséquences des spéculations sur les matières premières.

De fait, les banques sont des organisations qui, si elles ont pour vocation de « financer l’économie » (comme le répétait à volonté Christine Lagarde pour justifier les plans de relance), restent des entreprises avec des objectifs de rentabilité, des stratégies et des « techniques ». A ce titre, elles ne sont « au service de leurs clients » que dans la mesure où ces derniers restent solvables : en dehors de la Banque de France (qui n’est pas une banque de détail), ni la BNP, ni la Société générale, ni aucune banque commerciale n’a de mission de service public ! Or, pour chacun de ces aspects de la dépendance aux banques, il existe des solutions (plus ou moins faciles) pour ceux qui souhaitent, faute de forcer le système à se réformer, au moins réduire leurs liens avec leur banque.

Contre le mésusage de vos dépôts, choisir une banque éthique

Une récente étude du cabinet Utopies révélait une statistique impressionnante : pour 1000€ déposés dans l’un des grands réseaux français, une tonne de CO² était produite du fait des placements ! A côté de ces « placements toxiques » au sens propre du terme, la crise des subprimes a révélé que la quasi totalité des banques de détail ayant des activités sur les marchés jonglaient avec de la dynamite pour garantir leur rentabilité.

Or, à côté des grands réseaux existe l’alternative des « banques éthiques », comme le soulignait Petit Poisson dans son commentaire : plus modestes, elles ne misent pas sur des valeurs spéculatives soit par engagement (comme le Crédit coopératif ou la Nef qui n’investissent que dans des prêts à des projets écologiques ou liés à l’économie sociale et solidaire), ou du fait de la loi (la Banque postale a ainsi l’interdiction de placer de l’argent dans des entreprises)… Faisant suite à l’appel de Cantona, le collectif Sauvons les Riches a ainsi lancé avec l’eurodéputé Verts Pascal Canfin l’initiative Je Change de Banque qui, accompagnée d’un site, donne les informations nécessaires pour quitter un grand réseau et rejoindre une banque responsable.

Pour ne plus financer les banques par les frais, opter pour les monnaies libres

En plus des frais de gestion des comptes, le « stockage », comme le retrait par carte bancaire et autres opérations sont l’occasion de frais qui sont crédités aux résultats des banques et utilisés pour garantir leur solvabilité et donc leur capacité à miser sur les marchés financiers. Pour éviter ces frais, certaines associations et villes ont pris le problème à la base en créant leurs propres monnaies !

Cinq billets de monnaies libres (Abeilles et Chimgauer) et un intrus.

Comme rapporté dans l’enquête de Claire Cousin parue dans Le Monde Magazine en date du 4 décembre, la ville de Villeneuve-sur-Lot a adopté une devise alternative : l’abeille, monnaie convertible, utilisable auprès des commerçants et de certaines entreprises et associations de la région. Pour éviter qu’elle soit stockée comme de vulgaires euros, elle perd régulièrement de sa valeur, encourageant ses usagers à l’utiliser. La conversion elle-même est facturée 2%. A ceci près que les frais de change et les « ponctions sur la valeur » sont réinvestis dans des projets sociaux utiles à la collectivité, plutôt que de servir à alimenter l’économie spéculative. Loin d’être utopique, plus de 4000 de ces systèmes ont vu le jour à travers le monde, s’appuyant notamment sur le principe SEL (système d’échange local), lequel ne nécessite pour structure de départ qu’une association de loi 1901 !

Se priver de crédit… ou recréer la « banque du peuple » !

En 2004, un tiers des Français disposaient selon l’Insee d’un crédit immobilier, et tout autant d’un crédit à la consommation. Sur la tranche des 35-44 ans, le taux monte à 50%. En pratique, la « France des propriétaires » que Nicolas Sarkozy appelait de ses voeux, est une « France d’endettés » auprès des grands réseaux. Or, pour éviter cette dépendance, pas de secret : il faut sortir du système de crédit soit en achetant cash, soit en achetant moins. D’un point de vue strictement financier, l’utilisation des transports en commun (évitant l’achat d’une automobile) et la location (contournant la nécessité d’un prêt immobilier) écartent la majeure partie des besoins de crédit. L’étude de l’endettement des ménages de l’Insee prouve ainsi, que du fait des prix de l’habitat trop élevés à l’achat, les Parisiens contractent deux fois moins de prêts immobiliers que les habitants de communes rurales. Quant au taux d’endettement pour l’achat d’un véhicule, il n’est que de 5% contre près de 24% dans les communes rurales !

Une autre solution s’était fait jour au XIXe siècle sous le nom de « banque du peuple » : fondée par le philosophe Pierre-Joseph Proudhon, elle s’appuyait sur l’idée d’une banque « propriété de tous les citoyens qui en accepterait le service », sans intérêt à percevoir pour ses avances, ni commissions… Ses seuls frais se limitant à la gestion, réalisant une utopie formulée en cinq mots par son fondateur : « le crédit était donc gratuit ! » Parti d’un taux d’intérêt à 2%, le projet était de le ramener sous 0,5% le tout sans user de dépôt métallique mais seulement de « bons de consommation »… Un projet qui sombra malgré le ralliement de 13000 personnes, mais qui, en se montrant précurseur des monnaies libres et du microcrédit, n’en demeure pas moins une base de réflexion pour des projets d’organismes financiers « alternatifs ».

Couler une banque d’affaire avec une pièce d’argent : c’est possible !

Depuis maintenant plusieurs mois, la banque d’affaire JP Morgan spécule sur l’argent comme jamais une banque n’a spéculé : ce géant de la finance a acheté sur les marchés des milliers de tonnes du métal précieux… sans avoir eu besoin de signer un seul chèque ! Sur les marchés, c’est ce qu’on appelle une « opération nue », c’est à dire un achat pour lequel on ne paie rien. Malgré cela, JP Morgan détient « virtuellement » une part non négligeable de l’argent en circulation sur les marchés et espère bien en tirer des bénéfices. A moins que le réel ne vienne lui mettre une gifle historique.

Une pièce d'argent pour se payer la faillite du géant JP Morgan.

Combien cela coute-t-il de couler JP Morgan ? Une pièce d’argent, pas plus. La solution, c’est un ancien de Lehmann Brothers, Mike Krieger, qui l’a trouvée : pour forcer la banque d’affaire à payer en dollars sonnants et trébuchants l’argent qu’elle mobilise sans en avoir les moyens, il suffit à un certain nombre de clients (10 millions d’Américains suffiraient, selon les calculs de Krieger) d’acheter une vraie pièce d’argent (un investissement de moins de 50$) pour en faire exploser le cours, obligeant JP Morgan à payer en vrais dollars ses montagnes de titres de propriété ! En sortant ainsi de leur rôle de « mouton de marché » (surnom donné aux actionnaires qui achètent ce qu’on leur dit d’acheter), chaque client dispose ainsi du moyen de retourner le système en forçant la finance virtuelle à payer… pour la finance réelle !

Ce ne sont ici qu’une poignée de solutions pour se saisir individuellement de son petit levier dans la finance. Dans les semaines à venir, OWNIpolitics explorera les idées neuves ou idées perdues qui montrent d’autres façons d’envisager l’argent, le crédit et la valeur en général dans nos sociétés. La suite du débat, c’est à vous de l’écrire.

Photo FlickR CC T.O.M.F. ; Nan’R ; xtof ; mksavage.

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Quelles perspectives pour la licence globale ? http://owni.fr/2010/11/03/quelles-perspectives-pour-la-licence-globale/ http://owni.fr/2010/11/03/quelles-perspectives-pour-la-licence-globale/#comments Wed, 03 Nov 2010 13:24:33 +0000 Mick Bergeron http://owni.fr/?p=27641 Michael Bergeron est étudiant à l’université de Sherbrooke au Canada, où il travaille sur les liens entre commerce électronique et industrie musicale. Il partage ses réflexions sur son blog, www.mickbergeron.com.

Il nous livre aujourd’hui son point de vue de québécois sur la licence globale.

Petit Québécois que vous êtes, vous ne connaissez peut-être pas le concept de licence globale. Cela provient de nos petits cousins de l’autre côté de l’océan. Une idée pour contrer une fois pour tout le piratage et le téléchargement illégal. Une solution qui serait enfin supportée par le gouvernement concernant l’industrie de la musique. Le concept de licence globale est divisé en 3 mentalités :

1- De type « universelle » : Les fournisseurs d’accès à Internet à travers le monde prélèvent un montant précis à chaque abonné ayant une connexion à haut débit. Que l’abonné télécharge ou non.

2- De type « optionnelle » : L’abonné décide de payer ou non un montant précis. Des peines sévères peuvent être engendrées pour ceux qui téléchargent sans débourser le montant demandé par les fournisseurs d’accès à Internet.

3- De type « à palier » : Un montant à prélever par les fournisseurs d’accès à Internet à travers le monde selon le volume de fichiers téléchargés. Donc, ceux qui ne téléchargent pas ne payent pas et vice-versa.

Licence globale, un beau concept sur le papier

Évidemment, l’idée est intéressante sur plusieurs points de vue : les maisons de disque pourraient rentabiliser la musique et les artistes. Cependant, l’idée ne sera jamais supportée globalement. Pourquoi ? Parce que :

1- Les lois et technologies à travers les différents pays ne sont tout de même pas aux mêmes endroits. Le Canada par exemple est très en retard, en comparaison avec plusieurs pays, sur les lois en lien avec le téléchargement et les droits d’auteurs.

2- Politique + bureaucratie + gestion = problèmes sur toute la ligne. Mettre en place une interface globale demande une énorme capacité de gestion, de temps, de ressources financières et humaines. Bref, pratiquement irréalisable à grande échelle.

3- La redistribution aux artistes est un énorme point d’interrogation. Comment et qui décide du montant qu’un artiste peut recevoir. Il n’a aucun moyen de réellement connaitre la part de chacun des artistes.

4- Des pertes d’emplois… : La licence globale rend désuets et superflus de nombreux postes dans le bout en bout de la création d’un produit musicale. Beaucoup d’artistes ne voudront plus se risquer dans la création physique d’album et même si ce support devient de plus en plus « dinosaure », l’industrie n’est pas prête à s’en débarrasser immédiatement. Alors, c’est toute une industrie qui sera chamboulée et non seulement freinée (en comparaison avec le téléchargement illégal).

Le sujet du moment dans l’industrie de la musique

Comment rentabiliser le tout. L’industrie s’avoue pratiquement vaincu devant le téléchargement illégal, pas seulement ce fait, mais aussi le téléchargement et le streaming gratuit qui prend de plus en plus de place. Alors, comment donner de l’argent à l’artiste, au distributeur, etc. Cela amène donc à avoir des solutions comme la « licence globale », par contre, on se rend rapidement contre que cette solution est invraisemblable.

Steve Jobs, toujours l’homme de la situation ?

Bien que l’idée de base tourne depuis un petit moment sur la toile, la solution que Steve Jobs veut amener permettrait de contrer le piratage tout en monétisant l’industrie. Un montant X par mois pour avoir accès à la totalité de la musique d’iTunes Store. En fait, Apple n’est pas le seul à avoir eu cette idée : Rhapsody, Napster et même le service de Zune permettent déjà d’utiliser ce genre de service. Alors pourquoi Apple fonctionnerait plus que les autres? Parce qu’iTunes est LE grand joueur. Avant tout, iTunes possède près du double de chansons disponible en comparaison avec Napster. Il faut dire aussi que la musique de Rhapsody ne fonctionne pas sur iPod. Ouf.

Licence globale ou pas ?

Non. Du moins, pas pour le moment. Cependant, la proposition de Steve Jobs d’offrir un montant à payer par mois devient déjà plus acceptable et réaliste. Surtout en considérant Apple comme un des plus gros joueurs dans le domaine de la musique maintenant et possède l’influence nécessaire de faire bouger les choses. Au final, un montant pas mois pour avoir la musique illimitée est vraiment intéressant, mais prendra du temps à être vraiment utilisé de façon efficiente et efficace comme modèle d’affaire et de monétisation.

Article initialement publié sur mickbergeron.com

Crédits photos : Mick Bergeron & FlickR CC benadamson TechShowNetwork

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G8: l’inefficacité au meilleur prix http://owni.fr/2010/06/25/g8-l-inefficacite-au-meilleur-prix/ http://owni.fr/2010/06/25/g8-l-inefficacite-au-meilleur-prix/#comments Fri, 25 Jun 2010 11:05:19 +0000 Nicolas Kayser-Bril http://owni.fr/?p=20000 “Un ordre nouveau apparaît”, déclarait un Nicolas Sarkozy triomphant en sortant du G20 de Pittsburgh, en septembre dernier.

Neuf mois plus tard, force est de constater que l’ordre nouveau prend son temps. Parmi les décisions annoncées en grande pompe lors du sommet, on retrouve aussi une promesse d’encadrer les rémunérations des traders et une déclaration aussi lourde que comique : “Nous n’autoriserons pas un retour aux pratiques bancaires antérieures.” LOL.

Une mesure a bien été implémentée ; elle concerne l’augmentation de 3% des votes réservés aux pays en développent au sein de la Banque Mondiale, réalisée en avril 2010. Mais voilà, cette décision a été prise non pas à Pittsburgh, mais à Washington, en avril 2009, lors du meeting semestriel des grands bonnets de la Banque. Au mieux, le G20 a servi de catalyseur.

C’est un peu ça le G20, et son cousin le G8. On fait des grandes déclarations, on fait semblant de prendre des décisions en allant chercher des mesures déjà décidées ailleurs et on se prend en photo. C’est important, les photos. Ca donne aux milliers de journalistes convoqués l’impression qu’on agit.

Découvrez le coût des précédents sommets en faisant glisser le curseur le long de la chronologie ci-dessous:

Inefficace depuis 1975

Depuis que Giscard a réuni ses homologues à Rambouillet en 1975, les grands de ce monde se sont réunis 38 fois, entre les G6, G7,G8 et G20. 38 déclarations que vous ne pourrez pas retrouver sur le site web du G8. Et pour cause : il n’y en a pas !

En effet, ces rendez-vous ne disposent d’aucune forme juridique permettant de les institutionnaliser. Si bien que même les écrits ne restent pas. C’est pour cette raison que les promesses faites en 2005 à Gleneagles suite au Live8 orchestré par Bob Geldorf se sont progressivement évaporées des déclarations finales des G8 depuis, jusqu’à disparaitre complètement cette année, à en croire les brouillons de la déclaration finale publiés par le Guardian.

Personne n’est mandaté pour faire un suivi des rencontres. Seul un petit groupe de chercheurs canadiens tient compte des réalisations, mais ne fait pas la différence entre les déclarations d’intention, les promesses chiffrées ou celles resucées ailleurs.

Rien à voir avec les décisions prises par exemple lors du Conseil des Ministres de l’UE, qui sont suivies par la Commission. Si celle-ci détecte un manquement de la part des Etats-Membres, elle peut saisir la Cour de Justice des Communautés Européenne, qui détient un pouvoir de sanction. C’est pour cette raison que, depuis 1957, l’Union Européenne a réellement agit, que l’on s’en réjouisse ou qu’on le déplore.

Comme le souligne Jean Quatremer, auteur des Coulisses de Bruxelles et connaisseur des négociations entre Etats (mais qui précise ne pas être spécialiste des G8), sans mécanismes pour transformer des intentions en textes juridiques contraignants, ça ne sert pas à grand-chose.

La méthode intergouvernementale, où les Etats discutent entre eux, s’oppose à la méthode communautaire, où ils acceptent de déléguer une partie de leur pouvoir à une institution.  “L’intergouvernemental existe depuis que les Etats existent,” souligne Quatremer. Et il n’a empêché ni les crises économiques ni les guerres.

Les sommets permettent de se voir, de discuter. C’est toujours mieux que de rester dans son coin. La politique du mutisme a mené le monde au bord de la catastrophe lors de la crise des missiles de Cuba en 1962. Le téléphone rouge entre le bureau ovale et le Kremlin a été installé juste après, pour que les deux superpuissances puissent se échanger leurs points de vue en cas de crise. Si ce genre de relations permet d’éviter l’hiver nucléaire, il n’est pas approprié à la mise en place de réelles coopérations.

Un spectacle qui coûte cher

Les Gs ne sont pas les seuls sommets où le copinage compte plus que les résultats. Davos affiche tous les ans l’arrogance des puissants. Mais eux le payent de leur poche. Les statuts du World Economic Forum précisent en effet que le sommet est financé par les tickets d’entrée. A 31 000 d’euros l’unité, c’est plus rentable qu’un concert de MJC.

Un sommet coûte en général plusieurs centaines de millions d’euros. Le record a été atteint cette année, avec un budgetsupérieur à un milliard de dollars pour un double sommet. Ce qui signifie, si l’on a un peu de mauvaise foi et que l’on considère que les déclarations sont imprimées avec 400 mots par page sur du papier bristol, que les sommets du G8 et du G20 coûtent entre 10 000 et 2 millions de dollars le gramme. Bien plus cher que la coke.

Plutôt que de discuter dans ces week-ends champêtres hors-de-prix, les grands de ce monde pourraient bien discuter dans une brasserie parisienne. Ca coûterait moins cher et, comme le dit Qutremer, “les résultats seraient peut-être meilleurs”.

Combats urbains

Les deux tiers des sommes dépensées concernent la sécurité. Mobiliser trois jours de suite des dizaines de milliers de policiers qu’on a acheminés des quatre coins du pays coûte cher. On a compté jusqu’à 50 policiers et militaires pour chaque manifestant (à Sea Island en 2004).

Les sommets sont aussi l’occasion d’essayer de nouvelles tactiques. Celui d’Evian, en 2003, a permis de tester le dispositif de ‘zone d’interdiction [de survol] temporaire’, ou bulle de protection, inventé en 2001 pour protéger la France des terroristes en avion de tourisme. L’armée de l’air se charge de nettoyer le ciel dans un rayon de quelques dizaines de kilomètres autour de l’évènement, avec moult missiles sol-air, pilotes en alerte et snipers en hélico.

A Pittsburgh, en 2009, les docteurs Folamour du G20 ont testé les canons acoustiques sur les manifestants. Utilisé à la base contre les terroristes et les pirates, ce haut-parleur est tellement puissant qu’il peut faire provoquer des hémorragies internes par rupture des tympans dans un rayon de 10 mètres.

Pourtant, les manifestations sont rarement menaçantes. Malgré les 200 000 personnes protestant à Edimbourg en 2005, le nombre médian de manifestants reste en dessous de 5 000 (c’est-à-dire que la majorité des cortèges compte moins de 5 000 personnes). Côté terroriste, rien ne justifie un missile sol-air, étant donné que la moitié d’entre sont incapable de se faire détonner au bon endroit. Comment justifier une telle orgie sécuritaire ?

Les cyniques diront peut-être que le véritable intérêt des sommets est bien là : ils permettent aux policiers et aux militaires de tester leurs nouveaux gadgets sécuritaires lors d’affrontements prévisibles et peu dangereux. C’est vrai que depuis le sommet de Gênes, en 2001, lors duquel un manifestant avait été tué, les forces de l’ordre ont réussi à gagner à chaque fois en laissant leurs adversaires en vie. Une belle réussite, qui méritait bien un milliard !

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Crédits Photo CC Flickr : Mr Dam Mc Gowan, Elyce Feliz, Bixentro.

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Paie ton RT: la banque des gazouillis http://owni.fr/2010/03/31/paie-ton-rt-la-banque-des-gazouillis/ http://owni.fr/2010/03/31/paie-ton-rt-la-banque-des-gazouillis/#comments Wed, 31 Mar 2010 16:00:57 +0000 Marie-Andrée Weiss http://owni.fr/?p=11267 Image CC Flickr Ivan Walsh

Image CC Flickr Ivan Walsh

Que vaut votre réputation sur les réseaux sociaux ? Plusieurs sites permettent de la monétiser, comme Whuffie ou TwitBank, qui mesurent la valeur en monnaie virtuelle.

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Les banquiers de la réputation

C’est ce que propose une jeune pousse, Whuffie, un site à but non lucratif qui se propose d’être la banque qui monnaye et échange un bien de plus en plus précieux, notre influence sur les sites de réseaux sociaux. Grâce à un algorithme, Whuffie mesure notre influence sur le réseau Twitter, en attendant de le faire pour d’autres sites, dont Facebook. Il est intéressant de noter que, comme toute monnaie, le whuffie peut être échangé ou donné.

Le terme whuffie a été inventé par Cory Doctorow, qui décrit dans son roman de science-fiction Down and Out in the Magic Kingdom, traduit en français sous le titre Dans la dèche au royaume enchanté, un monde où la monnaie est basée sur la valeur de la réputation. Il y est possible de connaitre rapidement le nombre de whuffies au capital de toute personne rencontrée en utilisant une commande ping. Le nombre de whuffies de notre interlocuteur s’affiche alors sur un HUD (Head Up Display), un affichage tête haute, terme emprunté à l’univers du jeu vidéo qui permet au joueur de connaitre son statut.

Selon Jules, le héros du livre de Cory Doctorow, le whuffie « a recréé la véritable valeur de l’argent » car cette unité mesure « votre capital personnel avec vos amis et vos voisins » et vous permet ainsi « d’évaluer au mieux votre succès ». Nos amis, nos voisins ? Il s’agit bien de notre réseau, dont la valeur même dépend du nombre de connections.

L’idée d’une monnaie basée sur la réputation est reprise en France par la TwitBank, qui utilise la « monnaie de remerciement » exploracoeur. Ouvrir un compte à la TwitBank permet de faire des transferts d’exploracoeurs par le biais de Twitter, et d’en recevoir.

Les autres monnaies virtuelles

L’idée d’une monnaie créée par le biais d’un site Internet n’est pas nouvelle. Le site Second Life a sa propre monnaie, le Linden dollar, que les avatars utilisent pour acheter ce dont ils ont besoin, ou envie, dans ce monde virtuel. Second Life a son propre marché d’échange, le site Lindex, qui permet de convertir des Linden dollars en dollars américains, selon un taux de change fluctuant.

Comment calculer la valeur d’une réputation ?

Second Life fonctionne selon une économie de marché traditionnelle, où le prix d’un bien est en rapport avec la demande, mais le whuffie et l’exploracoeur sont des monnaies basées sur la réputation d’une personne sur les réseaux sociaux, et fluctuent en raison de la confiance accordée ou non à cette personne.

Première difficulté : comment évaluer la valeur de notre influence sur les sites de réseaux sociaux ? Au nombre d’amis et d’internautes qui nous suivent ? Apparemment, ce n’est pas si simple : une étude publiée récemment par des chercheurs internationaux démontre que le nombre de personnes suivant nos tweets n’est pas un indice de mesure fiable de l’influence. Il est vrai que l’on peut suivre quelqu’un, mais ne pas lire ses tweets. A cet égard, le nombre de fois que les tweets sont retweetés est un indicateur de valeur bien plus fiable.

Le site Tweetlevel propose aux utilisateurs de Twitter de calculer leur influence en leur donnant un score. Pour ce, le site détermine trois facteurs différents. Tout d’abord, il calcule l’influence, mesurée par le nombre de retweets. Ensuite, vient la popularité, calculée en fonction du nombre de personnes suivant le compte. Enfin, l’engagement personnel, plus ou moins élevé selon que la personne participe aux débats et aux conversations, et ne se contente pas de publier ses tweets.

La banque Whuffie utilise un système similaire afin de calculer la valeur de la réputation. Whuffie prend en compte quatre facteurs : le nombre de fois où la personne est retweetée, le nombre de fois où la personne retweete les messages des autres, si la personne est suivie par une personne elle-même très influente, c’est-à-dire très riche en whuffies, et enfin si les messages de la personne qui sont retweetés contiennent ou non un lien. Les messages sans lien ont plus de valeur que les messages contenant un lien, car ils sont souvent entièrement le fruit de leur auteur.

Pourquoi ne pas vendre notre réputation ?

Est-il possible de vendre notre réputation ? Nous avons vu que l’économie des mondes virtuels et l’économie du monde réel peuvent être liées, un phénomène désigné en anglais par le terme « real money trading » ou RMT. Il est possible de vendre des biens virtuels, ou même un compte joueur, à un acheteur nouveau venu qui souhaite partir d’un bon pied en bénéficiant des points accumulés par un joueur plus expérimenté, si le site le permet toutefois. Par exemple, les joueurs de World of Warcraft ne peuvent transférer leur compte, et passer outre à cette interdiction entraîne l’exclusion du site.

Nous utilisons souvent notre véritable nom sur les réseaux sociaux, et Facebook interdit même à ses usagers d’utiliser un pseudonyme ou un avatar. Cela rend ces comptes difficiles à vendre. Un site américain, tweetervalue.com, propose néanmoins de calculer la valeur en dollars de notre compte Twitter. Plutôt que d’acheter le compte et de l’utiliser à notre place, on peut imaginer utiliser ce chiffre pour négocier la valeur de nos tweets, et accepter de promouvoir différents produits auprès des personnes qui nous suivent. En ce cas, la Federal Trade Commission, une agence fédérale américaine, considère qu’il s’agit d’un endossement publicitaire qui doit être publiquement révélé.

En droit français, seules les « choses qui sont dans le commerce » peuvent être l’objet d’une convention (article 1128 du Code civil). Les droits de la personne sont incessibles : l’honneur et la réputation sont des biens hors commerce.

La valeur de notre réputation est-elle imposable ?

Qu’elle soit considérée comme une monnaie d’échange ou un bien que l’on peut vendre, est-ce les gouvernements appliqueront bientôt un impôt sur la valeur de notre réputation ?

Selon le Code des impôts américain, est passible d’impôt tout revenu, quel que soit son origine. Julian Dibbel, spécialiste des mondes virtuels, avait gagné d’importantes sommes dans le monde réel en vendant des biens virtuels sur le site eBay, pratique désormais limitée. M. Dibbel tenta de déclarer ces revenus à l’administration fiscale, qui lui suggéra de déclarer ses revenus en tant que revenus de troc. Les utilisateurs de Second Life résidant dans l’Union européenne doivent déjà s’acquitter de la T.V.A. sur certaines transactions, tel l’achat de terrains.

En France, l’article 1 A du Code Général des Impôts inclut dans le calcul de l’impôt sur le revenu les « plus-values de cession à titre onéreux de biens ou de droits de toute nature ». Il peut s’agir de biens corporels comme de biens incorporels, tels les produits de la propriété industrielle et de la propriété intellectuelle. Le législateur pourrait à long terme choisir de considérer la réputation comme un bien immatériel, peut-être similaire au know-how, ou à une marque, ce qui nous permettrait à la fois de protéger la marque « Moi » et de profiter financièrement de notre micro-branding.

Quoiqu’il en soit, ne pas payer l’impôt sur notre réputation et sur les revenus qu’elle pourrait engendrer aura un impact négatif sur nos whuffies et nos exploracoeurs. Profitons encore pour quelque temps du caractère non imposable de notre réputation…

> Illustration par mallix sur Flickr

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Mais quel est donc ce besoin de faire des phrases dans la pub http://owni.fr/2009/09/29/mais-quel-est-donc-ce-besoin-de-faire-des-phrases-dans-la-pub/ http://owni.fr/2009/09/29/mais-quel-est-donc-ce-besoin-de-faire-des-phrases-dans-la-pub/#comments Tue, 29 Sep 2009 15:07:35 +0000 Jean Michel Planche http://owni.fr/?p=4016

Ce matin, mon fil twitter me faisait remonter une vidéo où Mme Delphine Rolland, que je ne connaissais pas, ancienne Directrice des Médias Digitalisés à France Télévisions Publicité et actuellement consultante nous expliquait ce qui m’a donné l’envie de cette chronique :  Les internautes sont prêts à payer pour du contenu

Internaute depuis maintenant plus de 20 ans, à une époque (bénie ?) ou le Web n’existait pas, je me suis interrogé, comme je le fais toujours quand on m’assène des vérités :

> Suis je prêt à payer pour du contenu (sous entendu Internet) ?

> Mieux : les gens que je connais sont-ils prêts à payer pour du contenu ?

Et j’ai donc pris le temps d’écouter son propos, dont je vous livre quelques pensées … étonnantes :

> ll faut absolument rentabiliser les investissements internet

> L’internaute est prêt à payer pour du contenu, si on lui met en avant de la publicité qui est mise en avant de façon intelligente.

> … en acceptant de la publicité intelligente : via ciblage socio demo, geographique, fct affinité contextuelle

> intégrer des partenaires pour financer la web tv ??? préroll ou post roll … très bien fonctionné (taux de clic et acception de l’internaute)

> exploitation de la marque à 360°

> Internaute prêt à payer pour des services à forte valeur ajouté (billetreduc, …)

> la publicité classique ne suffira pas

Bon … j’en reviens au titre de ma chronique : mais quel est donc ce besoin de faire des phrases …
Toutes ces idées, cela fait maintenant 15 ans que nous les entendons, manipulées par des générations d’agences de communications qui s’auto-proclament spécialistes du multimédia en 1989, spécialistes de l’Internet en 1999 et spécialistes du numérique en 2009 et qui sont capables de nous expliquer à postériori tout et son contraire.

Alors, j’ai eu moi aussi envie de vous livrer mes propres vérités :

L’Internaute est prêt à payer pour du contenu à forte valeur ajoutée. Mais quelle évidence.

Le problème est que pour le moment : il est où le contenu à forte valeur ajoutée ?
Dans le cas du cinéma, il est plus sur les plateformes pirates que sur les offres légales de VoD de nos opérateurs.
Dans le cas de la musique, je le cherche encore. On ne va quand même pas acheter toutes les cochonneries qui nous sont forcées diffusées ?
Dans le cas de la presse, elle est où, maintenant, l’information que nous avons envie de payer et qui ressort d’un travail d’analyse et de compréhension qui dépasse la reprise des 10 lignes des dépêches AFP ?

Sur ce dernier point, des expériences récentes existent et donnent envie de payer … je ne cite personne pour ne pas en oublier, mais ils tiennent sur les doigts d’une main. (on en a parlé sur Twitter ;-))

La recette pour séduire un Internet est simple … il est prêt à payer à trois conditions :

1 / si on lui fait gagner du temps ou de l’argent,

2/ si on touche sa sensibilité, son émotion, si on lui donne l’impression de devenir meilleur

3/ et dans tous les cas, si on le respecte : ie: si le service est de qualité

C’est terminé le temps du Minitel où l’on payait pour savoir que l’information que l’on cherchait n’était pas là.

Et quant à la motivation de “faire” des choses pour rentabiliser des investissements … c’est l’un des plus mauvais arguments que j’ai entendu depuis longtemps. Si on en est là, il ne faut plus se poser de question, c’est que l’on a pas compris pourquoi on fait les choses. Autant ne pas les faire !

Faire des choses pour rentabiliser Internet, rentabiliser une Web TV … etc … conduit à des réflexions qui seront menées par d’autres et où l’entreprise perdra de vue le pourquoi elle fait les choses et sa capacité de décider. Si on fait une WEB TV, le but est de SERVIR, presque altruistement un auditoire. En échange, on captera peut être son attention, ce qui est bien plus précieux que la recherche d’une audience. Et alors, on pourra se demander quel est l’intérêt pour un “partenaire” de monter dans l’opération et à quelles conditions cela peut lui aussi lui SERVIR.
Sinon, on se fait plaisir … plaisir aux agences surtout.

Et maintenant le solution pour “rentabiliser les investissement internet” :

Donc Internet coûte de l’argent et ne rapporte rien ou pas assez, donc :

COUPEZ TOUT.

De toute façon il vaut mieux que vous ne fassiez rien que de faire mal, c’est maintenant trop grave car trop visible : Laissez faire les autres.
Quand je vois la performance de certains sites d’informations qui ont été en panne pendant les annonces de l’élection présidentielle, je me dis qu’heureusement que Google est là !

Ce n’est pas possible ?

Alors c’est qu’il n’y a pas qu’une question de rentabilisation. Regardez surtout les choses sur l’angle de l’utilité et de la QUALITE. Si la réponse est non à l’un de ses points, vous avez intérêt à ce que l’autre le soit, car même la puissance de la marque ne pourra pas masquer longtemps l’incurie.

> Article initalement publié sur le blog de Jean-Michel Planche

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