OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Astropolis: “l’essence même de la rave techno” http://owni.fr/2011/08/09/astropolis-rave-techno/ http://owni.fr/2011/08/09/astropolis-rave-techno/#comments Tue, 09 Aug 2011 06:24:15 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=75639 Fin juillet, le festival Astropolis s’en est allé à nouveau prêcher en terres électroniques, pour trois nuits entre Detroit et Berlin en rade brestoise. Voici l’histoire originale d’Astropolis et ses châteaux, agrémentée de nos coups de cœur de la programmation.

Début des années 90. A Brest, un groupe de potes, organisateurs de concerts indie, file à Rennes pour les traditionnelles Transmusicales. Ils y découvrent la techno, dont les premières vagues arrivent en France, depuis les Etats-Unis.

De retour au bord de la mer, les Brestois créent leur collectif pour prendre le relai et se lancer dans l’organisation de soirées techno à l’arrache. Les Sonics sont nés. Ils expliquent le principe du festival au site Input Selector : “son et déco bricolés, lieux improbables, promo simplissime, programmation audacieuse et pointue : en novembre 1994 au camping de Saint-Pabu, l’immense Jeff Mills mixe devant un public médusé.”

L’année 1995 est le premier pas d’Astropolis. Un champ du Nord-Finistère est réquisitionné pour une rave clandestine. Puis ce sera le parc des expositions de Lorient l’année suivante, cette fois de manière officielle.

astropolis

Astropolis grandit et s’installe dans son premier véritable berceau : le château de Keriolet, près de Concarneau. Il s’y déroulera de 1997 à 2000, grâce à des liens tissés avec son propriétaire, Christophe Lévêque. Oui, il existe un châtelain astropolisable capable d’accueillir la fine fleur de l’électro. Laurent Garnier, grand ami du festival, trouve là un terrain d’expression idéal. Lui et les Sonics y défendent les mêmes idées de la fête.

2001, retour dans le nord. L’histoire d’amour entre Astropolis et les vieilles pierres ne s’arrête pas pour autant. Direction Guilers et son manoir de Keroual, nouveau terrain de jeu pour un festival qui passe à une formule de plusieurs jours, progressivement. Objectif : sortir la musique électro des clubs et faire participer toute la ville et toutes les tranches d’âge. Tu as moins de douze ans ? Va à l’Astroboum. Tu es un habitué de la pétanque ? Mix’n boules est fait pour toi.

Aujourd’hui, la cour du manoir de Keroual est une place appréciée des artistes. Dans cette bâtisse qui a vu naître Louise de Keroual en 1649 (considérée comme une aïeule éloignée de Lady Di), on a depuis vu passer pas mal de troubadours de l’électro. Cette année, Stephan Bodzin, Gesaffelstein, Rusko ou encore Supermayer, pour ne citer qu’eux, se sont chargés d’écrire une nouvelle page de cette idylle granitique.

Les lives

Nouvelle Vague

Ciel bleu, galettes saucisses, couples amoureux et poussettes. Jeudi, Nouvelle Vague a ouvert Astropolis à la cool, en rade de Brest, dans le cadre d’un Jeudi du port dédié au festival. Avant la déferlante 100% électronique du week-end, Marc Collin, Mélanie Pain & co sont venus susurrer leurs morceaux à l’oreille des mouettes finistériennes qui tournoyaient au-dessus du public.

Voici Sandy Sandy, titre issu de leur album « Couleurs Sur Paris » (2010).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La Femme

Fin d’après-midi sur le toit de la Carène, à Brest. En introduction d’un week-end tous beats dehors, Astropolis s’est offert un moment de répit ensoleillé en mode pop.

Invité du jour : La Femme, groupe le plus hype du moment. Ils sont jeunes et insouciants, n’ont pas encore passé le bac, mais déjà rêvent de sensations sur la plage. Virée sur les hauteurs du port de commerce à l’heure de l’apéro.

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Carl Craig

C’est l’un des papas de la techno, qui l’a choyée dans son berceau de Detroit dès son plus jeune âge. Carl Craig, qu’on ne présente plus, s’est arrêté à Astropolis cette année pour fêter les 20 ans de son label « Planet E », aux côtés de ses poulains Pantha Du Prince et Psycatron.

Dans la salle de La Suite, bondée pour l’occasion, le master a joué plus de trois heures, avec toujours cette envie intacte. Un live martial, agrémenté d’un remix de Bells, classique de Detroit composé par son pote Jeff Mills. La boucle est bouclée.

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Rone

Rone ? Quatre lettres et beaucoup d’espoir placé en ce jeune Parisien exilé à Berlin. Repéré par le label d’Agoria, Infiné, connu pour son exigence et son ouverture d’esprit, Rone affole le petit monde de l’électro depuis la sortie de son premier disque, Spanish Breakfast.

Chez Rone, on avance à pas feutrés, en suspension, sans artifices, comme savent le faire Chloé ou encore Nathan Fake, dans un autre registre. Voici le titre éponyme de son dernier maxi, So So So, joué samedi dans la cour du manoir de Keroual, fief d’Astropolis.

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dOP

On nous avait prévenus : dOP ne ressemble à rien d’autre. Deux producteurs adeptes de techno downtempo vicieuse, un MC à la ricaine, torse-poil, avec une voix de crooner. Faites jouer tout ça à 3H30 du mat’ dans un Vauban obscur et ultra-moite, et voilà les trois loustics baignant dans leur jus, et leur chanteur rinçant les amygdales de toute la gent féminine installée au premier rang.

Dans cet instant d’allégresse, on a sorti nos petites caméras et tenté, au mieux, de vous offrir des images de ce live torride…

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“Une fête techno sans limites” mais dans le respect

Emmanuel Dauchez aka Manu Le Malin est l’un des pionniers de la techno hardcore, celle qui ne lâche jamais prise, entre grosses nappes de basse, beats indus et BPM très élevé. C’est le seul artiste à n’avoir manqué aucune édition d’Astropolis. Activiste d’un réseau qui aura mis plusieurs années à sortir de l’underground, ce Parisien est aussi le parrain d’Astropolis.

Nous l’avons rencontré dans un escalier, sur les hauteurs du port de commerce, pour discuter rave, piscine Molitor et projets de quinquagénaire.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Résident du Rex à Paris et d‘Astropolis, Electric Rescue est l’un des fervents défenseurs de l’esprit rave. A cinq jours du festival brestois, il déclarait sa flamme à sa « fête préférée », à qui il a même dédié un morceau.

Astropolis, c’est l’essence même de la rave techno. C’est le seul festival avec cet esprit en France. Il prône la liberté liée au respect, tout en proposant une fête techno sans limites. Mais les limites du raisonnable ne sont jamais dépassées, il y a ce fond de respect des organisateurs et du public.

Il est différent car ses organisateurs sont des passionnés, fanatiques, dévoués à la musique électronique. La musique, la découverte, les expériences et la fête sont leur leitmotiv. L’argent n’est jamais la première considération. Ces organisateurs conçoivent le festival en se positionnant en tant que public et en tant que professionnels pour rendre tous leurs délires et envies faisables dans le respect des lois.

Astropolis est différent parce que le public breton, qu’on le veuille ou pas, est le meilleur public de France. Les Bretons ont l’esprit de fête, l’amour pour la musique, la culture du festival et du fest-noz. C’est une région qui est extrêmement ouverte à la culture.

A Astropolis il y a quelque chose dans l’air d’inexplicable, qui fait que c’est à mon avis la meilleure fête qui existe. C’est pour cela qu’en 17 ans je n’ai raté que très peu d’éditions, et aucune autre proposition quelle qu’elle soit ne me ferait rater Astropolis.

À écouter

Pour finir : une petite playlist à la cool, comme on les aime, avec cinq artistes pour poursuivre la découverte après Brest.

Pantha du Prince – Saturn Strobe by maillardelectronique

Supermayer – Two Of Us (Extended Album Version) by Shandrill

Housemeister – Sommer by Csmizzle

Rone – Nakt [IF2034/2011] by Rone

DOP – No More Daddy (Original Mix) by Hedi Black ☊

Billets initialement publiés sur le site de Sourdoreille sous les titres  “Astropolis, une vie de châteaux” et “Electric Rescue : « Astropolis, plein de frissons rien que d’en parler !”. Vous pouvez retrouver toutes les vidéos sur la page de Sourdoreille dédiée à Astropolis.

Illustration Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par tuxthepenguin84 PaternitéPartage selon les Conditions Initiales par manuel | MC

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Découvrez “Planète sauvage” by The Konki Duet http://owni.fr/2011/06/20/decouvrez-planete-sauvage-by-the-konki-duet/ http://owni.fr/2011/06/20/decouvrez-planete-sauvage-by-the-konki-duet/#comments Mon, 20 Jun 2011 17:19:12 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=70880 Formé en 2002 par Zoé Wolf et Kumi Okamoto, The Konki Duet s’illustre avec un premier morceau, «In The Trees», remarqué sur la fameuse compilation «Toxic Girls!» (Tsunami-Addiction) puis sur «Active Suspension vs. Clapping Music» (2003).

Très vite rejointes par Tamara Goukassova au violon, les filles ne changent pas pour autant de patronyme et sortent l’année suivante leur premier album, «Il Fait Tout Gris». Il s’attire les faveurs de la presse spécialisée qui fait l’éloge de leur pop minimaliste et onirique. S’ensuivent de nombreux concerts et tournées, en France, Italie, Belgique ainsi qu’à Taïwan où l’album sort en licence. 2006 est l’année du deuxième album «Mountain Mouton», enregistré par Fabrice Laureau (Yann Tiersen, Dominique A, Françoise Breut, NLF3…) dans une tonalité plus rock et nerveuse, qui leur permet de conquérir un public plus vaste et de repartir en tournée (France, Espagne, Portugal, Suède, Danemark…).

Puis les filles marquent une pause pendant laquelle elles se consacrent à diverses collaborations et projets personnels, dont l’album solo de Kumi (judicieusement rebaptisée Kumisolo pour l’occasion), «My Love For You Is A Cheap Pop Song».

2009 voit le retour scénique et discographique de The Konki Duet, avec une tournée française et la parution d’un nouveau mini album vinyle partagé avec Suzanne The Man («Ensemble EP» chez BS records). Cet enregistrement est l’occasion d’une première collaboration avec le réalisateur Stéphane Laporte (alias Domotic). Il réalise, enregistre et mixe leur troisième album que nous vous présentons aujourd’hui : “Let’s Bonnapetons“.


Quelle est l’histoire de The Konki Duet ? Comment vous êtes-vous trouvées pour concevoir le groupe ?

T. Kumi arrivait du Japon, moi je revenais des États-Unis, Zoé en avait marre de faire les gammes à la guitare à Paris, il fallait qu’il se passe quelque chose, on s’est retrouvé dans The Konki Duet.

Z. Nous nous sommes rencontrées grâce à la musique, et notre relation a toujours tourné autour de ça. C’est l’activité qui nous rassemble et grâce à laquelle on se sent bien ensemble, c’est notre langue à toutes les trois.

Konki Duet, ça veut dire quoi ?

Z. Ça veut dire… qu’on ne sait pas compter jusqu’à trois.

Toutes trois de cultures différentes, comment faites-vous pour vous entendre sur la sonorité finale d’un morceau, d’un disque ?

K. On s’entend justement à travers la musique, on n’a pas besoin de langue particulière.

T. On aime la manière de composer et la touche personnelle que chacune est capable d’apporter à un morceau, c’est d’ailleurs pour ça qu’on fait ce groupe et pas (que) des projets solos.

Z. Par culture, on peut comprendre nos origines, mais aussi la culture quotidienne, nos goûts artistiques et musicaux qui eux aussi sont différents. Au final, la musique que l’on compose est la somme de toutes ces cultures.

Quelle est la comparaison que vous détestez le plus lorsque les médias parlent des Konki Duet ?

T. Peut-être quand on essaie de nous comparer à tout prix à d’autres groupes de filles, comme si c’était la seule chose qui nous définissait.

K. Quand on parle de nous comme d’un groupe trop underground.

Quels sont les artistes que vous écoutez ces temps-ci ?

T. Kraftwerk et Drexciya

Z. En ce moment j’écoute beaucoup de funk ensoleillée, j’ai les morceaux dans la tête toute la journée, je danse dans la rue, au travail, ça marche ! Et au moment de répondre à cette interview, assise dans un café, j’écoute un disque de Depeche Mode. Il n’y a pas à dire, ces types savent écrire des tubes.

K. Holy Ghost chez DFA, je les ai vus en concert à la Flèche d’or.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Les artistes n’ont pas attendu Internet pour exister

Selon vous, quels ont été les médias qui ont le mieux servi votre carrière ?

T. Peut-être l’Internet, parce que c’est le média le plus accessible. La presse et les radios aussi.

K. Magazines féminin comme Glamour, Grazia et Modzik.

Z. Il ne manque plus qu’un passage télé ! On est prêtes, invitez nous !

Hier, les artistes devaient séduire les quelques médias importants pour être diffusés, aujourd’hui, Internet permet à chacun d’exister mais pas forcément d’être visible ? Comment percevez-vous ce changement ?

T. Il y a toujours qu’un petit nombre d’artistes qui est soutenu par les grands médias. Tous les autres se débrouillent comme ils peuvent et parfois très bien. Les artistes n’ont pas attendu Internet pour exister, il y avait les fanzines, les radios libres, des labels indépendants dont on a quelquefois reconnu la grande valeur rétrospectivement. Finalement, le temps fait son travail aussi.

K. Il y a trop de musiciens. Les gens ne font pas beaucoup l’effort de chercher les bons groupes qui sont moins connus que Britney Spears. Ou alors ils snobent parce qu’on est un groupe français. Mais on continue à diffuser de la musique, la vidéo parce qu’on sait faire nous-même sans être dépendant d’une structure.

Que pensez-vous de l’importance que prend facebook dans la musique ? Le jeu des réseaux sociaux vous amuse-t-il ? Lesquels utilisez-vous et comment vous en servez-vous ?

Z. Ce que facebook a apporté, ce n’est pas tellement plus de visibilité pour le groupe, mais surtout plus de visibilité pour le public, les fans. La frontière entre le public et le groupe devient plus facile à traverser des deux côtés. Du temps de notre premier site, nos adresses mails étaient visibles avec cette phrase “aurez-vous le courage de nous parler ?” Et peu de gens avaient en effet le courage de nous écrire ! Aujourd’hui, ce problème a disparu. On est ami avec le groupe, on laisse un message… c’est plus simple, moins intimidant. L’échange est facile, c’est amusant.

K. Cela sert à tenir au courant facilement à beaucoup de gens d’un coup pour les dates de concert qu’on donne.

Pensez-vous qu’Internet contribue à votre succès ? Pensez-vous que vos projets aboutiraient dans un schéma plus traditionnel d’industrie du disque ?

Z. Ce qui a changé c’est surtout l’échelle : plus de groupes, plus de musique. Ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi. Internet nous permet aussi d’exprimer d’autre chose au-delà de nos compositions musicales, on poste souvent des vidéos de notre quotidien, nos pensées, un peu comme un journal intime. Ça permet au public d’avoir un coup d’œil différent sur notre monde, qui dépasse le disque et peut être l’explique.

K. On pourrait aboutir dans un schéma plus traditionnel d’industrie du disque mais pour cela, il faudrait faire une chirurgie esthétique des mollets et on n’a pas forcément envie de la faire…

Quelle est votre principale source de revenus aujourd’hui ? Pensez-vous qu’aujourd’hui, un artiste puisse vivre uniquement de la vente de ses enregistrements ?

T. Nous avons chacune un métier. Mais il est possible de vivre en travaillant dans la musique, heureusement il n’y a pas que la vente des disques, mais aussi les concerts, la création musicale.

Cloud, abonnement, pub, achat à l’acte (type Itunes), objets numérique (musique +…)…selon vous, quel modèle sera le standard de l’industrie musicale de demain ?

Z. Mon dieu, quelle question ! Il y a beaucoup de gens qui planchent là-dessus pour essayer de trouver un modèle économique musical pour les musiciens ; de notre côté, on continue de faire ce qu’on sait faire : écrire des chansons.

Retrouvez The Konki Duet mercredi 22 juin à l’international. (Entrée Gratuite)

Téléchargez “Let’s Bonappéton

Retrouvez The Konki Duet sur : facebook; myspace; site officiel

Cover artwork : Pixelcrap

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Découvrez “Damned Things” by David Kia http://owni.fr/2011/06/13/decouvrez-damned-things-by-david-kia/ http://owni.fr/2011/06/13/decouvrez-damned-things-by-david-kia/#comments Mon, 13 Jun 2011 21:58:19 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=32207 Compositeur, Producteur & DJ aux multiples talents artistiques, David KIA explore les deux facettes de sa personnalité, claire et obscure, aux détours de morceaux tantôt légers sur lesquels danser ou « lounger » et d’autres aux mélodies plus profondes, vous invitant à rentrer dans son univers intérieur. Son premier album « Between the Devil & the Deep Blue Sea » (entre le marteau et l’enclume dans le texte) est le parfait exemple de cette dualité créative.

Il conçoit la musique comme les différentes saisons qui ponctuent le temps.
Atmosphérique & mélancolique comme l’automne (4 AM), instable & calfeutrée comme l’hiver (VERSATILE), généreuse et ronde comme le printemps (ALBUERIA), festive et lumineuse comme l’été (DAMNED THINGS)…

En 2003, le label NewHouse Records (San Francisco, USA) découvre son travail et le signe sur la compilation « PARIS UNDER A GROOVE » avec 5 morceaux (dont 2 de TERRASSE TRANQUILLE). L’un des artistes électro phares du début des années 2000, Saint-Germain, figure également sur cette compilation. En 2004, David KIA est signé pendant 5 ans sur le label FINE PRODUCTIONS et publiera en 2005 le DVD musical «SENSORIEL» à l’initiative de PIONEER. 8 morceaux dont il réalisera également les films. Entre 2005 et 2009, il composera les bandes musicales des Spots des parfums AZZARO qui seront essentiellement diffusées en Amérique Latine, Europe de l’est et sur le continent Asiatique.

Il intégrera la STRIKE TEAM du projet NEXTBEAT en tant que DJ en 2010.
Cette même année, à l’ère de la diffusion numérique, il sort en autopromotion son premier album « Between the Devil & the Deep Blue Sea » . 15 titres à se procurer en ligne sur toutes les plateformes numériques : Itunes, Deezer, Amazon, Virgin, FNAC…

David, pourrais-tu nous résumer ton parcours en quelques lignes ?

Je suis arrivé dans la musique un petit peu par accident. A l’époque de la bulle internet, j’étais Directeur de créa d’une agence de communication multimédia et on avait souvent coutume de faire des apéros sur la terrasse à toute heure de la journée selon les différentes occasions à fêter (et il y en avait des tas). C’est ici que j’ai fais la rencontre qui m’a mis le pied à l’étrier : IWAKI. Un génie musical qui m’a complètement décomplexé sur le fait que faire de la musique est avant tout un plaisir et un exutoire. On a monté ensemble le groupe TERRASSE TRANQUILLE et on s’est mis en studio pour pondre quasiment un morceau à chaque répète que l’on faisait. Peu de temps après, quand j’étais freelance, je composais toutes les bandes sons des films que je proposais à mes clients. J’ai déposé l’une de mes tracks (le Périf’) sur un site incubateur de jeunes talents, premier de l’époque (TALENT BRUT) et contre toute attente, j’ai été publié à 2 reprises sur des compils samplers promotionnels. Je me suis dit alors que les gens pouvaient peut être avoir envie d’écouter ce que j’avais à proposer…

La musique n’est pas ton activité principale, comment gères-tu tes deux agendas ?

La musique est avant tout une récrée, pas une contrainte. Je n’arrive pas à créer dans un cercle de temps planifié. Je peux très bien ne pas y toucher pendant des semaines et, comme une envie de …, y passer une nuit complète et mes week-ends. Je perçois la compo musicale comme quelque chose d’instinctif. Si je n’arrive pas à un résultat satisfaisant rapidement, je passe à une autre idée et ainsi de suite. C’est un peu comme le feeling d’une rencontre avec une autre personne : certaines ne dépassent pas les 5 min de conversation, et avec d’autres, vous pouvez y passer la nuit. Métaphoriquement parlant, on peux dire que j’ai littéralement couché avec Damned Things.

Quelle est l’histoire du titre que tu nous présentes ?

C’est l’histoire d’une réconciliation musicale après une séparation de presque 2 ans avec l’envie de faire de la musique.
Damned Things, ça représente quelque part tous ces petits soucis et tracas qui m’ont éloignés de mon copain Cubase. Une envie de sortir d’un train train quotidien qui se construit à votre insu.

Quelles est l’histoire de l’album que tu sors prochainement ?

Il n’est pas encore clairement défini. La musique étant très instinctive pour moi, mes morceaux varient entre des atmosphères electro/Funk, de la house festive et de la trip hop dark et jazzy. En tout cas, elle correspond à des cycles, des saisons, des envies de traduire ma mood de l’instant. Quel sera mon humeur quand je ferais le tracklisting final ? Ce sera une surprise, même pour moi.

Quels sont tes objectifs avec ce nouvel album ?

Tout simplement celui de partager avec mon audience. J’aime l’idée de déclencher des émotions, des moments, des conversations. Rester en arrière plan mais être à la base d’une ambiance conviviale (dans un resto, un club, chez un particulier ou sur une terrasse…)

Si tu devais augmenter tes représentations scéniques avec des gadgets numériques, lesquels serais-ils et comment les lierais-tu a ton projet ?

J’utiliserais une APC40 d’Akai pour lancer mes samples et les recomposer en live avec Ableton ainsi que ma chère et dévouée NEXTBEAT pour lancer mes ponctuations sonores : micro-samples, accapellas. L’idée est de rejouer mes compos en live en leur donnant une autre couleur comme je l’ai fais avec les morceaux de mon premier album dans le Prepus MIX diffusé sur soundcloud.

Quels sont les collaborations musicales dont tu rêverais ?

Je rêve de collaboration avec Carleen Anderson, Jocelyn Brown, Nile Rodgers, King Britt, Lamb et les Masters@Work…

Retrouvez David KIA sur : site, facebook, twitter

Crédits photos CC (by – sa – nc) : Loguy

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Découvrez Give Me Your Live (Ptits Pilous Remix) by Skip The Use http://owni.fr/2011/05/02/decouvrez-give-me-your-live-ptits-pilous-remix-by-skip-the-use/ http://owni.fr/2011/05/02/decouvrez-give-me-your-live-ptits-pilous-remix-by-skip-the-use/#comments Mon, 02 May 2011 13:28:53 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=31673 Skip The Use, c’est l’histoire de cinq lillois qui ont décidé de faire bouger les foules. Emmené par l’explosif Mat Bastard, qui n’est pas sans rappeler un certain Kele (frontman du groupe anglais Bloc Party), le quintette vient de terminer l’enregistrement de son second album à sortir en septembre prochain.

Son premier album, le groupe l’a autoproduit, se faisant par la suite remarquer sur scène, où le disque l’a emmené pour plus de 150 dates. Entre les premières parties (Mademoiselle K, Rage Against The Machine, Trust, Mark Ronson…) et de nombreux festivals prestigieux (Printemps de Bourges, Garorock, Solidays, Sziget, Main Square…) le groupe s’est forgé une forte identité scénique qui marque durablement les esprits. Impression confirmée il y a quelques semaines, quand le groupe a convié quelques invités à écouter en live une sélection de nouveaux titres dans un studio du onzième arrondissement parisien. Pour les novices de Skip The Use, la claque a été totale, tant l’énergie déployée par chacun des membres de la formation, et surtout chaque chanson, tubesque et explosive à souhait, étaient évidentes.

Pour leur second opus, Mat et sa bande ont signé sur un gros label, Polydor. Un joli coup qui ne semble pas les effrayer outre mesure : “La transition s’est faite assez facilement, on a un lourd passé indé et parfois il nous faut accorder nos violons. On est tombés sur une équipe assez cool et rock ‘n’roll donc on parvient jusqu’ici a toujours trouver un terrain d’entente. L’avantage c’est qu’on a pu faire le disque qu’on voulait et comme on le voulait, le projet n’a pas perdu de sa fougue ni de son petit côté trash“.

L’album, enregistré entre leurs studios respectifs, celui du label, le célèbre studio ICP à Bruxelles et même Bristol pour le mixage, s’annonce comme l’un des plus intéressants du second semestre, avec un son électro-rock puissant et des titres aussi efficaces qu’électrisants. Le premier single choisi pour le présenter s’intitule Give Me Your Life, et résume parfaitement l’impression que l’on ressent à l’écoute de cet opus : ce groupe ne resemble à aucun autre.

Nous vous proposons de découvrir ce single via un remix des Ptits Pilous, qui sans altérer la chanson originale, lui offrent un traitement résolument dancefloor auquel peu sauront résister. Si vous étiez passé à côté des débuts de Skip The Use, il est grand temps de rattraper le temps perdu et de rejoindre le train (à grande vitesse) de ce groupe qui devrait marquer 2011.

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Institubes rend les armes http://owni.fr/2011/03/16/institubes-rend-les-armes/ http://owni.fr/2011/03/16/institubes-rend-les-armes/#comments Wed, 16 Mar 2011 17:46:41 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=31168 C’est une figure de la pop, du hip-hop et de l’electro qui s’éteint aujourd’hui. Mercredi 16 mars, dans un communiqué direct et empreint d’une certaine amertume, le label Institubes a annoncé sa fermeture après huit ans d’activité.

Dans ce contexte, les fondateurs du label, Jean-René Etienne et Emile Shahidi dressent un bilan de leur aventure avec le collectif emmené par les emblématiques Para One, Cuizinier, Orgasmic ou Teki Latex (TTC), Jean Nipon ou encore Chateau Marmont. Il illustre les difficultés rencontrées par les petits labels, pour qui vendre de la musique reste primordial.

Je pourrais écrire dix pages sur les réalités et les difficultés liées au business de la musique […]. Nous n’avons jamais connu l’âge d’or dont nos ainés dans l’industrie chantent les louanges. Nous avons toujours évolué dans un paysage post-apocalyptique et paupérisé jusqu’à la mort, empli de zombies de directeurs artistiques irradiés et de blogueurs mutants et aveugles. Nous avons toujours mené un bataille difficile. Mais les choses ont empiré

Institubes est l’une de ces structures de l’ère post-Napster. Porté par un collectif d’artistes aux influences diverses, le label a su garder une ligne claire et distincte, qui plutôt que de s’ouvrir à des “coups” mainstream rémunérateurs, s’est construit tout au long son existence une cohérence artistique davantage mue par la volonté de se forger une identité forte que par celle de faire concurrence aux majors. D’ailleurs, lorsque Institubes collabore avec Alizée, l’ex Lolita aux millions de disques vendus, en produisant son quatrième album studio Une Enfant du Siècle en 2010, c’est en apportant sa touche plutôt qu’en faisant du “Alizée par Institubes”, comme ont tendance à le faire de nombreux producteurs. Cf. le mercenaire RedOne qui réplique plus ou moins adroitement la même chanson pour toute la planète pop ou presque, de Lady GaGa à Enrique Iglesias en passant par Mylène Farmer et Nicole-Pussycat-Scherzinger.

Si les gros labels peuvent compter sur leurs vaches à lait pour compenser les projets plus risqués, les structures plus modestes se doivent de maintenir un équilibre a minima pour assurer leur survie. “Le fait que notre industrie vive une lutte permanente où 90% de notre temps est consacré à “rester à flot” cache un fait important : nous jouons toujours le jeu selon les règles qui nous ont baisés au départ“.

Car le nerf de la guerre pour tous les labels (et on ne parle pas ici d’artistes DIY) reste, quoiqu’on en dise de vendre de la musique. Ne pas avoir à se diversifier pour multiplier les sources de revenus. Ce qu’Institubes s’est évertué à faire, sans toujours y parvenir : “Tout ce qu’on aurait pu faire (ou presque) pour éviter ou retarder cette issue malheureuse tient en deux mots : lifestyle et branding. Investir dans la production de t-shirts, dans les partenariats avec des marques, signer des contrats de collaboration ou de sponsoring avec des boites aux poches bien pleines. Je n’ai qu’un regret : qu’il nous soit arrivé d’y céder. Nous aurions du refuser plus souvent“.

Un label peut-il donc raisonnablement envisager de survivre dans le contexte actuel en comptant uniquement sur les revenus liés à la seule vente de musique ? La tendance est plutôt au pessimisme, pourtant les contre-exemples existent. On peut notamment citer l’excellent label new-yorkais Neon Gold Records, qui s’est spécialisé dans la détection précoce de talents développés sur un ou plusieurs EP, avant de les faire signer avec des majors. Dans leur panier ? Ellie Goulding, révélation de 2010 aux 300 000 albums vendus au Royaume-Uni, ou encore Marina And The Diamonds, tandis que pour 2011 on peut prédire l’émergence de leurs poulains Monarchy (signés depuis chez Universal) ou encore The Sounds Of Arrows et The Knocks.
Lorsque l’on demande au label bordelais Banzai Lab s’il pourrait subsister sans apport complémentaire de la seule musique, la réponse est claire: “nous vendons des CD mais aussi des concerts, mais on pourrait clairement vivre sans le merch. C’est juste un petit plus. En revanche on ne pourrait pas vivre qu’avec la vente de musique, mais avec musique + spectacles (+ emplois aidés!), ça fonctionne.”

Rester à flot par tous les moyens est un objectif irraisonné. La seule manière honnête pour un label de gagner de l’argent, c’est de vendre de la musique. Cela nous a toujours gênés de vendre autre chose“.

Entre raison financière et volonté de garder sa conscience artistique intacte, il existe désormais un monde que la crise de la musique enregistrée a crée. Jean-René Etienne et Emile Shahidi apportent un élément d’explication pertinent même si pas unique : “La musique est dévaluée […] Au jour d’aujour’hui, la musique n’est pas même le second, le troisième ou le dixième des intérêts et éléments de culture. La mode, Apple, les jeux vidéos, les outils high-tech, les réseaux sociaux etc sont passés devant. J’imagine que c’est cool… Mais je ne veux pas avoir à devenir une dépendance de la mode. Tout comme je refuse de presser un artiste à sortir des titres à moitié aboutis chaque mois juste pour qu’il reste dans le coup.

La mort très publique d’Institubes n’est pas un cas isolé, mais plutôt la partie émergée de l’iceberg constitué d’autres labels, moins connus, moins hype qui disparaissent chaque jour. Les nombreuses réactions ce matin sur les réseaux sociaux prouvent un point qu’il ne faut pas oublier. Le collectif est né en pleine crise et a réussi à vivre pendant huit ans, en produisant un nombre d’artistes considérable et réussissant à s’imposer sans trop sacrifier son intégrité artistique. Pour cela, il manquera sans doute au paysage musical, mais quitte la scène avec classe, en offrant une réflexion pertinente si ce n’est nouvelle sur la vie des petites structures.

Crédits photos : FlickR CC Caesar Sebastien

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Découvrez Cannibal by Sacha Di Manolo http://owni.fr/2011/03/07/decouvrez-cannibal-by-sacha-di-manolo/ http://owni.fr/2011/03/07/decouvrez-cannibal-by-sacha-di-manolo/#comments Mon, 07 Mar 2011 17:08:07 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=30751 Sasha Di Manolo passe son temps à la recherche de sonorités plus ou moins étranges. Nous le rencontrons dans un café, et en arrivant, il nous raconte les discussions qu’il a entendues à droite à gauche. Nous avons vite abordé sa passion pour les vinyles, qu’il collectionne de façon frénétique. Il passe son temps à la recherche de sons, sait en apprécier les qualités de façon précise afin d’en extraire le nectar et produire le sien. Sacha ne se prend pas au sérieux et réussit à vivre de ses productions. Il sait dire quelle sortie plaira à quel public et n’a pas peur du commerce de ses fruits.

Il n’aime pas, comme la majorité des artistes, qu’on le classe, (“ça m’déprime”) et c’est vrai que son genre qu’il dit lui-même être du hip hop, ressemble pour nous plus à du trip-hop mais ce terme lui fait penser à de la musique d’ascenseur, pareil pour le lounge ou l’electro, qui sont des style à forte connotation dans lesquels il ne se reconnaît pas. Il fait de la musique soyeuse qui n’a pourtant pas pour intention de se fondre dans le paysage. Il s’inspire de tout et de rien, à l’instar de l’art contemporain, ses titres ne se veulent pas emplis de sens mais sont bien des titres qui dérangent. Ce ne sont pas forcément des pensées intellectuelles mais sont plutôt le reflet de ses expériences qui ont parfois du sens et qui parfois ne sont que des imprimés de sensations. A force de parler genre, il nous avoue avoir une profonde addiction pour l’absurde. Si l’absurde n’est pas un genre, il n’en reste pas moins une direction ou en tous cas, celle qui drive notre homme et cela peut expliquer bien des choses dans son oeuvre parfois mystique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Sacha s’inspire de toute forme musicale ? En fait, non, il a clairement un penchant pour les bizarreries électroniques des années cinquante et soixante, il utilise comme sources pour son travail les musiques traditionnelles, s’inspire d’une folk aux limites de la justesse, des grooves à la brésilienne en passant par les lamentations argentines, de la basse et l’intensité de la black music, le dansant, la musique au mètre, le faux, le velours…

Cannibal, c’est sa deuxième collaboration avec Ekler’O’shock, un label fondé par Matthieu Gazier (aussi responsable de Mobile Roadie France). Le premier, c’était le 45 tours Ride On. Malgré son amour pour le vinyle, on s’étonne de constater qu’il ne distribue cet EP qu’en digital. Le format physique est en fait réservé à la sortie d’un album, d’une douzaine de titres, dont certains sont déjà présents sur l’EP.

Sacha Di Manolo, du vrai nom de Sacha Sieff est Parisien, de père et de mère photographes dont Sonia Sieff, la soeur du personnage qui nous inspire aujourd’hui, attirée par l’image a suivi les traces de ses parents. Comme souvent dans les familles d’artistes, il existe un vilain petit canard. Lui, a délaissé le piano et la pellicule et s’essaie d’abord au scratch, au collage, au remixage. Il finit par se procurer un synthé, commence à “chanter” pour arriver à la production et à la composition.

Sacha Di Manolo, musique et images

Son statut, c’est donc compositeur, il fait de la musique pour des films, des pubs et utilise peu de samples pour ses activités “commerciales” pour la simple et bonne raison que c’est administrativement trop compliqué. La licence de samples, c’est infernal !

Des fois, clearer, ça veut juste dire perde du temps. Tu rentres dans un process juridique qui est long et chiant. Moi, je rêverais de pouvoir clearer quelques choses, faire des projets en faisant les choses bien, mais il y a pleins d’éditeurs protecteurs qui ne font pas leur boulot, qui son des grands-pères avec leurs catalogues d’éditions.

Il fait donc tout tout seul et ça marche bien. Il travaille régulièrement, compose pour la synchro et sort ses projets plus personnels avec Ekler’O’Shock.
Sans doute sa particulière appréciation des différences sonores lui permet-elle d’être efficace dans la fabrication d’identité sonores, subtiles, discrètes mais efficaces pour Hermes, YSL, Citroën, les compilations de Béatrice Ardisson pour qui il reprend Let’s Spend The Night Together des Rolling Stones ou encore Heroes de David Bowie avec Mark Kerr.

Puriste du son

Il fait partie de la génération qui ne comprend pas les “digital natives”, pire ça l’effraie. Même s’il fut le premier à utiliser Napster et megaupload à outrance afin de découvrir de la musique. Sa plateforme préférée : Soundcloud. “C’est une plateforme pour les puristes, il n’y a pas le blabla qu’on trouve sur Myspace”. Par contre, lui, il achète, c’est un gros consommateur de physique.

(A force d’interviews on commence à se demander finalement si les artistes eux-même ne sont pas les plus grand consommateurs de musique et par conséquent, l’une des solutions pour cette industrie en crise ne se trouverait-elle pas dans l’éducation des publics par l’apprentissage de la musique? Créer des artistes qui consomment de la musique.)

Il comprend le fait de télécharger mais lui, ce qu’il ne comprend pas c’est de ne pas donner la possibilité aux gens d’écouter du son de qualité et que les gens n’aient pas la curiosité de les chercher. Offrir un MP3 au même prix qu’un .Wav, c’est pour lui la plus grosse boulette de l’industrie en plus des autres qu’ils accumulent.

L’industrie elle réagit en retard à chaque coup, elle avance tout doucement. Elle fait sa victime. C’est devenu un peu sclérosé, les gens ne prennent plus de risques, ils ont peur. C’est un peu hypocrite de la part des maisons de disques de dire qu’on peut plus investir. Même si le disque ne constitue plus le principal de leurs revenus, ils trouvent d’autres moyens de combler les pertes. Il reste encore pleins de très bons labels qui ont le courage d’investir mais les majors en général pour moi ce sont vraiment des espèces de dinosaures, des escargots… Ils s’y sont vraiment mal pris avec le téléchargement. Qu’ils mettent les albums accessibles à 10€ sur Itunes store, il y a pleins de gens qui trouvent ça génial, moi je trouve ça lamentable. Soit tu achètes l’album à 10€ à un format correct ou au moins, on te laisses le choix. Moi je mettrai les album en MP3 à 5€, en tout cas deux fois moins cher et la possibilité d’obtenir un format de bonne qualité type Wav.

Faire de la musique intègre et la vendre à des marques n’est pas contradictoire

Nous lui demandons si le fait de considérer la musique comme un produit d’appel est une notion qui le dérange. C’est à dire utiliser la musique pour vendre d’autres choses.

“ Moi, ça a toujours été un peu mon cas. Vu que ce n’est pas pour l’instant mes “concerts” qui me font gagner de l’argent, moi, c’est la synchro. J’ai toujours vécu la musique de cette manière. Je ne trouve pas ça dégradant puisque parfois, mes morceaux de projets solo, ce sont ceux-là qu’on va me demander pour de la pub alors qu’ils n’ont pas été crées pour ça et dans ce cas là, c’est génial, parce que je fais de la musique que j’aime et on va me les demander pour en faire une utilisation commerciale.”

Tu ne trouve donc pas ça dégradant qu’on considère ton art comme un produit utilitaire?

C’est très prétentieux d’être scandalisé par cette idée. Tu peux faire de la musique intègre et la vendre à des marques un peu à la con.

“Je trouve pas ça du tout scandaleux. Je pense à Gainsbourg qui disait qu’il préfère une mec qui écrit quelque chose d’un peu cheesy, pas très profond qu’un faux mec qui va faire de la musique engagée de chez engagé mais mauvaise.
La musique c’est pas que du premier degrés, c’est pas que un truc torturé et intellectuel. Ca peut l’être mais moi quand j’écris des morceaux en anglais, je ne suis pas un grand poète anglais, ou un cerveau, je ne maîtrise pas cette langue de manière poétique et j’en ai rien à foutre.”

“J’écris des morceaux en anglais, c’est facile et c’est pas pour ça que c’est pas intègre. C’est juste que ça n’a pas vocation à ce qu’on y perçoive un sens, une référence à Orson Wells ou je sais quoi. Je pense qu’il faut arrêter avec cette hypocrisie. Mieux vaut faire de la bonne pop que de la mauvaise chanson intègre. Pourtant, j’aime profondément la musique. Mais la pub n’a rien à voir avec mon intégrité.”

Faites un tour sur l’excellent blog de Sacha

Crédits photos tous droits réservés : Frédéric P. Méry, Sonia Sieff

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Luz dessine le clubbing du plaisir http://owni.fr/2011/03/05/luz-dessine-le-clubbing-du-plaisir/ http://owni.fr/2011/03/05/luz-dessine-le-clubbing-du-plaisir/#comments Sat, 05 Mar 2011 08:00:06 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=30739 Florian Pittion-Rossillon nous propose une nouvelle interview passionnante d’un acteur de la scène clubbing française. Retrouvez ses autres papiers sur son excellent blog Culture DJ.

Luz est un des piliers de Charlie Hebdo. Dessinateur politique à l’humour acéré, c’est aussi un jouisseur pour qui le DJing est l’occasion de se vautrer dans une luxure d’esthète : celle de transmettre sa vision musicale en faisant danser les gens. Où quand un trentenaire humaniste à la culture rock est arrivé, en prenant les chemins du plaisir, à faire le lien avec les perspectives de l’electro. D’où le jouissif “King of Klub“, dernier recueil en date.

Et quand Luz le caricaturiste politique met son art de l’observation au service de la musique live, il en révèle les plus lointains et primaires soubassements. Et quant à la question ô combien récurrente de l’état du clubbing français, Luz apporte quelques réponses… basées sur le rythme, la basse, et … « une hystérie spatio-metal ». Luz + musique = voyage.

Vous avez une culture très rock. Comment êtes-vous devenu DJ, cette figure de musicien méprisée des rockers ?

Le lien s’est fait tout seul car je suis devenu DJ à une période où le DJ n’était plus méprisé des rockers. C’était la belle affaire des années 2000, après l’arrivée des 2 Many DJs, qui ont eu cette bonne inspiration de mélanger tous les styles musicaux, en passant du coq à l’âne. Je suis arrivé là-dedans par hasard. C’était par l’intermédiaire de l’équipe du magazine Magic. Ils m’ont fait mixer dans une soirée Blur. Ils se sont aperçus que je n’avais passé aucun titre de ce groupe, alors ils ont décrété que j’étais un très bon DJ et qu’il fallait que je recommence.

Ce qui m’a intéressé, c’est le fait de pouvoir transmettre des envies musicales, en établissant un lien de confiance avec le public en face de moi. Et cela sans être ennuyeux… C’est mon obsession depuis que je suis gamin : comment transmettre la musique à des gens qui ne la connaissent pas.

Luz et sa compagne Stéphanie Meylan, photographe

Avec votre expérience, quelle est aujourd’hui votre conception du DJing ?

Mon anti-conception plutôt, c’est ce que m’a dit un DJ rock un jour : « Il faut pouvoir être plus intelligent que ton public ». Je me suis demandé ce que ça pouvait bien signifier… Mais il avait un collier à boules en bois, et en général tu portes assez peu de crédit à quelqu’un qui porte ça. Et j’ai eu la conviction que je ne voulais pas ressembler à ce genre d’individu. Car quand tu mixes, tu amènes une partie de toi-même. Quand tu mixes chez les autres, il faut d’abord écouter les disques chez soi, dans l’intimité. Et la transmission de cette intimité passe aussi par ce que tu veux présenter de toi. Cela change tous les jours, toutes les semaines. Donc un DJ qui sait d’avance ce qu’il va passer, du premier au dernier morceau, ce n’est pas un DJ… OK il sait enchaîner mais sans plus. Tu dois construire une histoire en direct. Donc : improvisation, de telle sorte que, racontant ton histoire, les gens te racontent la leur. Si tout d’un coup il n’y a plus de réaction, ou si au contraire ça réagit sur un morceau, c’est une information, ça a un sens. Et cela change ta manière de raconter l’histoire.

Mise en danger

Très attentif au public donc ?

A mort. Surtout que le premier intérêt de tout cela, c’est cette mise en danger. C’est ce qui m’a tout de suite plu : le fait que les gens voient ton travail en direct, ce que tu n’as pas dans le dessin. Et aussi ce qui est bien, c’est d’accomplir ce rêve d’adolescent, d’arriver et de dire « Bonsoir Paris ! »… quand tu es à Paris. Ou « Bonsoir Dijon ! » quand tu es à Dijon. Donc ça caresse l’égo, à condition de mettre des choses qui viennent de toi. Si tu ne mets que des tubes du moment, OK les gens sont contents, mais qu’as-tu amené de toi ? Être DJ, c’est le meilleur moyen d’aller dans une soirée où il y a de la bonne musique puisque c’est la tienne qui passe. Donc si tu ne passes que ce que les gens attendent, tu finis par passer de la merde. Donc tu passes de la musique que tu défends. Ca m’est arrivé de jouer ce que les gens attendaient, car parfois on se cherche… Mais à quoi ça sert ? Cela dit il ne faut pas être non plus dans le plan ultra-autiste du mec qui ne fait pas attention à ce qu’il y a autour de lui.

Votre meilleur souvenir de mix ?

Le festival Benicassim quand j’ai joué dans la tente Pop. J’avais mixé tard, à 4h du matin. Je devais mixer une heure et demie. Avant ça, ambiance Benicassim, Espagne… J’avais fait Pac Man toute la journée. Tout y est passé. Tout. Les copains me disaient que je ne pouvais pas monter sur scène. Moi ça allait très bien, j’étais super conscient. J’étais dans un état de sur-stonerie et je voyais très bien ce que je voulais faire. J’ai pris les platines. Je me suis lancé dans un show bizarre. Je me suis dessiné sur le corps, des trucs comme ça… A un moment, j’ai passé un morceau des Breeders, et un deuxième, car j’ai raté mon enchaînement avec l’autre morceau que j’avais prévu. Mais personne ne s’en est aperçu tellement les gens étaient à bloc.

Je me suis dit que j’avais fait une connerie devant 2000 personnes.

Bref, tout roulait. A un moment, j’ai eu envie de silence, j’ai mis « Hallelujah » de Jeff Buckley, ça a scotché tout le monde, moi y compris. Je me suis dit que j’avais fait une connerie devant 2000 personnes. Mais les gens se tenaient par la main, s’embrassaient, pleuraient. Tout le monde a eu la même remontée de drogue au même moment. C’était LOVE ! J’en ai encore des frissons. Voilà, ça c’était très intime : on se sent bien ensemble, on teste un truc. Si les gens se sentent bien avec toi, on se sent beaucoup plus libre d’essayer.

Pacman la nuit, Pacman le jour : les deux visages d'un héros très populaire, entre lesquels la joie s'infiltre.

Y-a-t-il une spécificité du DJing à la française (par rapport à un style de DJing des autres pays) ? Si oui laquelle ?

Je n’ai pas l’impression. Ou alors c’est le fait de vouloir faire plus Ed Banger que Ed Banger. Alors ça c’est très français. Et ça c’est très très dur. Surtout quand tu as une soirée en France avec Ed Banger et les clones de Ed Banger réunis. Je me souviens d’une soirée au Rex, comme ça. C’était plus possible.

Justice sur NRJ, c’était comme  une grande victoire.

Mais je trouve ça bien, Ed Banger. Je trouve ça bien qu’il y ait une marque qui signifie à l’international qu’il se passe quelque chose en France, mais aussi qui signifie aux français qu’il se passe quelque chose chez eux. Et que cela traverse la barricade de la radio populaire. La première fois que j’ai entendu Justice sur NRJ, c’était comme  une grande victoire, même si c’est une radio mainstream. Normalement, quand tu es un groupe français qui fait de la musique instrumentale, tu n’es pas sur les ondes, ce que j’ai compris un jour où Jean-Michel Jarre pleurnichait, car il n’est pas considéré comme de la musique française. Donc il ne rentre pas dans les quotas. Alors si la musique française qui ne rentre pas dans les quotas arrive à percer les quotas et devenir mainstream, c’est intéressant. C’est un combat gagné, en tous cas une brèche.

La basse qui malaxe

Quel est le clubber qui est en vous ?

Le clubber en moi est multiple ! En tant que clubber j’aime être surpris. J’aime quand je suis au bar et me faire avoir par le DJ, de telle sorte que je suis attiré sur le dancefloor.

Avec quel genre de musique ?

N’importe laquelle. Cela dit il me faut de la basse. Une basse roulante, un drive. Qui me malaxe les couilles. De la basse physique. Et ça tu l’as dans presque toutes les musiques.

Luz, entre abandon de soi et sauvagerie festive.

Vous êtes très ami avec James Murphy de LCD Soundsystem…

Oui. Il a été étiqueté electro-rock, alors que c’est un discoboy. Il écoute de la disco. Sauf qu’il est passé par le grunge, plein d’autres choses… Mais il a une manière disco. LCD a été très important, car j’ai compris que ce que j’écoutais depuis des années pouvait être joyeux. La première fois que je suis tombé sur le EP « Losing My Edge », j’étais à fond dans le post-punk genre The Fall, du punk intellectuel… Et tout d’un coup j’entends ça, qui est du The Fall avec un truc dans le slip, jouissif, chaloupé. J’aime le chaloupement. C’est ce qui me fait aller sur le dancefloor comme attiré par le joueur de flûte qui attire les rats. Je veux être comme un rat qu’on conduit dans le ravin du dancefloor. Ca c’est vraiment excitant. Donc avec « Losing My Edge », j’ai compris que la musique n’était pas uniquement faite pour écouter chez soi. Il y a une transmission. Un besoin de se libérer de l’écoute intime pour la partager avec les autres sur le dancefloor.

Je veux être comme un rat qu’on conduit dans le ravin du dancefloor.

LCD, c’est la quintessence de ce que j’aime car c’est un passeur. Il assume de dire que sa musique, il ne la crée pas de rien. Il y a des influences Eno, Bowie, disco, punk, pop. C’est une musique qui te dit : « commence par moi, et vas chercher ailleurs ». Un de mes amis m’a dit : « Je suis très jaloux des jeunes gens qui ont découvert la musique avec LCD Soundsystem ». C’est magnifique. Je suis aussi très jaloux… J’ai découvert des choses avec LCD, mais j’en connaissais pas mal. Il a fait naître des auditeurs electro-rock. Ni electro ni rock… ni pop mais pop en même temps. Ni hip-hop mais hip-hop en même temps. Et donc ces auditeurs sont obligés d’aller voir ailleurs pour trouver encore mieux. Il a cette humilité de dire « Je ne suis pas le meilleur groupe du monde. Les meilleurs groupes du monde, je les ai écoutés et ils passent à travers moi ».

Prétention & détention

C’est quoi le problème du clubbing à la française ?

Quand tu es sur le dancefloor en France, il faut pouvoir exprimer au DJ qu’il doit te mériter. C’est insupportable, et c’est très français. Il y a un problème français tout court, le même dans tous les secteurs culturels. La prétention d’être détenteur d’un passé glorieux et de tout mesurer à l’aune de cette référence. On fait la morale à tout le monde et on a du mal à regarder ce qu’on fait nous-mêmes. On se targue de Hugo, de Balzac, d’être un grand pays de littérature alors qu’en la matière on ne fait plus rien depuis des années. En musique électronique, on peut dire qu’il y a eu Daft Punk. So what ? OK, il y a eu ce truc prestigieux car d’un coup l’international nous a regardés.

Luz, qui dessine souvent la Une de Charlie Hebdo, prouve qu'on peut être DJ et avoir de l'humour. Rare.

Les anglais ont quelque chose de très bien : le NME. Un journal où la musique populaire est traitée pour ce qu’elle est : superficielle. Et on en parle de manière superficielle. On assume cette idée. On ne fait pas semblant de croire que la musique, c’est de l’histoire. Les groupes qui sont présentés sont des kleenex, ils se bagarrent entre eux, on leur pose des questions vachardes et après on les jette. Comme les groupes ont conscience d’être des kleenex, ils sont plus libres que les autres. Ils savent qu’on peut les jeter au bout de trois ans, mais qu’au bout de dix ans ils peuvent réapparaître avec un autre projet. Chez  nous, les groupes sont des mouchoirs en soie, on se branle dedans et on les met sous un cadre avec des moulures.

Cette morgue, cette prétention très française se retrouve aussi dans le clubbing. Le clubbing, c’est sérieux.

Je constate ça dans la chanson française : il faut rentrer dans cette petite photo où il y a Brassens, Brel et Ferré, pour être le quatrième… En pop/rock, si c’est chanté en anglais, ça se voudra très sérieux. Cette morgue, cette prétention très française se retrouve aussi dans le clubbing. Le clubbing, c’est sérieux. La manière de prendre des drogues, c’est sérieux. La manière de boire, c’est sérieux.

Il y a des spécificités de culture. L’esprit français, ça existe. Cette petite prétention permanente. Les clubbers français attendent l’excellence. Ils veulent avoir le moment historique. Mais bon, ça suffit ! On est aussi là pour prendre du plaisir ! Alors maintenant qu’à Paris il y a très peu de clubs et qu’ils sont très chers, on va à l’étranger.

Alors il n’y a pas d’espoir pour le clubbing à la française ?

Je n’en sais rien… Un truc qui me fait marrer, c’est quand les gens disent qu’ils ne vont plus en club car les boissons sont trop chères. J’ai envie de leur dire « T’as qu’à danser, connard, et après tu bois un coca ! ». Si aller en club, c’est uniquement pour se saoûler la gueule, tant pis. Après, je ne sais pas vraiment où se situe la faille, en France. C’est moins fun.

Bande kilométrique sous Traktor

Donc vous concevez une scène musicale vouée à l’entertainment ?

Oui. C’est plus simple.

Sachant qu’entertainment, c’est un gros mot, en France.

Ouh là oui, c’est un gros mot ! Moi j’assume la superficialité. En tant que DJ, j’ai le souci de transmettre des « valeurs musicales », une façon d’écouter la musique que j’aime, une sensibilité. Mais si les gens n’aiment pas et restent au bar, ce n’est pas grave. S’ils ne se barrent pas, c’est déjà une bonne soirée pour eux.

Il faut bien ça pour désamorcer l'insupportable charge béni oui-oui de la chanson française...

Mais si tu vas dans un petit club à Paris, tu auras un mec derrière son laptop, qui te regarde avec une condescendance d’insupportable connard. Tu t’en fous, tu es venu danser. Mais tu ne peux pas ! Car son truc, c’est de faire de la bande kilométrique sous Traktor. Et tu te dis, « Qu’est-ce que je fous là, je ne suis pas là pour la musique ?!? », justement d’ailleurs parce que le mec n’est pas là pour la musique. Si le DJ est là pour la musique, il est là pour transmettre quelque chose de la musique. Son petit set sous Traktor, on s’en branle.

Le problème avec Traktor, c’est le niveau de bpm qui est toujours le même.

Est-ce que Traktor est un des drames qui afflige l’art du DJing ?

A fond ! Bon, c’est super pour faire des enchaînements. Je suis désespéré de ne pas savoir faire de vrais mix, je ne serai toute ma vie qu’un selector mineur. Mais le problème avec Traktor, c’est le niveau de bpm qui est toujours le même. 124bpm. Fuck ! En tant que clubber, je veux me faire gifler ! Me faire fouetter ! J’ai envie qu’on m’embarque ailleurs, que ça ne soit pas monorythmique. Ce qui tue le clubbing, c’est le monorythme. Si c’est du très bas bpm, ça peut à la limite t’embarquer dans un truc un peu spatial, tout dépend de ce que tu as fait avant, pendant, et de ce que tu feras peut-être après. Mais si tu fais du Ed Banger ou de la minimale allemande et que tu as toujours le même rythme, finalement, c’est pas plus intéressant que la musique du Buddha Bar. Papier peint sonore. Pour moi le rythme est un élément essentiel du DJing. Jouer avec, pouvoir le casser, le ralentir, l’augmenter, le fracasser. C’est ça qui était intéressant dans les productions de Ed Banger à un certain moment, c’était le cassage de rythme. Du côté de chez Institubes il y a eu des choses pas mal de ce point de vue là aussi. Mais 4 ou 6 heures sur un rythme identique, c’est difficilement tenable.

J’ai dansé là-dessus, qui suis-je ?

C’est pour ça que j’aimais bien les sets de Jean Nippon. Il y a un lien entre le R&B et le hardcore sans que ce soit simplement juxtaposé ! Il m’a foutu en transe ! Comment il a réussi à me faire danser sur du zouk, alors que deux secondes j’étais à bloc sur une hystérie spatio-metal, je ne comprends pas. Il réussit à te faire te surprendre toi-même. Tu te dis, « J’ai dansé là-dessus, qu’est-ce qui s’est passé ? Qui suis-je (rires) ? ». Quand c’est toujours le même rythme, ça arrive difficilement.

La couverture du salvateur "King of Klub", qui démystifie les dieux vivants du DJing à la française.

Quel est votre rapport aux musiciens ? Avez-vous besoin de les idéaliser pour les dessiner comme vous le faites ?

Non, car idéaliser les gens les rend difficiles à dessiner. Par exemple, Philippe Katerine. Quand j’ai voulu le dessiner en concert pendant les premiers morceaux, ça ne marchait pas du tout. Parce que je l’avais déjà beaucoup vu à la télévision, il faisait partie de ma famille visuelle. Genre Sarkozy on le voit tellement à la télévision, on croit que c’est le voisin de palier. On ne remarque plus rien. Si je devais voir un concert de Bowie, ça serait difficile pour moi de le dessiner très vite. Par contre, ce qui est intéressant dans les dessins de concert, c’est de ne pas aller dans le portrait. Alors ça me change de mon travail de caricaturiste. C’est mon repos. Tu n’as pas besoin de faire quelque chose de ressemblant.

Dépassement du corps

Dessiner l’univers de la musique, c’est plus libre ?

Oui car on est dans le reportage. Et on peut mettre en scène du fantasme. C’est pour ça que j’aime bien le travail que je fais avec Stéphanie Meylan (sa compagne, NDA). En concert elle fait des portraits photo très rapprochés. C’est une fan qui voudrait lécher la joue de chaque musicien. Donc moi ça me dégage de l’obligation de faire un dessin ressemblant. Je m’attache donc à la justesse des mouvements, à la bonne représentation de la façon dont quelqu’un veut représenter sa musique sur scène. C’est ça que j’aime dans le live : la manière qu’ont les gens de s’auto-représenter et de représenter leur travail.

Une logique de spectacle pur, donc ?

Oui, parce que si je vais dessiner un concert folk, ça pourra être très joli, mais ça sera sans intérêt. Parce que je ne vais pas bouger… Sauf à de rares exceptions. Comme quand j’ai dessiné Antony and the Johnsons. Il y a un truc qui s’est passé entre moi et, euh… Antony (rires) ! Tout d’un coup il a dégagé un truc, alors qu’il ne fout rien. Il a une tronche, un corps bizarre, mais il est arrivé un dépassement de ce corps que j’ai pu essayer de traduire en dessin.

"Celui qui faire danser les filles saura, en feu le dancefloor mettra." (Tables de la Loi du DJ, verset 66)

Ce que vous dessinez, ce sont les impressions et les émotions liées à ces impressions, plus que du fantasme ?

Oui, plus que du fantasme. Il faut que le concert s’écrive sur moi, pour que je puisse le dessiner.

La réalité de l’énergie

Vous dessinez le passage de l’énergie live sur vous ?

Oui. C’est cette énergie qui est super excitante quand on dessine. Moi je dessine en apnée. A chaque trait, je ne respire pas. Quand tu dessines dans un concert, tu es obligé d’arrêter de danser, à un moment donné. Et c’est génial. Tout d’un coup, tu ressens juste la musique. Et donc le dessin est un moyen de se remplir de l’énergie de l’autre. Et puis je ne suis pas un bon portraitiste, donc je vais vers la caricature. Du coup, j’assume de ne pas traduire la réalité, mais l’énergie. Comme l’énergie ça n’existe pas, la réalité de l’énergie se réinvente en permanence.

En tant que dessinateur politique vous pouvez être très engagé. Mais côté musique, il n’y a pas d’engagement. Est-ce que c’est crédible, d’ailleurs, la musique engagée politiquement ? Avec le recul, on peut dire par exemple que les Clash et leurs agitations marxisantes, c’était petit-bourgeois et compagnie…

Je parlerais plutôt des Dead Kennedys. Il y a une démarche politique précise, et une démarche artistique qui s’assume en dehors de la politique, qui relève plutôt de la manière de chanter du chanteur Jello Biafra. Il montre qu’il a du recul sur son propre discours. Et il y a une manière de jouer en live avec la politique qui est unique. Il se drape toujours dans le discours du salaud, pour le rendre ridicule. Quand Biafra chante, ce n’est pas lui qui chante. Biafra chante les comportements d’une crapule. Sur scène, c’est un grand théâtre… Dans « California Über Alles » (chanson mythique des Dead Kennedys de 1979, portant sur la politique du gouverneur de Californie de l’époque, Jerry Brown – NDA), il imitait Jerry Brown, puis Schwarzenegger. Et il va réimiter Jerry Brown.

Pas besoin de mettre des paroles pour faire de la musique politique.

Bref, ici, la politique, elle est déjà dans la manière de jouer la musique. Pas besoin de mettre des paroles pour faire de la musique politique. La musique politique, ça a du sens. C’est la musique qui n’est pas circonscrite. La musique circonscrite, c’est de la musique fasciste. Genre les derniers albums de Madonna. Elle est dans un genre dont elle ne sort pas. Elle a vocation à drainer les foules non pas pour transmettre quelque chose de la musique mais pour gagner de l’argent. Elle ne donne rien, elle ne partage pas, ne pose pas de questions.

Jello Biafra, chanteur des Dead Kennedys, groupe légendaire du punk américain (ici dans ses jeunes années)

Donc la musique politique, c’est la musique qui questionne, même s’il n’y a pas de paroles qui appellent à la révolution ?

Oui… J’ai un ressenti très particulier quand j’entends certains morceaux, par exemple le premier album de Superpitcher, qui continue de me questionner en permanence. C’est pour moi de la véritable musique politique, parce que ça libère, ça fait avancer sur autre chose. Physiquement, tu peux ressentir de la mélancolie, et donc tu te demandes, « qu’est-ce que ça veut dire de moi ? », et donc on peut trouver des réponses qu’on ne trouvera pas dans un discours politique, et qui feront avancer aussi. Je préfère la musique politique aux chansons politiques.

Chercher les gens

Quel est votre regard sur le vieillissement de la culture rock, avec d’un côté Iggy inamovible et tout en muscles, et de l’autre côté la cohorte qui oscille entre épave et maquillage ? Est-ce que ça peut vieillir autrement qu’en étant un objet de musée ?

En fait Iggy n’est pas un objet de musée. Je l’ai revu il y a quelques mois. Ses concerts sont d’une générosité incroyable. Il donne beaucoup et va chercher le public, le provoque. Il ne fout plus sa bite à l’air, cela dit. C’était une marque de fabrique. Mais s’il foutait encore sa bite à l’air, ça poserait un problème. C’est peut-être plus très joli à voir (Iggy est né en 1947, NDA). Bref, c’était un concert à Paléo, un gros festival suisse. Des gens étaient déçus, car ils venaient voir l’icône, et ils demandaient, « mais comment un type de son âge peut-il faire des choses pareilles ? ». Et là, Iggy était venu chercher les gens, un peu comme Saint Sébastien, tout le temps à montrer son torse, façon de dire aux gens « Réagissez, je suis peut-être votre idole, je suis peut-être un vieux con, mais réagissez, je veux que vous ayez une réaction autre que celle que vous avez d’habitude ».

L'affiche d'une exposition dédiée à "Trois premiers morceaux sans flash", le livre de Stefmel et Luz mêlant photos de concert et dessins. Ici : Iggy, tout en peau.

Et tous les autres ? Ozzy (Ozzy Osbourne, NDA), par exemple.

Ozzy, premier album génial, mais Ozzy on s’en fout (rires) ! Par contre, Suicide, c’est intéressant. Ils vieillissent bien.

La mort la plus horrible, ça serait de tomber dans les tripes d’Alan Vega sans savoir comment en sortir.

Déjà ils vieillissent, c’est bien.

C’est un exploit… Musicalement, même le dernier album de Martin Rev (un des deux membres de Suicide – NDA), sur la mort de sa femme. Il a écrit une musique très symphonique… Le type propose un monde intérieur rare, alors même que c’est du pur rock’n roll. Ils ne se sont jamais demandé s’ils faisaient de la musique électronique. C’est beaucoup plus rock’n roll que les White Stripes. C’est une réinvention. L’album d’Alan Vega (le chanteur de Suicide – NDA) avec Marc Hurtado qui s’appelle « Sniper », c’est hyper bien, à part quelques poncifs. Ils te balancent dans les tréfonds. Vega t’embarque dans ses tripes. D’ailleurs, la mort la plus horrible, ça serait de tomber dans les tripes d’Alan Vega sans savoir comment en sortir. Mais ça serait l’expérience la plus géniale. Voilà, cet album est comme ça (rires). Eux, Suicide, vieillissent bien. Ils ont quelque chose à proposer tellement ils se mettent encore en danger. Le fait de mettre par terre devant les autres son intimité est éminemment politique. Le rock’n roll a été une forme de proposition. Qui, aujourd’hui, fait ce genre de proposition là ? Je ne sais pas si les White Stripes vont bien vieillir. D’ailleurs ils viennent de se séparer. Les Kills, peut-être. Mais c’est déjà vieux. En tous cas ça vieillira beaucoup mieux que les BB Brunes ! (Rires de fin).

Crédit photo “Luz et sa compagne Stéphanie Meylan, photographe” : Renaud Monfourny

Article initialement publié sur Culture DJ

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Découvrez Invisible by Aloan http://owni.fr/2011/03/01/decouvrez-invisible-by-aloan/ http://owni.fr/2011/03/01/decouvrez-invisible-by-aloan/#comments Tue, 01 Mar 2011 12:10:59 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=30588 Aloan a longtemps été un collectif dont Alain Frey est le créateur. Un collectif de musiciens qui se plaît à inviter des chanteurs à poser leur voix sur leurs compositions. Aujourd’hui, c’est un groupe qui a adopté une chanteuse, Lyn M. Une voix soul investie d’une énergie pop, et un MC qui agit sous le pseudo de Granité, qui prête son flow grave et fluide pour compléter la formation electro/trip hop/soul/pop. Assez insaisissable donc.

La notoriété des Genevois est depuis longtemps confirmée chez nos voisins Suisses, Aloan promenant son univers délicieusement rétro et inspiré depuis le début des années 2000. Après deux disques (Palmyr en 2002, et We Play en 2005) Aloan se fait remarquer en 2007 avec Better In Springtime, à la teinte soul / trip-hop affirmée. Le dernier album, sorti en 2009, s’appelle Pretty Freaks et embrasse un virage pop que la voix sensuelle de Lyn rapproche toujours de ses racines soul.

La scène a déjà permis au groupe de s’exporter hors de son territoire natal, avec notamment des dates à Paris (Zénith, Palais des Sports) à Bruxelles (Forest National), aux Eurockéennes de Belfort ou encore au Printemps de Bourges. Aujourd’hui, le média internet constitue le relais le plus efficace du groupe, et leur permet de faire connaître leur musique loin de leur pays d’origine.

Cette semaine leur voyage les ramène à Paris, pour une escale chez OWNImusic, qui, espérons-le leur ouvrira d’autres horizons encore. C’est un plaisir de proposer Invisible, un morceau limpide et puissant à la fois, un véritable voyage dans le monde coloré d’Aloan qui devrait vous emporter sans mal.

Votre notoriété est certaine en Suisse. Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour percer en France?

Nous avons fait de belles dates en France depuis quelques années, Eurokéennes de Belfort,Printemps de Bourges, Zénith de Paris (première partie Joes Cocker), Tournée des Blue Man Group (première partie) etc… Nous avons fait des rencontres très sérieuses lors de ces concerts, nous avons été loin dans le processus, mais rien n’a finalement abouti. Nous arrivons malheureusement dans une période très sombre du business de la musique et les professionnels ne peuvent ou ne veulent plus prendre aucun risque.

Lyn, tu dis être contente que les artistes doivent faire beaucoup de scène au vu de la situation actuelle de l’industrie musicale. Est-ce que les revenus du live suffisent pour vous faire vivre?

Avec la Suisse uniquement, non. Le territoire est trop petit, et même si nous avons la chance d’avoir des cachets corrects, il est difficile de faire plus de 40 dates par an sur le territoire.

En général, que pensez-vous des changements qui s’opèrent dans l’industrie de la musique?

Il ne s’agit pas d’avoir un avis sur ces changements, c’est un fait, tout change et c’est peut-être bien.

Ce qui est dur c’est d’être tellement touché par quelque chose qui ne fait dans un sens pas partie de notre métier. Les musiciens continuent de composer, de jouer, la création ne s’arrête absolument pas et pourtant on essaie de nous faire croire que tout s’enraye et que nous sommes proches de la panne généralisée.

La question est: “comment vivre de la musique?” je pense qu’elle se pose depuis toujours. La vraie question serait plutôt: “comment a-t-on fait pour générer des millions avec la musique?”.

Dans tous les cas c’est une vraie révolution il faut que tout le monde s’adapte. Mais ce n’est pas évident de le faire tous au même moment ..

Entre le premier et le dernier album, le style a largement évolué. N’avez-vous pas peur de perdre votre public d’un album à l’autre?

Cela n’est pas une question de style. Nous évoluons, notre public évolue et je pense que nous sommes tous avides de nouveauté (je ne suis pas convaincue que les fans de Plamyr aimerait autant cet album si il sortait aujourd’hui…). Il ne s’agit pas de changer pour changer, mais de se transformer en fonction de ce qui se passe intérieurement et à l’extérieur.

La musique est une recherche et il faut parfois tout remettre en question. Mais si cela est fait avec intégrité et avec amour, elle se développe et emmène avec elle ceux qui la font et ceux qui l’écoute.

Par contre, la peur de faire de mauvaises chansons est omniprésente. C’est plutôt ce point là qui est le plus important. Faire et continuer à faire de bonnes chansons… la pression est immense et l’envie dévorante.

Quand avez-vous perçu les réseaux sociaux comme étant un outil indispensable à votre développement?

Cela fait pas mal de temps que nous avons constaté l’importance d’internet (nous utilisons énormément notre site). Concernant les réseaux sociaux, David est sans doute le plus au courant de nous et il nous a permis de ne pas être trop perdus dans cet univers. Par contre, si c’est un moyen extraordinaire de communication directe avec les gens, cela n’est pas non plus une priorité pour nous. Il est hors de question que nous passions tout notre temps à cliquer pour avoir un maximum de views au détriment du temps que nous passons à faire de la musique.

Par contre, il y a un côté assez extraordinaire dans le fait de pouvoir s’adresser à un groupe de personne et de les rallier autour d’un projet, d’un événement. Cela fait souffler un petit vent néo-révolutionnaire pas désagréable :-)

Quels sont vos projets pour la suite?

Cela devient une nécessité pour nous de sortir sur d’autres territoires. Nous avons pas mal travaillé sur l’Allemagne et sommes revenu récemment vers la France, nous espérons que cela nous emmènera sur la route…

Ecoutez Better In Springtime et Pretty Freaks sur Spotify !

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Retrouvez Aloan sur twitter, facebook, myspace

Crédits photos tous droits réservés : cover Paul Wal, live c.laffely, Amador Ortega

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[EXCLU] Rain Comptine by Colt Silvers http://owni.fr/2011/02/07/exclu-rain-comptine-by-colt-silvers/ http://owni.fr/2011/02/07/exclu-rain-comptine-by-colt-silvers/#comments Mon, 07 Feb 2011 17:33:14 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=30154 Un groupe = Un concept

On ne le dit jamais assez et les artistes acceptent en général mal le fait d’être classés et définis par un seul des multiples traits qui les caractérisent. Le fait de trouver un concept clair et facilement identifiable peut s’avérer très frustrant car loin de révéler la complexité et la panoplie des valeurs ajoutées qu’un corps artistique comporte pourtant, c’est un élément fondamental d’un point de vue marketing et permet aussi de ne pas se disperser dans le travail, en particulier pour un groupe en développement. Le groupe que nous avons rencontré pour vous cette semaine a non seulement su relever le défi de cette contrainte artistique mais s’efforce aussi de la traduire par une stratégie de communication. Un groupe qu’on pourrait donc qualifié de “moderne” qui trouve son équilibre avec un fonctionnement “semi DIY”.

Les membres de Colt Silvers (se prononce SilverS) se sont rencontrés en 2008. Ils partagent une passion commune, le cinéma et ses membres sont tous issus de culture rock. Nous avons rencontré Nicolas (bassiste) et Tristan (chanteur et guitariste) et ils semblent s’accorder sur le fait que ces deux éléments sont fondateurs et qu’ils dirigent le groupe.

Le but en créant Colt Silvers c’était d’utiliser notre expérience rock. Nous avons une passion commune qui se trouve être le cinéma. Films d’horreur, science fiction, amour pour le cinema d’où CS pour la consonance.

Pour ceux qui l’ignorent, Colt Silvers fait référence à plusieurs choses, la première étant bien évidemment “L’homme qui tombe à pic“. Colt a plusieurs significations: flingue, poney, poulain. Colt Silvers c’était donc pour Poulains d’argent !

Nos Poulains d’argent Strasbourgeois sont donc un concept et traduisent cet état d’esprit également dans leur stratégie de diffusion et de communication puisqu’aujourd’hui, il nous font l’honneur de diffuser le premier titre d’une série de 7 qui constituent leur tout nouvel EP “Acoustronics”.

Chaque semaine, à partir d’aujourd’hui, à l’instar des séries, un titre sera diffusé sur la toile. Le principe est que chaque titre est inspiré d’un thème de film et comprend le chant des titres du premier album. Cette stratégie conçue pour engager les fans les intègrera donc dans le jeu en leur faisant retrouver les thèmes de cinéma utilisés dans les compos.  L’hommage au cinéma est plus appuyé que dans leur précèdent projet et la couleur des compositions est aussi légèrement différente. Les acoustiques fonctionnant  bien, ils ont tenté de donner une couleur plus organique à leurs productions.

L’équipe est familière des réseaux sociaux et ils ont toujours su optimiser les retours de leurs fans et faire évoluer leur concept. On remarque que tous les changements effectués entre le projet numéro un et deux sont dus à ces échanges, qui ont participé à faire mûrir le projet.

Le groupe issu de la génération net a surement intégré les constantes de cette nouvelle époque bien avant que l’industrie ne se rende compte de la gravité de la situation et toutes les questions que nous leur posons à propos des nouveaux usages et schémas liés à l’avènement d’internet leur semblent dépassées et pour eux, ces problématiques ont été intégrées bien avant la constitution des Colt Silvers.

Semi DIY

On a commencé par écrire des morceaux inspirés de BO, et c’est là qu’on rencontre Julien, le boss de notre label. Il jouait dans Plus Guest, un autre groupe du label et nous dit qu’il veut monter son label, et nous demande si nous aimerions y contribuer. On a sorti deux titres pour lui, à la base une petite démo. Le projet lui ayant beaucoup plu, on enregistre un album /concept sur la thématique du cinéma.

Aujourd’hui, un artiste ne peut plus se contenter de ne faire que sa musique. Ça aussi c’est une évidence qui a pourtant bien du mal à être intégrée. Les Colts Silvers, bien que soutenus par un label, gèrent pour la plupart leur communication et participent activement à l’activité du label.

Adeptes de Bandcamp, mais aussi de Twitter qu’ils décrivent comme une sorte d’agenda qu’ils tiennent, “c’est un peu le vis ma vie des Colt Silvers“.

Myspace, mis à part pour faire écouter notre musique, on ne l’utilise plus du tout.”

Facebook reste encore un peu plus répandu que Twitter. Les gens peuvent commenter directement sur une photos, l’échange est plus évident et facile à suivre. On essaye de jouer le jeu. On a souvent des photos improbables, on essaie d’en poster une par semaine et faire deviner aux gens ce qu’il se passait. On essaie aussi de faire basculer les gens sur Twitter mais ce ne sont pas les mêmes personnes qui utilisent l’un et l’autre.

On a pris conscience que ça faisait partie du boulot de musicien. C’est indissociable, on ne peut pas se contenter d’être musicien aujourd’hui. (Nicolas)

On utilise les réseaux sociaux depuis le début. On ne tient pas de blog mais on sait faire et on est très actifs sur la toile. De toute manière, à partir du moment ou tu as un groupe de musique, ce sont des choses qu’il faut savoir faire. (Tristan)

Afin de pouvoir participer pleinement à leur communication et effectuer le travail de community management, le groupe possède un poste au siège du label. Une solidarité s’est installée au sein de celui-ci, qui gère quatre groupes. Un label collaboratif (avec un patron) où chacun se rend service. On met un profil à jour, on le fait pour tous. Chaque groupe représenté participe donc activement à sa promotion, celle de ses colocataires et du label.

Si cette génération de musiciens geeks n’a pas besoin de se forcer pour mettre à jour ses divers comptes internet, ils font tout de même confiance à Julien pour ce qui concerne le business et la négociation.
La double casquette n’est pas aussi apparente pour nous que pour Julien mais on met la main à la patte et ça nous parait assez naturel”.

Le business on ne gère pas assez de paramètres pour pouvoir s’en occuper. C’est Julien qui s’occupe de ça. On s’y intéresse dès que ça touche le groupe mais on a tendance à être vite dépassés.

Questions-réponses

Avez-vous déjà eu des touches à l’étranger ?

“Oui, les premier à nous avoir contactés à la sortie de notre premier album “Night Of The Living Robots” était NMEradio à Londres. On aimerait bien s’exporter un peu plus. On a déjà commencé avec quelques dates en Allemagne. On aime la France mais on voit des fois qu’il y a de meilleurs retours de l’étranger donc à ne pas négliger.”

C’est quoi pour vous la French Touch?

“La French Touch pour nous c’est Daft Punk, Phoenix donc électro et maintenant pop. Je pense notamment à Tahïti 80. Ceux qui ont inventé l’expression avaient surement plus de recul que nous.”

Et le téléchargement illégal, pour vous, ça veut dire quoi ?

“Petite anecdote, on a été très surpris de retrouver notre album sur un site de file-sharing. Comme tout le monde ! Et on était finalement assez contents.”

L’artiste de demain, il devra faire quoi ?

“Essayer d’être le plus visible possible. Il n’y a plus beaucoup de gens qui ont la chance d’avoir quelqu’un qui travaille pour eux. C’est donc indispensable de pouvoir maitriser un maximum de paramètres”.

Retrouvez Le Colt Silvers sur: myspace, twitter, facebook

Crédits photo: tous droits réservés Julien Hermann, Agnan Banholzer

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DJ… et producteur : une nécessité ? http://owni.fr/2011/01/27/dj-et-producteur-une-necessite/ http://owni.fr/2011/01/27/dj-et-producteur-une-necessite/#comments Thu, 27 Jan 2011 08:49:48 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=29924 Florian Pittion-Rossillon écrit avec brio sur le monde de la nuit, et propose des réflexions et interviews de grande qualité sur son blog Culture DJ. Il s’attaque aujourd’hui à la dérive qui oblige les DJ à produire pour pouvoir exister.

Depuis plusieurs années, un DJ qui se présente à un organisateur, un média, ou même dans un dîner mondain, doit répondre à une question aussi automatique que sentencieuse : « Tu produis ? ». Gare à lui s’il répond négativement. Le DJ est une figure d’artiste par qui la musique électronique festive devient une culture mondiale, pourtant il ne peut pas exister en tant que tel.

Pour mixer en soirée, il faut avoir produit des tubes

DJ tout seul, c’est la honte… DJ tout seul, ça ne devrait plus exister. Un DJ, donc quelqu’un qui mixe des morceaux de musique entre eux, doit être capable de créer des morceaux. Un DJ qui ne fait que jouer les morceaux des autres appartient à un lumpen prolétariat qu’un business techno tente de circonscrire aux fêtes d’appartement. Il est aujourd’hui admis que pour mixer en soirée, il faut avoir produit des tubes. Ah bon.

Un DJ sommé de produire pour exister, c’est un peu comme le pilote de F1 qui devrait savoir concevoir et construire la voiture qu’il conduit. En 2011, le DJ doit produire pour exister.

Speedy Gonzales vole vers la victoire

La musique électronique fait subir à ses acteurs-clés, les DJ, un sort que le rock, la pop et la chanson, genres pourtant taxés de toutes les tares liées à leur industrialisation, ne réservent pas à leurs interprètes. La musique électronique s’est inventé une tare propre. Comme s’il avait fallu remplacer par d’autres handicaps les stigmatisations ayant ponctué ses premiers pas.

Des producteurs venus enchaîner leurs morceaux

Cela induit des biais qui touchent toute la chaîne de la culture électronique festive, centrée sur le dancefloor et donc les évènements. Cela fait plusieurs années que les plateaux de toutes les soirées de tous les sous-genres de musique électronique (electro, house, techno, drum&bass, hardcore) sont remplis à 75% d’auteurs de tubes – ou vendus comme tels par un marketing à courte vue.

Chaque génération a ses propres habitudes, en matière de production industrialisée

Conséquence : bien des DJ se produisant en soirée sont avant tout des producteurs venus enchaîner leurs morceaux… Bien des DJ se produisant en soirée sont avant tout des ingénieurs/mécaniciens qui prennent le volant de la F1… La musique électronique festive, en intégrant une contrainte dictée par l’industrie, s’est tiré une balle dans le pied.

De plus en plus souvent on s’ennuie en soirée

A tout accepter pour faire tourner la billetterie, les producteurs d’évènements ont avalé la grosse pomme du serpent de la rentabilité à court terme.

Car le délire festif que savent amener les DJ s’est envolé de bien des évènements, soirées, raves, festivals. On attend des producteurs qu’ils jouent leurs tubes, quelques exclus, un ou deux remixes de collègues producteurs. Un DJ viable en 2011, c’est celui qui saura remplir au mieux un cahier des charges prédéfini par un organisateur d’évènements. Créativité, originalité, technique aux platines pendant la prestation publique… sont devenues des options.

Le problème, c’est l’obligation

Résultat : de plus en plus souvent, en soirée et sur évènement on s’ennuie.

Attention : un DJ est légitime à produire, un producteur est légitime à mixer. Question d’envie. Pas question ici de critiquer la légitime démarche créative d’artistes désirant développer leur champ d’action. Et depuis les débuts de la techno, il existe d’illustres figures de DJ-producteurs (Plastikman, Jeff Mills, Laurent Garnier pour citer les plus vénérables, Radium, TSX ou AK47 pour les potes).

Toute éternité

C’est plutôt que les exigences suicidaires d’un système dévoyé commencent à remplir le caniveau de bébés Guetta (qui a inventé le mix sans les mains puisqu’il est tout le temps les bras en l’air).

Le problème, ce n’est pas la production. Le problème, c’est l’obligation.

L’architecture industrielle moderne a conçu des lieux accueillants pour les travailleurs enthousiastes

Cette obligation de produire qui, posée en condition sine qua non pour les DJ, révèle de façon flagrante l’immaturité marketing de la musique électronique en tant que secteur économique. Celui-ci, pour développer ses marques d’évènements, a distordu un de ses préceptes de base : la liberté du DJ dans sa sélection musicale, paramètre fondateur et pourtant oublié.

Cette logique a eu pour aboutissement la facilité à laquelle se sont livrés moult promoteurs d’évènements : faire reposer toute leur communication sur le plateau. La somme des noms affichés sur un flyer valant garantie de réussite pour une soirée. Alors que de toute éternité (et plus certainement depuis 20 ans), la qualité d’un évènement techno se mesure à l’éclat de son nom en tant que marque festive, au-delà de l’empilage de têtes d’affiches abonnées à tous les festivals.

Promesse d’ambiance

La multiplication des évènements petits ou gros et la déconvenue de certains organisateurs entraîne toutefois que soit posée de plus en plus régulièrement la question du nouveau graal du marketing festif : et la promesse d’ambiance bordel ?

Tant il est vrai que pour la techno, tout se joue sur le dancefloor.

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Cet article à été initialement publié sous le titre de “Splendeur et misère du DJing : l’obligation de produire”

Crédits photos : Hadche, Pierre J, Nanard34

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