OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 MXP4 lance la plateforme Bopler Games sur Facebook http://owni.fr/2011/04/19/mxp4-lance-la-plateforme-bopler-games-sur-facebook/ http://owni.fr/2011/04/19/mxp4-lance-la-plateforme-bopler-games-sur-facebook/#comments Tue, 19 Apr 2011 16:37:42 +0000 Loïc Dumoulin-Richet http://owni.fr/?p=31628 MXP4, start-up parisienne innovante dans le domaine du social gaming musical, lance cette semaine la plateforme Bopler Games, une série de jeux musicaux sur Facebook, utilisant un catalogue de titres musicaux licenciés, et qui pourrait bien incarner le modèle de rentabilité de l’entreprise.

Après le jeu Je Veux Signer Chez AZ dont nous vous parlions la semaine dernière, et qui a pour but d’animer le casting mené par le label d’Universal tout en développant son image de marque, c’est sur un plan beaucoup plus fédérateur et orienté gaming que se place Bopler. En choisissant de lancer dans un premier temps quatre jeux inspirés des classiques du genre, MXP4 entend séduire les gamers addict comme les moins chevronnés, à qui les formats parleront sans difficulté. Ainsi Space It, Match It, Snake It et Pump (jeu crée par MXP4 et popularisé notamment via une application brandée David Guetta) s’inspirent ouvertement de Space Invaders, Tetris, ou encore Snake, avec un avantage de taille cependant. L’évolution du jeu réagit en effet à la la structure musicale du titre choisi pour jouer (tempo, rythme, voix etc.). Car le centre de ces jeux sociaux est bien la musique.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

En choisissant en premier lieu un titre parmi ceux proposés, puis un jeu, le joueur cale son expérience ludique sur la musique, et non l’inverse. Quant au catalogue proposé, il est pour l’instant modeste mais devrait se développer très rapidement, les accords avec quatre publishers et deux majors étant finalisés (sans qu’on puisse en savoir davantage pour le moment). EMI est la première major à avoir officialisé la licence de son catalogue.

Albin Serviant, PDG d’MXP4, confirme que le volonté première de ses équipes lors de la création de la plateforme Bloper Games était véritablement “d’imbriquer le jeu et la musique“. Avec 1 milliard de dollars de chiffre d’affaires, les jeux sur Facebook représentent sans conteste une manne qui, couplée à la musique devrait largement séduire. Selon le PDG, cette somme devrait quadrupler voire quintupler dans les trois ans.

“Le challenge, c’est de donner au jeu sa dimension sociale”.

Qui de la monétisation, et de la rémunération des artistes ? Les sommes engrangées par les jeux, via les Facebook credits, qui permettent aux gamers de jouer sur toute la durée d’un titre (contre 60 secondes en version gratuite), mais aussi d’obtenir des bonus supplémentaires au sein du jeu. Les ayant droit se partagent avec MXP4 70% des revenus générés par la vente de titres (et donc de jeux) complets, les 30% restants revenant à Facebook. Si pour l’instant l’intérêt des artistes n’est pas supérieur à celui d’une mise en vente sur iTunes, il pourrait s’avérer plus conséquent dans les mois à venir. On parle en effet de customisation des jeux avec des artistes via des pages dédiées, ouvrant vers de la vente directe (titres, albums, merchandising…), qui devrait intervenir dans un second temps une fois le décollage de la plateforme passé. Elle devrait apporter aux artistes un véritable plus en liant leur univers aux jeux développés en adéquation avec leur musique.

Il faut cependant garder en tête que 95% des joueurs sur les réseaux sociaux s’adonnent à ce passe-temps gratuitement. Le défi est donc de les engager dans une expérience allant au delà du simple hobby sur Facebook. Ainsi que le rappelle Albin Serviant, “la moyenne du temps passé sur l’application de remix de David Guetta était de 13 minutes“. Autrement dit, suffisamment pour amener le gamer à devenir consommateur, et recruteur de fans via les nombreux outils de challenge de ses amis.

Un défi que MXP4 semble en passe de pouvoir relever, en offrant à l’industrie de la musique une source de revenu potentiellement intéressante. Confirmation ou infirmation dans les mois à venir.

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Faites croître votre fan base sur Facebook ! http://owni.fr/2011/03/11/faites-croitre-votre-fan-base-sur-facebook/ http://owni.fr/2011/03/11/faites-croitre-votre-fan-base-sur-facebook/#comments Fri, 11 Mar 2011 13:08:13 +0000 Robin Davey http://owni.fr/?p=30843 Robin Davey est un musicien, réalisateur de films et producteur né au Royaume-Uni et vivant actuellement à Los Angeles. Avec son groupe The Hoax, il a eu les honneurs du British Blues Hall Of Fame à l’age de 23 ans. Son groupe actuel, The Bastard Fairies, a été le premier groupe à proposer son album en téléchargement libre sur internet en 2006. Cet album s’est écoulé à plus d’un million d’exemplaires.

Robin publie sur le site américain Music Think Tank, ainsi que sur son blog personnel.

S’agissant de votre musique, les gens ont une préoccupation principale : ce qu’elle signifie pour eux et non pas ce qu’elle signifie pour vous. Ceci est une des leçons les plus importantes qu’un musicien puisse recevoir.

La naissance des réseaux sociaux a donné aux fans un aperçu des aspects les plus terre-à-terre de la célébrité. Le résultat, c’est une nouvelle “dynamique de la normalité”. Cependant, maintenant que tout le monde est sur Twitter, du batteur des Black Keys à l’Etat de Corée du Nord, le fait de distiller des informations au compte-goutte appartient au passé. Le courant s’est inversé.

Maintenant, il est temps que l’artiste utilise les réseaux sociaux pour apprendre à connaître ses fans. Facebook s’avère être l’endroit parfait pour obtenir des informations vitales sur ce qui fait réagir votre fan base. Voyez-le comme un questionnaire de satisfaction client accessible du bout des doigts !

4 manières de faire gonfler votre fan base

1. Allez chercher vos fans

Le fait de vous “liker” sur Facebook ne fait pas instantanément de la personne un fan. Cela ne veut pas dire grand chose tant que vous ne les avez pas fait pénétrer plus loin dans votre monde. Lorsque vous postez quelque chose sur votre wall, ceux qui vous suivent ont le choix entre “liker” votre contenu ou aller plus loin en commentant. Les raisons pour lesquelles ils sont devenus “fans” de vous sur Facebook peuvent être multiples, et votre musique ne figure peut-être pas si haut que vous le croyez sur la liste.

Peut-être ont-ils trouvé votre photo sympa, que le nom de votre groupe est cool, ou alors ils pensent que vous êtres le groupe qu’ils ont entendu à la radio. Si vous aimez une chanson ou un autre artiste, postez un lien sur votre page, et dites à quel point vous les aimez. Si vos “fans” apprécient aussi, vous êtes sur la bonne voie pour les amener à se connecter à votre musique.

2. Comprenez la fonction “like”

Lorsqu’un de vos posts est “liké”, il faut prendre un peu de recul. Ne vous prenez pas trop au sérieux parce que vous avez dit quelque chose qui a entraîné un clic sur le bouton “like”. Au contraire, dites-vous que si ces personnes ont cliqué, c’est qu’elles ont pensé que ce que vous avez posté les définissait d’une manière ou d’une autre. En faisant apparaître leur nom dans les commentaires, ils vous approuvent. Si vous obtenez un nombre de “like” supérieur à la moyenne, ce n’est pas juste que vous avez dit quelque chose d’intelligent, c’est que vos fans ont répondu à un élément dont ils se sentent proches. Essayez d’y trouver un modèle que vous pourrez affiner au fur et à mesure.

Avez-vous écrit quelque chose d’amusant, de profond ou de provocant ?
C’est un élément important, parce qu’il s’agit de faire revenir vos fans sur votre page. Vous pouvez les attirer avec des choses qui les intéressent, et une fois que vous les avez captés, il faudra leur en donner plus. Pourquoi pas leur proposer de télécharger un titre, ou d’aller encore plus loin en passant à l’achat.
Par exemple si vous avez été choqué par le résultats des débats autour de la Prop 8 ou si vous avez vu un sketch marrant à la télé, vous pouvez parier qu’il en va de même pour votre fan base. Si vous êtes passionné, les gens vont se sentir concernés et interagir.

3. Faites appel à leurs émotions

Un post qui les fait rire, réfléchir ou qui provoque une quelconque émotion a beaucoup de chances de les amener à jeter un oeil à ce que vous pouvez proposer musicalement. Les posts qui ne font que promouvoir votre musique, ou qui font la promotion d’un concert en permanence feront plaisir à votre noyau dur de fans, mais ceux-là ont normalement déjà été captés et sont inscrits à votre mailing list. Le “cliqueur” occasionnel sur Facebook n’est pas encore aussi engagé. Les annonces génériques et ennuyeuses ressembleront vite à du spam à côté de ceux qui partagent des éléments qui les passionnent.

4. Amenez vos fans plus loin

Tout le monde a peur des mêmes choses, il s’agit là de thèmes universels. Les gens sont à la recherche d’un endroit où se sentir bien et en sécurité, un endroit rassurant où ils savent que tout va bien se passer.

D’une certaine manière, il faut qu’à travers votre musique et vos interactions avec vos fans, vous inspiriez des sentiments positifs. Etre positif, c’est leur montrer qu’il y a d’autres individus comme eux, qui partagent leurs opinions, ou qui comprennent les moments difficiles qu’ils traversent. Etre positif, c’est aussi les faire rire, ou parce qu’ils cherchent quelque chose de spirituel que vous leur apportez d’une manière ou d’une autre. Ou au contraire, peut-être en ont-ils marre de la religion et sont à la recherche de pensées athées auxquelles les réflexions que vous proposez correspondent.

Pour revenir sur le premier point évoqué dans cet article, Facebook est l’endroit où vous devez savoir ce que votre musique signifie pour les autres, et pas seulement pour vous. Ne vous inquiétez pas si les gens réagissent mal à ce que vous dites, cela signifie juste qu’ils n’avaient pas vraiment compris votre musique au départ. Vous n’en auriez jamais fait des fans. Mais pour toute personne qui vous quitte parce qu’elle ne se sentait rien de commun avec vous, vous en trouverez dix autres qui auront été convaincues parce qu’elles aiment ce que vous représentez.

Quelques réflexions, pour finir.

Votre musique est une extension de vous-même, et la meilleure musique se transmet parce qu’elle se change en conversation avec le fan. Plus ils comprennent et se sentent proches de ce que vous pensez et ressentez en dehors de la musique, plus leur “conversation” avec votre musique sera profonde.
Réfléchissez bien à ce que vous choisissez de dire et ne bombardez pas les gens de posts disant “achetez notre album !” Mettez-les à l’aise avec des éléments intellectuellement stimulants. Si vous réussissez à faire ça, vous êtes sur la bonne voie, celle qui fera croire à vos fans que vous “aimer”, c’est être intrinsèquement plus cool. Plus important encore, vous aurez mis en place avec succès l’un des outils marketing les plus puissants : le bouche à oreille.?

A faire / A ne pas faire

A ne pas faire : submerger vos fans de messages concernant votre dernière sortie (single, album…). Ils passeront pour du spam.

A faire : partager des infos qui peuvent intéresser votre fan base, mais qui ne concerne pas forcément votre musique. Par exemple, une actualité par laquelle vous vous sentez concerné. Proposez un commentaire concis. Les fans aiment se sentir liés à ce que vous aimez, d’autant plus s’il apprécient les mêmes choses.

A ne pas faire : laisser votre manager poster sur votre page. Il faut que le ton soit cohérent si vous postez vous-même.

A faire : demander à vos fans leur avis sur telle ou telle chose. Créez le débat, et n’ayez pas peur d’insérer un réponse ici ou là, sans trop en faire cependant. L’idée ce n’est pas, sur 23 commentaires, d’en avoir 20 de vous !

A ne pas faire : parler de vous sans arrêt, du fait que le monde va bientôt réaliser à quel point vous êtes génial, et à quel point il est dur de ne pas être reconnu pour votre art. Tout le monde s’en fiche, à part votre maman peut être (Quoique. Elle en a sûrement marre d’entendre ça !).

A faire : donnez votre avis. Si vous avez une opinion tranchée sur un sujet, donnez-la. Cependant, relisez bien votre post et assurez-vous que votre pensée est bien structurée. Et si vous êtes alcoolisé au moment de la rédaction, peut être vaut-il mieux attendre le lendemain matin avant de poster !

Article initialement publié sur : Music Think Tank et traduit par Loïc Dumoulin-Richet

Retrouvez le blog de Robin Davey

Crédits photos CC flickr : escapedtowisconsin; Andrea Costa Photography, vincos

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L’insoutenable légèreté des sentiments en politique http://owni.fr/2011/02/17/linsoutenable-legerete-des-sentiments-en-politique/ http://owni.fr/2011/02/17/linsoutenable-legerete-des-sentiments-en-politique/#comments Thu, 17 Feb 2011 07:30:12 +0000 Denis Colombi (Une heure de peine) http://owni.fr/?p=46948 Depuis que la révolte a commencé à gronder en Tunisie puis en Egypte et bientôt ailleurs, il s’est trouvé un nombre grandissant de personnes pour manifester leur solidarité avec les peuples en colère. En plus, ça tombe bien, l’indignation est à la mode, et chacun y va d’un drapeau tunisien comme avatar Facebook ou de son petit commentaire plein d’espoir pour une libération prochaine des peuples opprimés. Une telle solidarité internationale pour tous ceux qui subissent le joug de dictatures ferait chaud au coeur… si seulement son caractère essentiellement émotionnel et, par là, obligatoire ne lui promettait pas une bien brève existence. Obligatoires l’émotion et l’indignation ? Malheureusement, oui.

Des émotions obligatoires

Ce grand élan d’émotions et de sentiments de sympathie avec les peuples en lutte pourrait témoigner, au choix, de l’enracinement toujours profond de la démocratie et de la liberté dans le cœur des peuples occidentaux, de la perpétuelle “naissance” d’une société civile internationale et d’une solidarité mondiale entre les peuples, ou encore d’une solidarité internationale qui trouve son expression dans l’invitation à “marcher comme un égyptien”… Il y a pourtant de bonnes raisons de penser qu’il ne repose pas vraiment sur tout cela.

En effet, pouvons-nous ne pas ressentir cette émotion ? Pouvons-nous ne pas nous sentir solidaire de ceux qui souffrent ? La réponse est non. Nos émotions, quelles qu’elles soient, sont bien souvent obligatoires. C’est ce que disait Marcel Mauss en substance dans un texte de 1921 logiquement intitulé “L’Expression obligatoire des sentiments” :

Ce ne sont pas seulement les pleurs, mais toutes sortes d’expressions orales des sentiments qui sont essentiellement, non pas des phénomènes exclusivement psychologiques, ou physiologiques, mais des phénomènes sociaux, marqués éminemment du signe de la non-spontanéité, et de l’obligation la plus parfaite.

Si vous participez à un enterrement, même sans être intimement lié au défunt, peut-être même sans le connaître, vous serez sans doute saisi également de tristesse. Pourquoi cela ? Tout d’abord, parce que ne pas manifester ce sentiment, ce serait enfreindre les règles implicites de la situation. Essayez de vous mêler à un cortège funéraire et de sourire tout le long, vous comprendrez rapidement de quoi je veux parler. Une simple indifférence n’est pas non plus envisageable, du moins sans le risque de quelques sanctions de la part de vos voisins.

L’importance des agencements

Mais il y a autre chose : il ne s’agit pas seulement de manifester de façon ostensible sa tristesse. Bien souvent, le sentiment n’est pas seulement feint, et il est également très sincèrement ressenti. C’est qu’il repose non pas sur une disposition individuelle, une sensibilité particulière à la situation, mais bien à tout un dispositif extérieur à l’individu et qui s’impose à lui. L’organisation du cortège, la signification culturelle des vêtements noirs, l’attitude des différents acteurs en présence : c’est tout cela qui nous conduit à ressentir, y compris de façon très profonde, le sentiment adéquat à la situation. Il en va de même dans d’autres situations : même le snob le plus réfractaire aux hordes de supporters aura quelques difficultés à ne pas ressentir un petit frissonnement au beau milieu d’un stade, et, si j’en crois cette excellente BD qu’est Logicomix, même un pacifiste comme Russel n’a pu réfréner quelques sentiments guerriers lorsque, en 1914, son pays rentra dans la première Guerre Mondiale.

Il en va de même pour les sentiments qui nous saisissent face à la souffrance et à la révolte dans d’autres pays. Aussi sincère soit-elle – et je ne doute pas que ceux qui ont changé leur avatar Facebook avaient alors la larme à l’œil -, elle repose fondamentalement sur certains dispositifs qui nous amènent à ressentir l’émotion attendue. Le recours à des représentations collectives et puissantes, comme celle de la Marianne révolutionnaire, font partie de ceux-ci – voir cette brillante analyse. C’est très largement la façon dont on définit la situation qui nous conduit à ressentir enthousiasme, inquiétude, solidarité, etc.

Mais ces sentiments obligatoires n’ont dès lors qu’une permanence toute relative : si le dispositif qui les fait naître disparaît, ils sont promis au même sort. Réservés à des temps et des espaces sociaux particuliers, ils n’affectent pas l’ensemble de la vie des individus et, partant de là, n’entraînent pas forcément une mobilisation qui dépasse certains cadres bien définis et, surtout, certaines actions particulières. A savoir celles qui ont une visibilité suffisante pour que chacun voit combien on ressent l’émotion exigée. C’est bien ce que Marcel Mauss décrit dans son texte sur les rites funéraires australiens :

Et puis après cette explosion de chagrin et de colère, le camp, sauf peut-être quelques porteurs du deuil plus spécialement désignés, rentre dans le train-train de sa vie.

Il n’est pas étonnant que l’émotion et la solidarité prennent d’abord, dans le cas qui nous intéresse, des formes de manifestations publiques : le rassemblement, l’affichage envers les “amis” électroniques… Il faut montrer que l’on participe au mouvement. Une fois de plus, il ne s’agit pas de dire que ce sont là des pratiques purement ostentatoires, dénuées de toute sincérité et de toute authenticité. Au contraire, ceux et celles qui vont dans la rue sont sans doute on ne peut plus convaincus de ce qu’ils font – après tout, la pression sociale n’est pas si forte… Mais ce sentiment, enfermé dans une temporalité particulière, a peu de chances de déboucher sur des formes d’engagement plus marqusé. Une fois les autres dispositifs générateurs de sentiments disparus ou remplacés par d’autres inquiétudes, il n’en restera probablement pas grand chose.

L’effort d’indignation

En soi, ce n’est pas forcément dramatique. Les peuples tunisiens et égyptiens peuvent très bien s’en sortir sans cela. Les révolutions, si elles ont toujours provoqué des réactions dans les autres pays – en un sens, elles étaient globales bien avant que le mot ne soit à la mode -, se sont parfois passées du soutien extérieur, et plus encore d’un simple sentiment de bienveillance de la part des autres peuples. Mais le risque existe que, passé le moment où les dispositifs d’émotions sont les plus forts, c’est-à-dire la phase la plus “chaude” de l’activité révolutionnaire et protestataire, le détournement des sentiments étrangers privent ces pays de l’attention qu’ils méritent…

On peut aussi en tirer une leçon plus générale au moment où, suite au succès de l’opuscule de Stéphane Hessel, l’incitation à “s’indigner” fait florès. Non pas que l’indignation soit mauvaise, mais comme toute émotion, elle risque bien de reposer avant tout sur certains dispositifs, dont Stéphane Hessel lui-même et ses écrits font partie. Aussi sincère puisse-t-elle être, elle peut être d’une insoutenable légèreté, du moins si l’on veut qu’elle débouche sur quelques changements d’importances. Passé le moment le plus fort – par exemple si la colère parvient à emporter la tête d’une ministre – le “business as usual” risque fort de reprendre le dessus.

“Ne mettez pas tout vos espoirs dans les révolutions : elles finissent toujours par recommencer. C’est pour cela qu’on les appelle révolutions” dit Sam Vimes dans ce brillant roman qu’est Nigthwatch (ma traduction) : il est possible que personne n’ait mieux exprimé que cela que Terry Pratchett. On pourrait en dire autant de l’indignation, de l’émotion et des sentiments : ce ne sont là des armes politiques bien limitées tant dans leur durée que dans leur portée. Engagement et convictions… Il faudrait peut-être appeler aussi à cela.


Article initialement publié sur Une heure de peine
Illustrations CC FlickR: carac3, stuff_and_nonsense, life creations

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Vu sur le Net: la pétition visuelle http://owni.fr/2010/12/08/vu-sur-le-net-la-petition-visuelle/ http://owni.fr/2010/12/08/vu-sur-le-net-la-petition-visuelle/#comments Wed, 08 Dec 2010 14:51:42 +0000 Pier-Alexis Vial http://owni.fr/?p=38571 Il y a tout d’abord la pétition standard, celle qu’on vous fait signer à la sortie du métro pour telle ou telle cause plus ou moins juste et plus ou moins compréhensible. Il y a les pétitions officielles, médiatisées, et les petites pétitions de quartier contre le bruit que font les jeunes le samedi soir.

Mais au fond une pétition ça ressemble toujours plus ou moins à ça : une feuille blanche, sur laquelle est éventuellement inscrite l’ensemble des revendications du groupe qui la produit, et des cases vides : soit la place pour laisser des noms et des signatures. Parce que la signature, c’est l’Homme ? Peut-être bien. Au moins pouvons-nous dire que l’association nom + signature est une sorte de preuve morale de la présence physique. On pourra toujours objecter qu’il est possible de produire un faux nom ou une fausse signature, mais dans le principe chacun des signataires d’une pétition doit pouvoir être identifiable et retrouvé. Non pas nécessairement pour rendre des comptes, mais aussi pour réaffirmer un engagement. La pétition est donc un acte militant, mais sans visage.

Exemple de pétition issue du site de l'EFPSU.

Or sur le Net a fleuri un autre genre de pétition. La pétition visuelle. Et c’est en quelque sorte par la force des choses. En effet que penser d’une signature virtuelle ? D’un simple dessin sur un écran fait de pixels ? Le problème ici vient de la matérialité même de la pétition. Ce n’est pas techniquement impossible, on peut toujours scanner une feuille contenant des signatures. Seulement, le côté direct, l’impact de l’inscription au stylo qui prouve ce “j’étais là” ne serait pas du tout le même. La pétition vaut pour son côté “de terrain”. Une fois en ligne, elle ne ressemble guère plus qu’aux commentaires de blogs que l’on trouve partout sur Internet, et perd, à mon sens, de sa véritable nature militante. On peut en voir des exemples assez parlant sur le site MesOpinions.com qui ressemble à un énorme fourre-tout où chacun fait un peu ce qu’il lui plait sans véritable centralisation des combats ou des revendications.

Capture d'écran issue du site http://www.mesopinions.com/ réalisée le 18/11/2010.

Mais il y a une autre voie : cette fameuse pétition visuelle qui représente une véritable alternative entre la feuille de signatures et le commentaire en ligne. On peut en trouver une qui se distingue actuellement par son caractère original et son utilisation inventive, tout en étant très simple, des moyens technologiques à la portée d’un grand nombre d’internautes. Cette pétition, on peut la trouver ici

En fait de pétition, il s’agit plutôt d’un manifeste, dont voici le texte principal :

“Ce manifeste est un acte de solidarité et de protestation : solidarité avec les « étrangers et les étrangères » encore une fois pointé·e·s du doigt et protestation contre une justice discriminatoire qui serait inscrite dans la Constitution. Parce que le racisme doit être combattu partout et non pas institutionnalisé, nous placardons nos prénoms, nos initiales, nos occupations et nous clamons notre refus de cette discrimination en nous déclarant tou·te·s étranger·ère·s. Parce que nous souhaitons offrir une visibilité aux «étranger·ère·s» qui ne sont pas criminel·le·s et qui participent à l’essor de la Suisse. Action citoyenne collective, dimanche 28 novembre, NON à l’initiative sur le renvoi et au contre-projet.”

Ce manifeste suisse donc se présente comme le “Manifeste des X délinquant-e-s.” Pourquoi X ? Parce qu’il m’est impossible d’en fixer le nombre, étant donné que celui-ci est actualisé dans la page même de titre au fur et à mesure de l’inscription des gens. Première chose : une interactivité assez ludique, qui permet de suivre continuellement la progression des inscriptions. Mais la véritable originalité réside dans la forme même de cette souscription au manifeste. J’ai parlé précédemment de pétition, parce que je parlais militantisme : parler en son nom pour une cause, laisser sa signature. Et d’une certaine manière, c’est ce qu’il vous est proposé de faire, mais avec d’autres moyens.

Il est possible en effet de laisser dans un cadre pré-établi votre photographie prise depuis une webcam :

Capture d'écran du site http://www.collectif-l.ch/manifeste/ réalisée le 18/11/2010.

Pour vous faire une idée de l’effet, je ne pourrai que vous conseiller d’aller directement sur le site, ayant décidé de ne pas pas opérer de sélection arbitraire parmi les visages affichés sachant que ceux-ci doivent disparaitre du Net dès le 28 novembre.

Ce que l’on peut constater, c’est que globalement, tout le monde joue le jeu. Il y a ceux qui sont plus réservés, et ne laissent ni nom ni emploi. Il y a les plus hardis qui vont dans les détails : nom, prénom, profession (la majorité des participants se contentant du prénom). Mais à quelques exceptions près (tout au plus une dizaine à ce que j’ai compté), tous ont laissé leur signature visuelle :  non pas un trait d’une main rapide au coin d’une rue, mais la photographie instantanée d’un moment devant son ordinateur.

Un effet saisissant

Si l’esprit reste, l’effet est autrement saisissant : à l’heure où j’écris ces lignes, il y  a plus de 1.000 visages qui s’affichent sur le site, de tous horizons, et de tous âges. Cependant, rien de très original là dedans, il existe bien d’autre exemples de pétition visuelle sur le Net, dont une assez célèbre, “the Million Faces” disponible sur le site de Control Arms dont le combat est décrit ainsi :

“Contrôlez les armes est une campagne internationale menée conjointement par Amnesty International, Oxfam International et le Réseau d’action international sur les armes légères (RAIAL). Nous demandons un traité sur le commerce des armes, un instrument international juridiquement contraignant qui empêche que les armes soient utilisées pour aggraver les conflits, la pauvreté et les atteintes aux droits humains. Pour en savoir plus sur la campagne.”

Et effectivement, il y a plus d’un million de personnes qui s’affichent sur le site à l’heure actuelle, y compris des célébrités, dont voici un petit panel français :

Toutefois il est à noter ici que n’importe quelle photo fait l’affaire. On peut s’en rendre compte en se baladant sur le site : on y trouve tout autant de photos façon portrait que de photos de vacances que l’on pourrait trouver sur Flickr. Parce que l’important est ailleurs : l’important c’est d’y être, pas d’assumer une quelconque position militante qui engagerait la personne ou son image puisque le contexte est entièrement assumé par l’organisation qui gère cette pétition. Le but premier de celle-ci est donc bien résumé par son appellation : “the Million Faces”, parce que c’est le nombre qui fait la force, c’est le “concept” qui marche, et peut importe si on ne voit jamais ces millions de visages, on peut au moins se consoler sur les célébrités présentes et feuilleter l’ensemble comme un gigantesque patchwork people qui au final ne fait pas prendre un énorme risque aux personnes concernées. D’autant que tout le monde le sait, les armes et la guerre, c’est mal.

Une pierre de l’édifice en construction

Et c’est avec cela à mon avis que l’on comprend où se situe l’intérêt de la disposition particulière du manifeste suisse. À proprement parler Il n’y a PAS de manifeste, ni même de contexte. Tout au plus une vague généralité énoncée dans le petit texte introductif. Le manifeste, ce sont les images qui le composent, c’est l’accumulation de ces images avec le cadre qui leur est réservé qui produit sa pensée. Le choix d’une personne d’afficher sa photo accolée au terme “étranger-ère” est une prise de risque avec soi-même ; l’obligation d’assumer sa position par rapport aux autres. Ce n’est plus apporter sa petite pierre à l’édifice, il s’agit là d’être directement une pierre de l’édifice même qui est construit. Il s’agit aussi d’une représentation proche de l’esthétique “amateur” des photos prises à partir des smartphones et que l’on s’envoie en message. Il y a là une  sorte de proximité directe qui s’établit avec les personnes présentes, parce que ces images, au fond, nous les connaissons toujours-déja. Ce sont des figures reconnaissables, agissantes, ou non. On y trouve ainsi :

-Soit des gens qui tentent d’être créatifs, en ne prenant qu’une partie de leur visage, en se prenant la tête à l’envers, en se barrant les yeux avec un téléphone ou un appareil photo etc.

-Soit en restant le plus simple possible : assis, souriant, regard vague.

-Soit aussi en refusant carrément le dispositif en n’apparaissant pas sur la photo ou en se déguisant.

Ce qui unit ces différentes attitudes sous une même bannière, et ce qui fait que quelque part tous ces gens puissent se retrouver, c’est parce qu’il n’est pas question que d’UNE image, mais qu’ils ont l’impression (et très certainement à juste titre) de devenir l’illustration vivante de leur combat, ou du moins une partie de celle-ci. Dans ce contexte, même les moins agissants sont significatifs, car l’image n’est pas utilisée comme une unité absolue de vérité, elle ne prétend pas témoigner d’un “ça a été” mais d’un “ça pourrait être”, dans le sens d’une proposition telle que “cet étranger (dont on parle) ça pourrait être vous”.

Réappropriation

Cependant pour qu’une proposition comme celle-là puisse avoir un réel impact signifiant, il faut en multiplier les exemples afin de créer un panel, c’est-à-dire des élément de comparaison : d’où l’idée de pétition (pour rassembler en nombre), de laquelle découle l’idée d’un manifeste (pour l’engagement), et enfin le concept visuel qui en émerge par le biais des nouvelles technologies car le Net est le seul moyen technique qui soit à la fois un organe de centralisation et de diffusion peu onéreux et malléable à souhait, donc interactif et participatif sans pour autant être intrusif.

L’usage “politique” de l’image est ici une preuve que l’Internet des réseaux sociaux et du partage à tout-va d’éléments audiovisuels peut aussi permettre un engagement plus militant, concerné par des enjeux contemporains, et non pas enfermé dans la ressassement de vidéos “lol” de chutes, de chatons ou de bébés, ou bien encore de la diffusion du dernier clip de Lady Gaga.

Certes il s’agit là d’une goutte d’eau dans l’océan, qui disparaitra aussi vite qu’elle s’est formée. Mais on peut espérer qu’à l’avenir les communautés virtuelles qui se formeront via Facebook, Flickr, et le web 2.0 en général trouveront dans ces outils un nouveau moyen de repolitisation de la société par le biais de l’appropriation, voire de la réappropriation des images que les différentes industries culturelles ont tenté d’absorber, afin d’alimenter un flux de contenus sans âme. Et comme dans ce cas de pétition, s’il y a quelque chose à se réapproprier en ce monde pour savoir qui l’on est, et surtout qui sont les Autres, c’est bien sa propre image.

Billet initialement publié sur Le Visionaute, un blog de Culture Visuelle

Image CC Flickr Lincolnian (Brian)

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Classification périodique des fans http://owni.fr/2010/11/05/classification-periodique-des-fans/ http://owni.fr/2010/11/05/classification-periodique-des-fans/#comments Fri, 05 Nov 2010 15:23:44 +0000 Jonathan Ostrow http://owni.fr/?p=27778 Jonathan Ostrow (@miccontrol) est le co-fondateur du réseau de blogs musicaux MicControl, qui se base sur une plateforme de réseau social. Il publie en outre régulièrement sur le site Music Think Thank.

Tout le monde sait que construire et entretenir une fan base est l’un des objectifs principaux (si ce n’est le plus important) de tout artiste en développement qui compte sur sa musique pour développer une carrière durable.
Mais pour s’assurer que vos efforts ne sont pas vains et que votre communauté de fans grandit comme il se doit, il vous faut comprendre que tous les fans ne sont pas les mêmes.

Les “fans” : une unité de mesure du degré d’intérêt d’un individu pour votre musique.

Alors que chacun se targue d’être un ENORME fan, la réalité s’avère légèrement différente : votre fan base va des auditeurs moyennement engagés aux “superfans” extrêmes.
Bien que construire une véritable relation de valeur avec ses fans soit important, cela prend beaucoup de temps en particulier à partir du moment où votre base de fans commence à grossir. Il est donc crucial que vous sachiez quel est le degré de dévouement de vos fans afin que lorsque vous investirez de plus en plus de temps dans l’établissement et la consolidation de votre relation avec eux, vous continuiez à constater un retour bénéfique en termes d’influence on et off line, de suivi et de ventes (de musique et de places de concerts).

Le bon pote

Soyons clairs sur un point : un ami peut sans problème devenir un fan mais en aucun cas il n’en est un de manière implicite.
Lorsqu’un artiste débute dans la musique, les amis sont le premier soutien : on compte sur leur avis, sur leur présence aux premiers concerts, sur leur capacité à prêcher la bonne parole, etc. Dans la plupart ds cas, les amis sont ravis de faire tout ça. Mais au bout du compte, ces gens vous soutiennent VOUS, car vous êtres un ami ; ils ne soutiennent pas forcément votre musique comme un vrai fan.

Le fan-qui-prend-le-train-en-marche

Ce fan est celui qui rejoint la fan base parce que c’est à la mode de le faire. Souvent, il parle plus que tous les autres, car un certain nombre d’entre eux se sent obligé de prouver qu’ils sont à leur place. Même si cela a l’air cool comme ça, ce fan-là est au final moins intéressé par vous et votre musique que par les autres fans et le sentiment d’appartenir à une sorte de communauté. Il s’agit d’un admirateur “à court-terme” qui apportera peu de valeur ajoutée à votre fan base et qui malheureusement disparaîtra aussi vite qu’ils est arrivé.

L’auditeur de base

Ce sont des fans passifs qui vont aimer votre musique et même la partager et la poster sur leurs blogs. Mais en fin de compte, ils ne feront pas le nécessaire pour écouter vos sons par eux-mêmes. Ne vous trompez pas sur ce type de fans, cela dit. L’auditeur est en effet le plus bas niveau de fan pour lequel vous devez faire preuve de bonne volonté. Avec un peu d’efforts l’auditeur a toutes les chances de devenir un flâneur.

Le flâneur

Au contraire de l’auditeur, le fan flâneur recherche activement de la nouvelle musique de groupes émergeant ou établis. Ce sont des personnes qui sont tombées par hasard sur une chanson qu’ils ont aimée et ont décidé d’en savoir un peu plus sur le groupe. Ceci dit, dans la plupart des cas cette recherche a pour seul but de trouver un site pour écouter ou télécharger de la musique gratuitement.
S’ils ne veulent pas acheter de musique, c’est parce que ces fans ne sont pas encore sûrs d’avoir vraiment besoin de “vivre” la musique sur le long terme…
La plupart des fans appartient à cette catégorie, ce qui est malheureusement la raison pour laquelle les ventes de musique baissent d’année en année.

Le dévoué

Le fan dévoué est celui qui achète toute la musique et va voir l’artiste / le groupe dès qu’il joue dans sa ville. Celui-là va échanger de manière régulière avec les artistes, via les médias sociaux et va s’inscrire à la mailing list officielle afin de rester informé au mieux de toutes les informations.
C’est le fan sur lequel on peut compter pour lire les articles de blogs, les vidéos youtube et les tweets, et même les partager. C’est typiquement le genre de fan tout entier dévoué à votre cause, mais également à celle d’autres artistes aussi, et cela va se voir à ses statuts Facebook ou Twitter. En d’autres termes ce fan a une grande valeur et vous devez prendre du temps pour créer une vraie relation, celui-ci étant capable de convertir ses amis et ainsi à vous faire gagner de nouveaux fans !

Le Superfan

Le Superfan, c’est la poule aux oeufs d’or. Ce type de fan, c’est le genre à vous faire décoller une carrière. Le Superfan va acheter un album, et le racheter lorsqu’il sera réédité. Un Superfan ne va pas se contenter d’un concert, il va en faire autant que possible. Un Superfan va bien au-delà d’un fan dévoué : il a réussi à établir un lien tellement fort avec la musique qu’elle devient un morceau de lui–même.
Le Superfan est fan jusque dans la rue : ils est le meilleur candidat pour vos street teams et l’un des membre les plus engagés de la communauté. Si vous vous retrouvez face à un Superfan qui vous suit religieusement, faites tout ce que vous pouvez pour le valoriser pour qu’il continue à construire votre fanbase pour vous. C’est à ce type de fans là que vous devez donner de la musique en exclusivité, des vidéos inédites, des accès backstage, etc. car il sera à même de répercuter tout la valeur que vous leur accorderez à la fanbase toute entière.

Aucun fan ne peut être réduit à une seule catégorie. En identifiant correctement le type de valeur que vos fans recherchent, vous pouvez continuer à forger de vraies relations avec les dévoués et les Superfans, tout en étant capable de rester en lien avec les auditeurs et les flâneurs dans l’espoir de les fidéliser un peu plus.

Article initialement publié sur MicControl le 21/09/10 et traduit par Loïc Dumoulin-Richet.

Crédits photos : FlickR CC derpunk, @collentine, Alain Bachellier

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Comment vendre directement à vos fans http://owni.fr/2010/10/25/comment-vendre-directement-a-vos-fans/ http://owni.fr/2010/10/25/comment-vendre-directement-a-vos-fans/#comments Mon, 25 Oct 2010 09:31:23 +0000 Mike King http://owni.fr/?p=27315 Mike King est le directeur marketing de la Berklee music school où il enseigne également le marketing musical. Vous pouvez le retrouver sur son blog, mikeking.berkleemusicblogs.com.

Une des techniques de vente en ligne que je défends dans mes cours en ligne, c’est que les artistes créent des produits physiques et digitaux différents et qu’ils les proposent sur leur propre site à des prix gradués. L’idée, c’est que vous pouvez offrir quelque chose d’intéressant pour tous vos fans – les plus “hard core” vont peut-etre être intéressés par quelque chose d’un peu plus personnalisé et rare, et les fans les plus récents vont peut-être vouloir quelque chose qui ne va pas fâcher leur porte-monnaie. En parallèle, vous pouvez évidemment proposer des produits dans les circuits de vente traditionnels, ce qui rend le fait d’acheter depuis votre site d’autant plus attractif pour vos fans. Voici un example du site Yim Yames :

Déterminer ce que vous proposez et à quel prix

Déterminer ce que vous proposez – et à quel prix – est un art qui doit prendre en compte tout un tas de facteurs. Par example, si le but de votre campagne est de diffuser votre musique au plus grand nombre de gens possible, vous allez vouloir mettre un prix plus bas sur vos produits, et donc diminuer votre marge. Vous allez également devoir prendre en compte quel type d’objet correspond le mieux à votre univers. Si vous pensez qu’une des caractéristiques que vos fans partagent avec vous est l’amour de la nourriture végétarienne, vous pouvez par example créer un livre de cuisine végétarienne téléchargeable en PDF (un peu comme ce qu’ont fait Jonsi et Alex).

Un autre facteur important pour créer des produits et des prix efficaces c’est d’utiliser des données, afin de déterminer quelles options peuvent avoir le plus d’impacts, ce qui m’amène au coeur de mon sujet.

John Grubber a attiré mon attention sur un fantastique article écrit il y a quelques semaines par Craig Mod, décrivant comment lui et Ashley Rawlings ont levé 24 000 dollars en 30 jours grâce au site de crowdfunding Kickstarter afin de publier eux-même leur livre. L’article est très intéressant à lire, et bien que le but de Craig et d’Ashley était de générer des fonds pour leur livre, je pense qu’il y a beaucoup de similarités entre leur expérience et la réussite d’une vente direct-to-fan essentiellement musicale sur votre propre site.

Quelle stratégie pour graduer les dons ?

Une fois que Craif et Ashley eurent déterminé le but général de leur campagne – vendre suffisammment de livres pour générer un revenu suffisant pour poursuivre leur activité d’éditeurs – l’étape suivante était de savoir quelle allait être leur stratégie pour “graduer” les possibilités de dons. Avec Kickstarter, les utilisateurs font une promesse de don en fonction d’un projet et de seuils pré-déterminés, et recoivent quelque chose en échange une fois que le projet est financé. Le système de dons gradués de Kickstarter n’est pas très différent de ce que peut proposer un artiste à ses fans.

Ce qui était vraiment intéressant pour moi dans le projet de Craig & Ashley, c’est qu’ils ont d’abord regardé les 30 plus grosses campagnes Kickstarter, pour déterminer quels étaient les échelons de dons les plus efficaces. Cela leur a fournit des données qu’ils pouvaient utiliser, selon lui, pour “trouver un équilibre entre le nombre de dons et la part de chaque palier dans la contribution totale”.

Regardez ce graphique :

L’analyse de Chris est très pertinente, et j’aimerais citer ses propres mots :

Ces données sont, bien sûr, loin d’être parfaites (par exemple, tous les projets que j’ai observé n’utilisaient pas les mêmes paliers). Mais c’est suffisant pour nous donner une idée des écarts de prix qui conviennent aux gens.

La tranche 50$ domine, constituant presque 25% du total des fonds. De manière surprenante, la tranche 100$ n’est pas loin derrière avec 16%. La tranche des 25$ est également un beau morceau, mais la conclusion la plus évidente ici, c’est que ça ne dérange pas les gens de payer 50 dollars pour un projet qu’ils aiment.

Il est intéressant aussi de voir que bien au delà de la tranche 100$, les tranches 250 et 500$ font un joli score comparées à d’autres.

La tranche la plus basse (moins de 25$) est statistiquement insignifiante (cela ramène à peine 5% des fonds), je recommande de l’éviter. Bien sûr, cela dépend de votre projet, peut-être que vous aurez une bonne raison d’utiliser la tranche de 5$. Mais plus important, ces données montrent que ça ne dérange pas non plus les gens de payer 25$.

En fait, proposer trop d’échelons de dons est susceptible de faire fuir vos supporters. J’ai vu des projets avec des dizaines de paliers. Par pitié, ne faites pas ça. Les gens veulent vous donner de l’argent, ne les mettez pas dans une situation de choix complexes ! Faites simple. Je dirais que proposer plus de 5 tranches, c’est trop.

Le résultat global que souligne Craig est généralement similaire pour les musiciens qui proposent une gamme de produits à des paliers de prix sur leur propre site. Alors que je pense que les offres de moins de 25$ sont intéressantes pour la plupart des musiciens, l’idée générale de Craig de ne pas leur poposer trop de produits bon marché a également du sens. Par exemple, j’ai discuté avec pas mal de mes étudiants et d’autres artistes qui envisageaient de proposer des singles à 1$ sur leur site. C’est tout à fait possible : fournir une solution bon marché comme ceci tend à inciter des fans curieux potentiels, alors que les prix plus haut incite les vrais fans à mettre la main au portefeuille.

En se basant sur les données que Craig a obtenu des principales campagnes Kickstarter, il a mis en place le système de paliers suivants :

Ne pas oublier la campagne de promotion

Enfin, Craig et Ashley se sont lancés dans une merveilleuse campagne de promotion en ligne qui s’est concentrée sur les médias sociaux et le monde digital, ainsi que sur quelques points clés comme des blogs de design ou des magazines qui correspondaient parfaitement avec leur univers et leurs fans. Ils ont concentré leur message sur Twitter et Facebook (leurs messages étaient pertinents et très courts), ainsi que sur leur propre mailing list. Ces 6 dernières années, Craid et Ashley ont en effet construit une très importante mailing list dans le monde du design et de l’art, qu’ils ont parfaitement mis à profit. Regardez le timing de leurs campagnes mail ciblées, et les résultats :

Exemple de visuel qui a été utilisé dans l’email :


Peut être que le plus impressionnant c’est la stratégie et la méthode de communication adoptées par Craig envers les blogs, qu’il considérait comme des cibles cruciales pour le projet qu’il menait. Il n’était pas obsédé par la quantité de contacts externes, il était davantage intéressé par la qualité des blogs qu’il a contacté. Encore une fois, c’est une stratégie marketing fondamentale que tous les artistes peuvent utiliser à leur avantage. Selon Craig :

J’écris aux blogs que je lis depuis des années, donc pour moi, faire référence à des vieux billets et personnaliser au maximum mes emails est un jeu d’enfant ! Quoique vous fassiez, n’envoyez pas des mails à l’aveuglette à tous les médias. Soyez intelligents. Le but c’est de plaire aux éditeurs et aux “influenceurs” qui peuvent être intéressés par votre travail. Un seul article du bon blog est 1000 fois plus utile que 10 billets de blogs très visités mais complètement hors-sujet. Vous voulez des utilisateurs engagés, par juste des visiteurs !

Voici les résultats de sa campagne médias sur son projet :

Même si ce qu’ont fait Ashley et Craig avec leur livre n’est pas tout à fait similaire à une campagne musicale direct-to-fan, la plupart des techniques utilisées par Craig et Ashley pour leur campagne, de l’analyse des données à leurs techniques de communication, sont exactement les mêmes que celles que doivent utiliser les musiciens quand ils se lancent dans de la vente en ligne et des campagnes marketing.

Et vous, quelles sont vos expériences et retours sur la vente directe à vos fans ? Les commentaires sont ouverts !

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Cet article a été initialement publié sur le blog de Mike King.

Traduit par Martin Untersinger.

Crédits photos cc flickr : rick

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La “generation Y” en a assez des “pourquoi ?” http://owni.fr/2009/05/10/la-generation-y-en-a-assez-des-pourquoi/ http://owni.fr/2009/05/10/la-generation-y-en-a-assez-des-pourquoi/#comments Sun, 10 May 2009 13:21:20 +0000 [Enikao] http://owni.fr/?p=1021 C’est une tarte à la crème, un cliché à la vie dure, mais la génération Y, ou génération numérique, ou génération digitale, ou encore génération du pouce (SMS & consoles de jeux) est là, et bien là. Socialement présente, active, et… mal accueillie. Dressons un rapide panorama de ce qui nous chiffonne, et surtout en premier lieu l’incompréhension et la surdité. Parce que si nous écoutons sans doute le baladeur trop fort, certains devraient peut-être passer chez Audika…

On ne veut plus des “pourquoi vous n’êtes pas politisés ?”

C’est une contre-vérité car nous votons et débattons, la jeune génération est en revanche très méfiante vis-à-vis des appareils politiques. Toute machine broie l’individu pour créer du collectif, or nous sommes plus individualistes car les utopies collectives sont en grande partie mortes au XXème siècle. Les grandes institutions ont failli : les partis ont magouillé, l’Armée a disparue, la famille se délite, l’Education Nationale se contente d’instruire et n’éduque plus. Il reste d’autres idéologies plus vivantes mais elles sont décentralisées et davantage empiriques que théoriques : altermondialisme, décroissance, éco-responsabilité. Il est plus difficile de gérer et fédérer autour d’une figure emblématique ceux qui ont appris à penser par eux-mêmes. D’ailleurs, regardons ce qui reste de la fureur et de la fougue des révolutionnaires bon teint d’hier : des petits bourgeois bien installés ou des aigris cramponnés à leurs vieilles illusions. Est-ce tentant ?

On ne veut plus des “pourquoi vous n’engagez pas la lutte sociale ?”

Heu… le CPE, les stagiaires anonymes, le chômage des jeunes si élevé, l’insertion sociale impossible, la banque qui se fait pénible dès le début de la vie indépendante, un État criblé de dettes pour le maintien du niveau de prestations d’une génération qui aura tout conquis et tout croqué, ça vous dit quelque chose ? Nous sommes moins optimistes que vous au même âge, car nous savons que nous aurons moins que vous, qu’il n’y a pas à conquérir. Nous savons que nous entamons la longue liste des matches en trop sur un front purement économique. L’avenir est sombre et en plus vous vieillissez en refusant de mourir assez tôt. Allez, on vous aime bien, on vous garde quand même… Mais ne nous forcez pas à sourire ! En revanche sur les droits civils nous sommes là et bien là : droits des homosexuels, représentation, discriminations, parité, immigration et intégration, vote local… autant de débats largement entamés. Sans vous, la plupart du temps.

On ne veut plus des “pourquoi vous ne vous engagez pas dans l’entreprise ?”

On a commencé comme stagiaire, on a été trop diplômé pour le poste, ou manquant d’expérience, on nous embauche pour remplacer certaines fonctions sans en recevoir le salaire, alors donner aveuglément notre loyauté, il ne faut pas rêver non plus. Nous sommes la génération du chômage de masse, des plans sociaux et des conflits où il y a un peu à préserver, rien à gagner. Arrêtons les discours faussement paternalistes sur l’accomplissement de soi en entreprise : une société fait du business, pas de la philanthropie. Nous venons travailler pour chercher à manger et un peu plus si possible. Si en plus on s’épanouit dans notre travail, c’est formidable mais pas indispensable. Et d’ailleurs nous donne-t-on du champ pour cela ? Nous fait-on confiance ? Prend-on des risques en nous confiant certaines missions, certaines responsabilités ? Nous n’en avons pas l’impression. L’époque des bons petits soldats obéissants est révolue, il va falloir faire avec une génération moins niaise, moins enthousiaste sur les repères traditionnels, mais qui a d’autres richesses et valeurs à partager.

La voiture et les avions ça nous fait moins rêver, les pétroliers et les banques aussi. Le consulting et les présentations pipeau jusqu’à pas d’heure avec notes de frais invraisemblables également. Parlez-nous engagement en faveur du handicap, de la diversité, gestes éco-responsables, économie locale, commerce équitable, formation. Nous n’avons simplement pas les mêmes aspirations, nous savons que nos carrières seront plus chaotiques, nous ne serons pas dans une courbe globalement croissante durant notre carrière. Les métiers que nous exercerons dans 10 ans n’existent probablement pas encore aujourd’hui. Mais nous sommes davantage prêts à nous adapter, à rebondir, à changer. Saurez-vous en prendre le meilleur parti ? Au pire, nous entreprendrons, sans vous. Nous le faisons déjà.

On ne veut plus des “pourquoi tu ne te maries pas ?” et des “pourquoi tu ne fais pas d’enfants ?”

Nous sommes la génération des parents de divorcés, nous avons eu sous les yeux des familles qui se déchirent, il ne faut pas non plus trop en demander tout de suite. Cela ne veut pas dire que le couple ou les enfants nous font peur. On se PACSe, on vit ensemble, on se sépare, on fait des enfants hors mariage, on recompose les ménages, on assume son homosexualité sans faire de mariage de façade. Les femmes sont plus libres et libérées, elles veulent une carrière, elles sont devenues plus exigeantes (à raison) et ne s’engagent pas à la légère. Nous sommes la génération du SIDA, pour laquelle le sexe et la relation à l’autre n’est pas émancipateur mais est un danger potentiel. Nous sommes la génération de la xénophobie et du racisme au quotidien, la génération du FN à plus de 10%. Comprenez nos angoisses et nos doutes. Et pour ce qui est de faire des enfants, on s’entraîne, on s’entraîne… (NDLA : il existe une version plus trash de cette dernière réponse mais chez OWNIon est polis, on enlève les doigts de son nez et on dit bonjour à la dame).

On ne veut plus des “pourquoi tu as besoin de Facebook, Twitter, Skype, ton blog, LinkedIn et MSN au bureau : tu ne bosses jamais ?”

Parce que nous sommes une génération connectée. Nous entretenons des relations plus informelles avec différents cercles de connaissances, nous outrepassons les hiérarchies parce que nous recherchons l’efficacité plutôt que l’esprit maison. Nous formalisons nos pensées, nous réfléchissons collectivement, parce que nous veillons et pas seulement au coin du feu avec une guitare. Nous aimons travailler en musique, faire des blagues potaches, réagir rapidement, en résumé : vivre ! Nous ne sommes pas des no-life mais au contraire des more-life. Nous avons de multiples dimensions. Il y a une vie, sur le lieu de travail comme ailleurs. Ce monde n’est pas aseptisé, décrit par un organigramme figé. Notre vie est mouvement. Il y a des rapports humains. Vous acceptez bien que l’on emporte du travail à la maison, alors pourquoi pas un peu de vie privée au travail ?

On ne veut plus des “pourquoi vous ne comprenez pas que tout ne peut pas être gratuit ?”

Parce que vous vous cramponnez à une époque pré-numérique où la fabrication et la copie nécessitaient des moyens matériels et impliquaient une privation de l’un pour donner à l’autre. Aujourd’hui les choses ont changé et les business models de l’industrie vidéo et de la musique devraient changer. La vente des supports est une activité marchande annexe, pas l’activité artistique en elle même. Elle est parasite parce qu’elle capte l’essentiel des revenus sans produire quelque chose d’utile.

Les frères Coen et Dardenne font des films. Ils ne bourrent pas les salles ni les rayons DVD des commerçants. Dionysos fait de la musique, des albums et de la scène. Les membres du groupe ne gravent pas les disques personnellement, et s’en fichent pas mal. Arditi joue des pièces et des films, il en assure éventuellement la promotion dans les médias mais c’est simplement… le jeu. Le jeu d’une industrie. Ce n’est pas là son talent artistique ni ce pourquoi on l’engage.

Qui plus est, penser que nous croyons que tout est gratuit, c’est nous infantiliser et nous prendre pour de sombres crétins. L’image de la jeunesse insouciante et en rébellion, c’est bien gentil mais ce n’est drôle que dans les séries TV et les publicités ironiques. Nous payons nos impôts, nous avons un salaire, nous achetons ce que nous aimons pour nos loisirs. Les gros téléchargeurs sont aussi des gens passionnés, et donc la plus part du temps les plus gros acheteurs, les plus fervents prescripteurs (oui oui ! Ils font même du marketing pour vos produits ! Et gratuitement en plus !) et parfois même… sont artistes eux-mêmes.

Vous pensiez que le monde avait beaucoup changé entre celui de vos parents (nos grands-parents) et le votre ? C’est vrai. Il a également beaucoup changé en une génération, juste après. Ces questions sont légitimes mais les réponses que nous donnons datent déjà et n’ont toujours pas été entendues par une génération qui s’agrippe aux pouvoirs. Peut-être ne fait-on que reporter l’éternelle querelle des anciens et des modernes, qui a dû faire jaser à d’autres époques charnières. Seulement, l’histoire et la technique, la société et la géopolitique, l’économie et les nouveaux enjeux de la planète, tout cela s’accélère.

Au lieu de nous prendre pour des mômes, pourquoi ne compteriez-vous pas un peu sur nous ?

PS : le titre est resté sans accents pour generation, car en anglais, Y se dit “why”, comme pourquoi.

Illustrations CC FlickR Kuba Bożanowski, wili_hybrid, Dustin Diaz, Chris Devers, johntrainor

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