OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les opérateurs parasitent le WiFi http://owni.fr/2011/09/19/les-operateurs-parasitent-le-wifi/ http://owni.fr/2011/09/19/les-operateurs-parasitent-le-wifi/#comments Mon, 19 Sep 2011 09:19:28 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=79770

Les opérateurs ont prévu d’occuper durablement la bande WiFi, car ces fréquences libres leur offrent la possibilité de réaliser des économies substantielles. Dans le même temps, ils gardent le contrôle exclusif des fréquences GSM, 3G et 4G, payées à prix d’or, refusant, autant que les États, leur libre utilisation.

Le 15 septembre dernier, Orange, SFR, Bouygues Télecom et Free, déposaient leurs candidatures à l’ARCEP (Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes) pour l’achat de la première des deux fréquences 4G.

Certes la 4G sera plus performante sur Internet mais ne suffira pas à absorber un trafic mondial, qui doublera tous les ans jusqu’en 2015. Tenus à des obligations de qualité de service, et accrochés à leurs rentes, ils doivent rapidement trouver des solutions de repli.

Sébastien Crozier, élu CFE CGC Orange-France Télécom, confirme :

Le pire ennemi pour les opérateurs mobile c’est Internet. Les smartphones on fait exploser le trafic data [internet sur mobile]. Pour tenir le choc, nous devons nous délester sur des technologies de type WiFi.

Une solution avantageuse pour les opérateurs. Elle ne nécessite pas d’investissements dans de nouvelles infrastructures. Le réseau WiFi est déjà déployé sur les box Adsl de millions d’utilisateurs de l’Internet fixe, les hotspots en ville, les réseaux municipaux, commerçants, associatifs. “Les opérateurs se sont très vite inspirés de ces réseaux alternatifs au début des années 2000, raconte Laurent Guerby du réseau associatif toulousain Tetaneutral, en créant eux aussi des hotspots et en intégrant le WiFi sur leurs box”.

Préserver la neutralité du Net : l’argument bien pratique

Jusque-là, faire fonctionner les réseaux de façon centralisée avec un point de passage obligé – l’antenne relai – a permis aux opérateurs de contrôler tout le trafic cellulaire et maximiser leurs profits. En bons net-goinfres, ils ne veulent pas ré-investir dans le réseau 3G saturé et vont utiliser les fréquences libres et les technologies sans fils qui assureront leur avenir à moindres frais. Dans le même temps, la croissance exponentielle du trafic, va leur apporter des revenus colossaux : l’internet de demain sera mobile, avec les deux tiers du trafic en vidéo et 7 milliards de terminaux mobiles prévus pour 2015. Ils vont même plus loin, comme l’explique Sébastien Crozier :

Que voulez-vous qu’on fasse ? Si nous ne pouvons pas répartir le trafic sur les bandes de fréquences WiFi nous seront obligés de filtrer les contenus sur l’internet mobile pour mieux gérer les volumes de data sur le réseau. Et adieu la neutralité du Net !

Leur utilisation du WiFi permettrait donc de préserver… la neutralité du Net. “Le filtrage ne leur permettait de gagner que 10% de capacité sur 4 mois. Nous leur disions depuis trois ans que la seule solution à long terme était l’investissement, explique Benjamin Bayart, président du FAI associatif French Data Network (FDN). Or ils ne veulent pas redimensionner le réseau GSM/3G qui leur coûterait des milliards et le WiFi reste leur meilleur plan. Si cela se dénoue comme ça, ce n’est pas si mal pour les réseaux.”

Chez Orange ou Free, on l’admet sans détour :

Nous n’avons aucun droit sur les fréquences WiFi

Comprendre : nous avons autant de droits que les autres mais pas de droits exclusifs comme sur les fréquences des technologies 3G et 4G. Car n’importe qui peut utiliser les bandes de fréquence WiFi, de manière libre, gratuite. L’ironie, c’est que ces petites “junk band”, laissées libres et gratuites par les États depuis une vingtaines d’années, vont littéralement sauver les opérateurs qui vont intégrer durablement ces technologies sans fils alternatives à leurs réseaux. La candidature de Free à l’Arcep en 2009 [pdf], révélait déjà cette orientation, avec l’utilisation du réseau WiFi et de femtocellules sur les box. Une belle manière de tirer parti d’un bien commun dans le but de préserver leurs rentes.

Le squat d’un bien commun sans contre-partie ?

L’utilisation commerciale des bandes de fréquences libres n’est donc pas interdite, mais leur exploitation par les poids lourds de la téléphonie mobile sera quelque peu délicate à faire passer sans compromis. Partout dans le monde, des réseaux alternatifs, des administrations ou des commerçants, proposent depuis dix ans des espaces de communication libres et gratuits. Des entrepreneurs, des chercheurs, des hackers innovent sans cesse sur les technologies WiFi qui représentent un marché dynamique composé de modèles économiques variés et souvent porteurs de valeurs universelles. Et des clients de voiP comme Skype ou Fring permettent déjà de communiquer gratuitement ou à très faibles coûts en se passant des opérateurs.

“Il existe déjà une solution simple à mettre en place pour les contourner : libérer les points d’accès WiFi, explique Benjamin Bayart. Il suffirait d’enlever tous les mots de passe et identifiants, la bande passante serait vraiment accessible partout. Cela permettrait de passer des appels en local avec un client de voIP, en restant dans un lieu fixe. Le souci, vous diront-ils, c’est que c’est incompatible avec Hadopi par exemple.” Ou les lois sécuritaires votées en 2006. Des opérateurs qui n’hésitent pas à s’abriter derrière la loi quand leur modèle économique est menacé.

Le cabinet finlandais Notava, expert en “data offloading”, notait en 2010 dans son étude sur la croissance du trafic Internet sur mobile :

Les opérateurs qui n’adoptent pas la technologie WiFi, perdront le contrôle d’une part importante du trafic data mobile et des revenus qui y sont attachés.

Si les opérateurs squattent les fréquences libres, ce n’est pas pour sauver la neutralité du net mais assurer leur avenir et conserver leur monopole. En attendant, la société civile se voit refuser l’utilisation libre de l’ensemble des fréquences du spectre radio, et proposer des offres forfaitaires toujours aussi élevées sur les mobiles…

“Si nous étions dans une situation de libre concurrence, ajoute Benjamin Bayart, on pourrait imaginer une baisse de prix. Or ce n’est pas le cas actuellement. Sauf si un quatrième opérateur venait changer les règles du jeu en cassant les prix pour cette raison là.”


Crédits illustrations: Loguy pour Owni /-)
Crédits photo, via Flickr : Dominic Alves [cc-by-nc-sa]

À lire aussi, notre dossier sur le WiFi libre

]]>
http://owni.fr/2011/09/19/les-operateurs-parasitent-le-wifi/feed/ 25
Le WiFi libre dans les actes http://owni.fr/2011/09/12/le-wifi-un-bien-commun/ http://owni.fr/2011/09/12/le-wifi-un-bien-commun/#comments Mon, 12 Sep 2011 17:28:00 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=78998

Juillet 2011. Sur un terrain de football perdu au milieu des volcans pyrénéens la Guifineta profite du soleil pour se recharger. Cette petite camionnette de l’association Guifi.net, équipée d’un panneau solaire, d’antennes WiFi, de petits routeurs et autres câbles, parcourt les routes de Catalogne pour connecter les nouveaux utilisateurs d’une des plus grande communautés WiFi en Europe.

Une trentaine de hackers, informaticiens et associatifs se sont réunis dans ce camp d’été de Garrotxa, crée en 2008 par Blackhold, une administratrice système de Guifi.net. L’objectif ? Parler réseaux, technologies sans fil, routage et bidouillages en tout genre, du coucher du soleil jusqu’à 4 heures du matin. De l’autre côté des Pyrénées, les conférences (xarlas) ont lieu la nuit, et le seul moyen de connecter la petite communauté à Internet dans cette zone montagneuse est le WiFi.

Guifi.net est né en 2004 en Catalogne, de la réunion de plusieurs projets qui cherchaient des moyens de connecter les habitants des zones blanches, ces régions rurales, montagneuses ou désertiques non desservies par les infrastructures des opérateurs par manque de rentabilité : “Nous avions commencé à bidouiller des installations en WiFi chacun dans notre coin dès le début des années 2000, explique Jose Legido, un des leaders de la communauté. Tout le monde allait vers le même but, nous avions juste à mettre nos ressources en commun pour être plus forts.”

Une stratégie qui paie puisque la petite association est devenue aujourd’hui l’un des FAI associatifs les plus dynamiques d’Europe. Tout va très vite, des premières connections locales vers un réseau de niveau régional fortement développé en Catalogne et qui s’exporte dans d’autre régions d’Espagne comme l’Andalousie et Madrid. De 5000 noeuds en 2008 on passe à près de 15000 noeuds en 2011, et le réseau ne cesse de s’étendre avec l’installation de fibre optique sur tout le territoire et des partenariats avec des petites municipalités.

L’intérêt ne réside pas seulement dans le fait de profiter d’une connexion gratuite à Internet, mais aussi de participer à la construction d’un réseau qui appartient à tous ses membres. Comme beaucoup de membres présents au camp pendant ces trois jours, José a participé au développement du logiciel qui permet permet de voir la zone où il se trouve en relief, et d’y repérer sur une carte les antennes WiFi qui sont dans sa ligne de mire.

L’association est aussi soutenue par une fondation, créée en 2008 et qui lui apporte un soutien juridique et financier : “nous avons obtenu au bout de trois ans des fonds – 50 000 euros- de la Generalitat de Catalogne pour créer notre fondation en 2008”, explique Jose Legido.

Et c’est le fondateur de Guifi, Ramón Roca, qui monte au créneau lorsqu’il s’agit d’aller défendre la neutralité du net sur le terrain politique ou de militer pour la libéralisation du spectre électromagnétique au sein de l’Open Spectrum Alliance.

Cette montée en puissance du secteur associatif dans les réseaux sans fil depuis le début des années 2000 s’explique notamment par la baisse des prix de l’électronique. Un routeur coûtait la bagatelle de quelques millions de dollars au début de l’Internet et prenait la place d’un frigidaire. Ils coûtent aujourd’hui entre 10 et 40 euros, et certains modèles n’atteignent même pas la taille d’un livre de poche, ce dont se félicite Jose Legido :

Aujourd’hui, un équipement pour se connecter en WiFi avec antenne et routeur coûte entre 70 et 150 euros. C’est un investissement très rentable quand on sait qu’on bénéficie ensuite d’une connexion gratuite à vie.

Berlin, août 2011. Cven, vieux routard parmi les hackers, mal rasé, cheveux grisonnants attachés en une longue queue de cheval, sirote une bouteille de Club Mate, la boisson préférée des hackers, derrière le bar de C-Base, la station spatiale berlinoise, vaisseau amiral des hackerspaces situé au centre de Berlin. Illuminée de néons colorés et des images du dernier Chaos Computer Camp qui passent en boucle sur un écran géant, C-Base accueille aussi depuis ses débuts une des plus anciennes communauté WiFi en Europe, Freifunk (radio libre, en VF), créée en 2002 :

J’organisais plusieurs fois par semaine des ateliers pour montrer comment se servir des routeurs, des antennes, comment programmer le logiciel. La technologie a beaucoup évolué depuis dix ans. Aujourd’hui, tout tient dans une petite boîte, il suffit juste de brancher des fils et d’installer l’antenne.

Pour Cven, l’enjeu était technique, mais également politique : “la partie Est de Berlin avait des problèmes de connexion entre le cuivre et la fibre et beaucoup de gens ne pouvaient pas avoir accès à Internet.” A la même période, Juergen Neumann, co-fondateur de FreiFunk, rencontrait de son côté les pionniers du WiFi en Europe, et la communauté londonienne de consume.net :

L’idée était de fonder une méta-communauté la plus décentralisée possible pour échanger et partager nos savoirs avec d’autres communautés en Europe et dans le monde. Nous voulions innover, rechercher, créer, échanger, en mode DIY (ndlr : Do it Yourself) et open source.

Cven ajoute, très fier : “Nous avons créée notre propre logiciel, le FreiFunk Firmware, utilisé partout dans le monde, mais également notre propre protocole de routage B.A.T.M.AN.” En l’espace de quelques années, la communauté des hackers berlinois a de fait créé un modèle qui s’est exporté dans le monde entier : ses avancées techniques -sur les routeurs et les antennes-, leur conception -ils ont travaillé avec des designers- et la coordination de rencontres internationales des communautés WiFi de Copenhague à Dharamsala en 2006 font encore aujourd’hui référence.

Très vite ces communautés de réseaux sans fil communautaires (on en dénombre une quinzaine en France) ont rédigé des règles de bonne conduite, des constitutions qui définissent ces réseaux. Les utilisateurs sont d’accords pour partager leur connexion et faire circuler les données entre eux, sans porter atteinte aux contenus.

En 2005, Ramon Roca, fondateur de Guifi.net et aujourd’hui Président de la fondation, publia de son côté en 2005 le Comuns Sensefils (Wireless Commons License, en anglais, licence des biens communs sans fil, en VF). Tous les textes de ces réseaux associatifs, décentralisés, porteur de la culture du et des valeurs du culture Libre, ont une valeur universelle et peuvent être repris et adaptés par n’importe quelle communauté dans le monde.

Reste à savoir si ces réseaux communautaires connaîtront le succès des logiciels libres ou encore des Creative Commons. Pour Rop Gonggrijp, fondateur du premier fournisseur d’accès à Internet XS4ALL, l’avenir appartient aux petites structures, décentralisées et flexibles. “Le FAI du futur ressemblera plus à celui des années 90. Nous nous éloignons de l’individualisme et du modèle des grandes structures et les communautés qui survivront seront celles qui auront créé leurs propres réseaux.”


Photos, Ophelia Noor, cc-by-nc-sa
Camp d’été SCG, Garrotxa, Juillet 2011
C-Base, Berlin, Août 2011

À lire aussi : Le WiFi libre entre en résistance

]]>
http://owni.fr/2011/09/12/le-wifi-un-bien-commun/feed/ 15
Le wifi libre entre en résistance http://owni.fr/2011/09/12/wifi-alternatif-ondes-radio/ http://owni.fr/2011/09/12/wifi-alternatif-ondes-radio/#comments Mon, 12 Sep 2011 10:54:05 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=78874

Sensible au lobbying des industriels des télécoms, le Conseil de l’Union européenne pourrait rejeter l’idée de rendre plus accessibles les bandes de fréquence radio, empêchant le développement de réseaux WiFi alternatifs et indépendants. Des rapports intermédiaires du Conseil oublient les amendements du Parlement européen soutenant une utilisation libre des ondes radio. Leur rejet marquerait donc l’opposition du Conseil au développement des réseaux WiFi libres en Europe.

L’innovation contre toute attente

Or depuis le début des années 2000, des communautés WiFi autonomes, indépendantes, fondées sur les principes de la culture libre, existent en Europe comme Freifunk [de] en Allemagne, FunkFeuer [de] en Autriche ou Guifi.net [es] en Catalogne. Elles regroupent des milliers d’utilisateurs qui sont partie prenante du réseau et qui peuvent se connecter à Internet et entre eux pour échanger des mails, passer des appels ou partager des fichiers.

Et jusqu’ici c’est bien la société civile qui a assuré la couverture des zones blanches, délaissées par les infrastructures des opérateurs « pour manque de rentabilité ». Avec les moyens du bord, ces réseaux associatifs se sont implantés dans les zones rurales isolées des Pyrénées ou du Djursland au Danemark et ont contribué à la réduction de la fracture numérique. Mais également chez les Touaregs au Sahara, ou dans les villages tibétains, tous reliés à Internet par la seule volonté et la force d’innovation de ces communautés d’utilisateurs. Elles développent des technologies open source associées, tel le protocole de routage B.A.T.M.A.N. et c’est ainsi que l’on peut trouver des modes d’emplois (pdf) pour la mise en place de réseaux maillés Freifunk en Afrique.

Les communications sur les fréquences WiFi ont explosé en dix ans malgré les contraintes imposées par cette minuscule bande radio de faible portée souvent surnommée « junk band » ou bande poubelle puisque n’importe qui peut l’utiliser. Voulue libre d’utilisation et gratuite par les gouvernements au niveau mondial, ces fréquences sont comprises entre 2,4 GHz et 2,5GHz, ainsi que la fréquence 5 GHz. Cette évolution a été possible sur cette bande du spectre grâce à la baisse des prix de l’électronique, aux possibilités offertes par l’évolution des normes WiFi et aux talents des hackers, bidouilleurs, ingénieurs et autres passionnés d’électronique.

Mobilisation des groupes d’utilisateurs

Des groupes d’utilisateurs sont sur les rangs pour défendre ces acquis et cette culture de la communication libre. Pour que ces réseaux citoyens continuent à innover techniquement et à se développer en dehors de toute pression étatique ou commerciale, il est nécessaire de ne plus se limiter à la « junk band » et de pouvoir accéder à d’autres parties du spectre radio. Le groupe international Open Spectrum [en], composé majoritairement d’ingénieurs en télécommunication, milite ainsi auprès des gouvernements et des institutions internationales comme l’UIT (Union Internationale des Télécommunications, dépendant des Nations Unies) pour faire lever les licences sur les ondes radio. Interrogé par OWNI, Alexander List, un des fondateurs de la communauté WiFi FunkFeuer basée en Autriche, raconte les débuts d’Open Spectrum :

Il y a environ deux ans et demi, tout le monde discutait du dividende numérique et de la libération prochaine des fréquences de la télévision analogique en prenant pour acquis le fait que ces fréquences allaient revenir aux opérateurs mobiles. J’ai tout de suite pensé qu’il serait plus logique de libérer encore d’autres portions du spectre pour les zones rurales. Nous avons réussi à réunir des gens de communautés WiFi, des universitaires, des inventeurs comme Vic Hayes [en], le père du WiFi et des activistes spécialisés dans ce domaine comme Bob Horvitz.

Même si l’Union européenne avec sa politique de gestion du spectre (RSPP) [en] est actuellement en train de tenter une harmonisation sur l’utilisation de cette ressource, les États restent frileux sur la question, selon Félix Treguer de la Quadrature du Net. « Nous avons réussi à faire passer une série d’amendements au mois d’avril mais ils seront sûrement retoqués par les ministres des États membres. »
Et les intérêts financiers en jeu sont conséquents.

Nous savions que nous aurions beaucoup de travail, ajoute Alexander List, particulièrement face aux puissants lobbies des télécommunications. Nous travaillons depuis pas mal de temps du côté américain avec la New American Foundation et nous pouvons compter sur des groupes comme La Quadrature du Net à Bruxelles qui s’est positionnée sur cette question cette année avec succès.

Cependant, ces licences représentent pour les États une manne financière non négligeable, on parle de milliards d’euros, qui préfèrent généralement les vendre aux opérateurs historiques, comme les licences UMTS (3G) il y a dix ans et aujourd’hui la 4G, déployée notamment sur les fréquences de la télévision analogique (800 MHz) qui cessera d’émettre le 30 novembre 2011.

Faire exploser des limitations établies… au début du XXe siècle

De l’autre côté, les opérateurs n’ont pas d’intérêt à laisser filer ces fréquences radios entre les mains de la société civile pour la laisser déployer, à une plus grande échelle et avec plus de puissance, le type de technologies open source développées depuis dix ans sur la bande WiFi. Des limitations imposées par les États et soutenues par les opérateurs, qui ont été établies au début du XXe siècle, et ne sont plus valables aujourd’hui selon Open Spectrum, car elles ne tiennent pas compte de l’évolution des technologies et notamment des recherches en radio intelligente.

Guy Pujolle, chercheur au CNRS, travaille sur ce type de radio dont la norme sera prête d’ici deux ans. Il explique : « C’est une technologie qui utilise les ondes radio de manière intelligente en repérant automatiquement les autres fréquences qui ne sont pas utilisées dans une zone délimitée du spectre radio et dont vous n’avez pas la licence. » Un procédé qui permettra aux utilisateurs de passer d’une bande à l’autre sans interférences et en augmentant par exemple, le débit de leur connexion Internet. Reste à savoir si les opérateurs seront d’accord pour partager ces fréquences. Alexandre conclut :

Le principal problème est que l’État, ou les instances de régulations, se comportent comme les nounous des ondes radios. Or la mise sous licence du spectre est la vache à lait de ministres des finances aux abois. Il ne faut pas oublier que les ondes radio sont un bien commun, comme l’air qu’on respire.


Crédits photo Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales dorywithserifs
Rob Palagret [cc-by-nc-sa]

Image de une Loguy, téléchargez-la /-)

À lire aussi :
Le WiFi ? Un bien commun
Le spectre de nos libertés

]]>
http://owni.fr/2011/09/12/wifi-alternatif-ondes-radio/feed/ 22
Le LOOP : un Hackerspace dans Paris http://owni.fr/2011/01/20/le-loop-un-hackerspace-dans-paris/ http://owni.fr/2011/01/20/le-loop-un-hackerspace-dans-paris/#comments Thu, 20 Jan 2011 07:30:38 +0000 jessicachekoun http://owni.fr/?p=43084 Cet article est issu du site Silicon Maniacs, un  webzine pour défricher, chroniquer et analyser la révolution digitale créé par l’association Silicon Sentier qui organise les évènements à La Cantine pour rassembler, mixer et interroger les acteurs du numérique.

Le rendez-vous est donné non loin de République, dans un immeuble avec pignon sur rue. Nous voyant nous diriger vers la porte, un jeune homme nous barre le passage :

« Vous êtes attendues ?

- Heu oui par Guyzmo.

- Je connais pas de Guyzmo moi.

- Heu, en fait on travaille pour Silicon Sentier et c’est pour ça qu’on doit rencontrer Guyzmo.

- Ah c’est les geeks c’est ça ?

- Heu… si on veut, oui.

- Ah…ils sont au quatrième, je vais vous accompagner. »

Dans l’ascenseur il nous explique : « Vous savez, on a 5 000 mètres carré à gérer, alors on ne peut pas laisser entrer n’importe qui sinon, ça va être le bazar. Les gens vont faire n’importe quoi. »

Le Squat a été ouvert il y a un mois et demi dans un ancien immeuble de bureau. Nous sommes là car un hackerspace a été monté et nous souhaitons en apprendre un peu plus.

Au fil des huit étages, des ateliers d’artistes, des lieux de vie, des installations de création de décors de théâtre. On nous propose de descendre au premier étage pour profiter du ciné club. Mais ce n’est pas notre but, nous sommes ici pour parler du LOOP : Laboratoire Ouvert Ou Pas. Le quatrième étage lui est presque entièrement dédié. 200 mètres carré recouverts de moquette et arborant un faux plafonds. Ça et là, des tours de PC ont poussé comme des champignons, sur la moquette bleu France Télécom des années 1980.

Sous la lumière des néons, entretien mené par Abeline Majorel avec Guyzmo, ingénieur en recherche et développement à Bearstech, une société coopérative d’ingénieurs spécialisée en infogérance, en hébergement et en développement d’applications.

“Ma passion c’est tout ce qui concerne le hacking, c’est-à-dire bidouiller le matériel, comprendre le fonctionnement des choses et créer de nouvelles choses. “

Peux tu nous expliquer ce qu’est le LOOP ?

Le LOOP c’est ce que l’on appelle un Hack lab ou encore un hackerspace, mouvement qui existe depuis plusieurs années et qui s’est généralisé en Allemagne et aux États-Unis. En France on dira plutôt un laboratoire ouvert. Ce sont des lieux qui réunissent ce que l’on appelle des hackers, les hackers étant des bidouilleurs, des gens passionnés de technologies, que ce soit l’informatique, la mécanique ou la biologie. Des lieux pour qu’ils puissent se réunir de façon à pouvoir créer une synergie, et pouvoir mener à bien des projets en coopération. Cette synergie est orientée vers le “faire”, vers la réalisation. Il faut dépasser les discussions : il s’agit ici de mener à bien des projets.

Qui sont les personnes qui se réunissent dans un Hacker Space ?

Il existe une définition du hacker que j’apprécie beaucoup et qui a été donnée dans le Jargon Files par Eric S. Raymond : « le hacker est celui qui apprécie le challenge intellectuel du dépassement créatif et du contournement des limitations. » Voilà le facteur commun, le point qui fait que ces gens, se réunissent et ont envie de se réunir dans un tel lieu, pour finalement aboutir, créer des projets et mener à bien leurs idées, leurs envies.

Carte recensant les hackerspaces à travers le monde (cliquer sur la carte pour y accéder)

Pourquoi vous installer dans ce squat ?

On est dans ce lieu pour plusieurs raisons, la première étant qu’en France, depuis quelques années  beaucoup de hackerspaces émergent, se créent. Cela a commencé par un hackerspace en banlieue parisienne qui s’appelle le /tmp/lab (Vitry Sur Seine), suivi par le Tetalab à Toulouse. Un autre groupe est en train de s’installer à Grenoble. Un autre hackerspace qui vient d’ouvrir à Nanterre, l’Electrolab. Et encore un autre dans le nord de Paris. Sans oublier Rennes, avec le Breizh Entropy Lab. Mais, la France est un pays jacobin, le centre est toujours Paris : la vie économique se situe là. Il est très difficile  de réunir en un même lieu, intra muros, les gens qui sont acteurs de cette vie économique et ceux qui sont de passage pour que le brassage se fasse, et que tous puissent collaborer ensemble à des projets, se réunir tout simplement.

Enfin, ce lieu est un squat artistique, qui réunit des gens ayant des idéaux proches des idéaux du hacking : notamment des artistes, qui veulent avoir des ateliers pour créer, pour exprimer leur art. Mais aussi des personnes qui veulent faire de la mécanique ou d’autres activités, et qui, pour les mettre en valeur, se réunissent dans l’interstice de la cité pour mettre en valeur leurs projets.

« Le hacker, c’est celui qui apprécie le challenge intellectuel du dépassement créatif et du contournement des limitations. »

Quel est votre but, vers quoi allez-vous ?

Je ne peux pas savoir vers quoi on va mais je sais d’où on vient.

Le mouvement du hackerspace est un mouvement qui est intimement lié au mouvement du logiciel libre. Nous avons comme optique de partager ce que nous faisons, de partager nos idées et nos connaissances. Nous ne sommes pas là pour privatiser ces idées, mais pour les amener au grand public. Il en va de même pour les découvertes que nous pourrions y faire. En réalité, nous avons pour unique but de nous exprimer, de faire des choses qui nous passionnent, sans y voir un intérêt économique ou politique. Nous n’avons pas ce que l’on pourrait appeler un agenda : notre but c’est de nous amuser en faisant.

Quels sont les projets que vous allez développer ici ?

Cela dépendra des gens qui vont participer aux projets. Je ne peux pas m’avancer et parler pour les autres. En revanche, je peux parler de l’expérience de la Suite Logique ( ancien hackerspace dans un squat fermé en Juin 2010), où quatre personnes ont décidé de participer à la coupe de France de robotique. Elles ont passé un an à venir régulièrement dans le lieu, à monter leur robot, à travailler sur le projet. Au final, elles ne sont pas montées très haut dans les résultats, mais l’expérience leur a tellement plu qu’elles ont décidé de recommencer. Aujourd’hui, elles continuent leur aventure dans un autre hackerspace de la région parisienne.

Et puis, il y a l’idée des interfaces tactiles, un projet en cours sur lequel je travaille. Celles-ci existent aujourd’hui sur nos téléphones. Mais, si on envisage ces interfaces sur des surfaces plus grandes cela peut amener à des choses très intéressantes, voire des projets artistiques. Par exemple, si on choisit une vitrines comme surface, on peut imaginer des interactions avec le public et des passants dans la rue. Pour réaliser ces choses là, tout est une question de moyen et de temps à se donner.

« Soit on contrôle la technologie, soit on est contrôlé par elle, la seule différence, c’est la connaissance qu’on en a. »

Quel est le message que vous voudriez passer ?

Le message général du mouvement hackerspace est un message aux gens qui ne sont pas férus de technologies et qui n’ont pas intérêt à comprendre comment elles fonctionnent. On est dans une phase où la technologie est de plus en plus ubiquitaire, de plus en plus présente dans note vie quotidienne. On est entourés de boîtes noires. Typiquement, tout le monde a un téléphone. Beaucoup de gens ont ce qu’on appelle un smartphone, mais en dehors de dire que ce téléphone est smart on n’apprend rien sur l’objet. Les gens ne voient qu’une boite noire avec des choses sur lesquelles on peut jouer. En revanche, se poser la question de savoir comment ça fonctionne à l’intérieur, ce que fait le téléphone. Est-ce qu’il n’est fait que ce que pour quoi je l’ai acheté ? Comprendre son fonctionnement interne finalement : voilà un des buts du mouvement du hackerspace. Au delà du téléphone, ça peut s’appliquer à tout, aux publicités dans le métro, aux ordinateurs, aux tablettes, aux téléviseurs, aux téléphones fixes et au système téléphonique en lui même. À tout ce qui participe de la vie de tous les jours. Demain ce sera peut être des frigos ou des micro-ondes intelligents, des systèmes qui allumeront automatiquement les lumières dans la maison.

La question est : comment garder le contrôle sur ces choses là ? Le but des hackerspaces est d’être garant de la connaissance sur ces choses là, et du partage de celle-ci avec tout le monde. Pour éviter que la réalité ne rejoigne la science fiction d’anticipation comme 1984 d’Orwell, ou « Le Cycle des Robots » d’Asimov, où la société est entièrement contrôlée par des technologies. Soit on contrôle la technologie, soit on est contrôlé par elle, la seule différence, c’est la connaissance qu’on en a.

Article initialement publié sur Silicon maniacs

>> photos flickr CC Jeff Keyzer ; Anna Petersen

]]>
http://owni.fr/2011/01/20/le-loop-un-hackerspace-dans-paris/feed/ 8
A Remix Manifesto par Boing Boing [en] http://owni.fr/2009/09/02/a-remix-manifesto-par-boing-boing-en/ http://owni.fr/2009/09/02/a-remix-manifesto-par-boing-boing-en/#comments Wed, 02 Sep 2009 14:36:19 +0000 Media Hacker http://owni.fr/?p=3116 Cette vidéo réalisée par les membres du blog Boingboing, prolonge le Remix Manifesto (déjà publié sur Owni). Le minidocu (7 minutes) prend l’exemple de Girl Talk, orfèvre du Mash-up, technique qui consiste à créer une oeuvre nouvelle à partir de morceaux préexistants. Si les droits d’auteur étaient scrupuleusement respectés, Girl Talk devrait reverser 262 500$ par morceau aux différents ayants-droit. Un point de départ qui permet aux auteurs de ce reportage de remettre en cause les fondements du copyright et de plaider pour l’échange, le remix, et la culture libre …

Cliquer ici pour voir la vidéo.

]]>
http://owni.fr/2009/09/02/a-remix-manifesto-par-boing-boing-en/feed/ 0
Steal this film ! (part.2) http://owni.fr/2009/08/06/steal-this-film-part2/ http://owni.fr/2009/08/06/steal-this-film-part2/#comments Thu, 06 Aug 2009 09:02:36 +0000 Guillaume Ledit http://owni.fr/?p=2223 Cliquer ici pour voir la vidéo.

A l’heure où les défenseurs du copyright à l’ancienne tentent par (presque) tous les moyens à leur disposition de maintenir debout leur modèle vacillant, la résistance s’organise.

Les réalisateurs de la deuxième partie de ce véritable manuel de théorie du droit d’auteur ont rencontré tous ceux qui militent (h)ac(k)tivement pour la promotion d’un nouveau modèle : Yochai Benkler (professeur à Yale), Erik (Mininova), Howard Reinhgold, des juristes, des économistes, des artistes …

44 minutes gratuites et stimulantes :  enjoy, rejoice, share, remix !

]]>
http://owni.fr/2009/08/06/steal-this-film-part2/feed/ 1