OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 La licence globale au secours des blogueurs http://owni.fr/2011/12/28/licence-globale-blogueurs-remuneration/ http://owni.fr/2011/12/28/licence-globale-blogueurs-remuneration/#comments Wed, 28 Dec 2011 07:30:37 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=91833 Dans la polémique qui a éclaté lors de la trêve des confiseurs à propos de la rémunération des blogueurs et de leurs rapports avec les sites de presse, j’ai trouvé frappant de constater que le débat se ramenait à une opposition finalement assez classique entre amateurs et professionnels, sans beaucoup d’imagination du côté des modèles économiques envisageables.

Or il existe des propositions de modèles alternatifs de financement de la création qui tendent à dynamiter symboliquement cette distinction entre amateurs et professionnels et ils constituent une piste intéressante pour envisager la question sous un nouvel angle.

J’ai déjà abordé cette question du statut des blogueurs vis-à-vis de la presse sous l’angle juridique, à propos du mode de fonctionnement du Huffington Post et de son arrivée en France, mais il me paraît intéressant aujourd’hui de la reprendre sous l’angle économique, en la reliant avec la problématique de la licence globale.

On peut en effet concevoir des solutions, de type licence globale ou contribution créative, qui viendraient englober les contenus produits par la blogosphère et offrir aux blogueurs une rémunération en contrepartie de leur inclusion dans la sphère des échanges hors marché qu’un tel système viendrait légaliser.

Gold Capsule. Par Brooks Elliot. CC-BY-SA. Source : Flickr

Il est intéressant à cet égard de relire les propositions faites par Philippe Aigrain, dans son ouvrage Internet & Création, dans lequel il modélise un mécanisme de contribution créative qui ne se limite ni au peer-to-peer, ni aux seuls domaines de la musique et de la vidéo, mais pourrait tout à fait s’appliquer à la blogosphère.

Ses propositions incluent en effet dans le périmètre de la contribution créative “toute œuvre qui a donné lieu à une diffusion numérique au public général quelle que soit sa nature (gratuite ou payante)“. Cette définition concerne donc bien les billets de blogs, tout comme d’ailleurs les pages des sites de la presse professionnelle, du moment que ceux-ci sont en accès libre.

Le critère retenu est celui de la divulgation volontaire au public des contenus sous forme numérique, mais il ne s’étend pas à toutes les formes de diffusion. “[...] l’accès par les membres d’une communauté informationnelle (accessible sur abonnement avec accès protégé)”, par exemple , “ne rend pas une œuvre publique au sens du mécanisme”. Dans le domaine de la presse, cela signifie par exemple qu’un site comme Mediapart ne serait pas inclus dans le dispositif, lui permettant de conserver son modèle économique organisé autour d’un accès payant sur abonnement.

Des contenus commerciaux aux User Generated Content

C’est une des grandes forces du modèle proposé par Philippe Aigrain de ne pas se focaliser sur les contenus “commerciaux”, mais de s’étendre à ce qui constitue une part déterminante de la création contemporaine, à savoir les User Generated Content (Contenus produits par les Utilisateurs) : photographies amateurs, vidéos d’expression personnelle, musique libre, et bien entendu, production des blogueurs.

Même s’ils sont produits par des amateurs et diffusés gratuitement sur Internet, ces contenus pourraient ouvrir droit à une rémunération pour leurs auteurs, tirée de la redistribution d’une partie des redevances versées par les internautes, en contrepartie de la reconnaissance d’un droit au partage.

Pour les créateurs “amateurs”, Philippe Aigrain propose que le bénéfice de la rémunération fasse l’objet d’une adhésion volontaire de la part des auteurs, c’est-à-dire par exemple pour le cas qui nous intéresse, que les blogueurs accomplissent une démarche pour faire enregistrer leur blog et indiquer qu’ils souhaitent effectivement toucher une rémunération, calculée sur la base d’une évaluation de l’usage des contenus (pour les blogs, on peut imaginer qu’il s’agirait de la fréquentation et des références, du type rétroliens et partages sur les réseaux sociaux).

Le droit au partage des contenus est conçu par Philippe Aigrain de manière plus large que le simple téléchargement auquel on réduit  trop souvent la licence globale. Ce n’est pas seulement un droit à la copie et à l’usage privés, mais un droit “de reproduction et de communication au public : chacun pourrait donc seulement recevoir et mettre à disposition des autres les oeuvres (et bien sûr les lire, écouter, visionner, etc.)“. Les blogs se trouveraient donc par défaut tous placés sous un régime juridique proche d’une licence Creative Commons BY-NC (mais les pages web des sites de presse en accès libre le seraient également). Cette ouverture favoriserait très largement des pratiques comme la propulsion, la curation et l’agrégation des contenus, que ce soit par les professionnels ou par les amateurs, dans des conditions juridiques beaucoup plus fluides qu’actuellement où les zones d’ombre sont nombreuses.

Bénéfique aux deux parties

La mise en application d’un tel système aurait des répercussions importantes sur les relations entre blogueurs et sites de presse, et à mon sens, elles seraient bénéfiques aux deux parties. Les blogueurs y trouveraient une source de revenus, sans doute assez modeste pour le plus grand nombre d’entre eux, mais moins menaçante pour leur indépendance que le versement direct de subsides par un site de presse. Par ailleurs, comme les échanges hors marché seraient légalisés, rien n’empêcherait les journaux de reprendre des billets sur leur site, à condition toutefois de ne pas les entourer de publicités (assimilable à mon sens dans ce cas à un usage commercial). Les sites de presse, à condition de laisser leurs contenus en accès libre, trouveraient également une source de financement dans la redistribution d’une part des redevances, pouvant se cumuler avec des ressources publicitaires.

Même dans un tel système ouvert, les blogueurs conserveraient la possibilité de valoriser financièrement leur production, en concluant des contrats pour autoriser des usages commerciaux (par exemple justement pour la reprise de contenus sur des sites financés par de la pub ou pour l’édition de leurs billets sous forme de livres papier ou d’eBooks). A contrario, certains blogueurs pourraient choisir d’autoriser a priori des usages au-delà du partage hors marché en recourant à des licences libres du type CC-BY ou CC-BY-SA, qui conserveraient tout leur intérêt. Et il y a même fort à parier qu’une partie importante des blogueurs amateurs ne demanderaient pas à toucher la rémunération.

Des solutions de type licence globale ou contribution créative me paraissent donc constituer des pistes intéressantes pour clarifier et redéfinir les relations entre blogueurs et sites de presse. Elles permettent aussi de sortir des amalgames du genre “absence de rémunération=liberté”, en ouvrant une voie permettant d’attribuer une récompense à ceux qui contribuent à enrichir le corpus des biens communs informationnels partageables.

Le PS et EELV sur la bonne voie

Dans le débat politique actuel, on a hélas trop tendance à assimiler la licence globale à une simple légalisation du P2P pour la musique et la vidéo, mais cet exemple montre tout l’intérêt de concevoir cette alternative d’une manière plus large et de l’étendre à l’ensemble des contenus publiés en ligne, que leurs créateurs soient des amateurs ou des professionnels.

La dernière proposition en date du Parti socialiste, élaborée par le pôle Culture du comité de campagne de François Hollande, est suffisamment large pour aller jusque là, puisqu’elle consiste à “autoriser les échanges de tous types d’œuvres entre particuliers à des fins non commerciales“. Les propositions d’Eva Joly, qui s’inspirent de Richard Stallman, avec un mélange de contribution créative et de mécénat global (don volontaire des internautes aux créateurs qu’ils souhaitent soutenir), ne paraissent pas non plus incompatibles avec une prise en compte de la question des User Generated Content.

(Golden Egg. Par Mykl Roventine. CC-BY. Source : Flickr)

Certes, je pense que le fait de choisir la forme du blog pour écrire est assez éloignée de l’espoir d’en attendre un retour direct sous forme  pécuniaire. Jean-Noël Lafargue dans un billet excellent explique bien que les retombées que peut recevoir un blogueur sont beaucoup plus subtiles (opportunités éditoriales en ce qui le concerne ; pour ma part, il s’agirait plus de propositions de formations à assurer, d’interventions publiques ou de consultations juridiques).

Par ailleurs, je me sens assez proche d’un Thierry Crouzet lorsqu’il assimile le fait de bloguer à un “art de vivre” et non à une forme de travail :

Bloguer, ça paye à tous les coups parce que ça nous procure une puissante sensation de vie.

Néanmoins,  je pense que l’on peut, grâce à la licence globale, éviter à la fois l’écueil d’une certaine forme de “romantisme numérique” et les risques liés au fait de transformer les blogueurs en salariés de seconde zone.

Je crois également qu’une grande partie des difficultés soulevées par le droit d’auteur aujourd’hui viennent du fait que l’on se focalise sur le mythe qu’il est justifié par la possibilité qu’il donnerait aux auteurs d’en tirer un revenu principal afin d’être en mesure de créer, alors même que la plus grande part des contenus en ligne sont produits par des amateurs. Les personnes capables de vivre de leurs créations ne sont qu’une infime minorité et ce ne sont certainement pas celles qui créent de manière indépendante !

Conçus de manière large pour donner la pleine mesure de leurs effets, des systèmes de rémunération alternatifs comme la contribution créative aurait l’intérêt de faire voler en éclats cette distinction stérile entre amateurs et professionnels. Ils auraient aussi à mon sens la vertu de faire émerger un écosystème informationnel beaucoup plus fluide et plus riche que les “stratagèmes égonomiques” auxquels se livrent actuellement les sites de presse pour séduire les blogueurs et attirer les contributions.

PS : Philippe Aigrain va faire paraître en février 2012 un nouveau livre consacré au financement de la création, intitulé Sharing : culture and the economy in the Internet age. A lire absolument, d’autant plus qu’il sera sous licence libre ! Mais je gage qu’il sera la preuve vivante que le partage n’est pas incompatible avec un modèle économique, en assurant à son auteur des revenus nettement aussi importants qu’une parution par les voies commerciales classiques.

Image de une CC Flickr AttributionNoncommercial bebouchard

Billet initialement publié sur :: S.I.Lex :: sous le titre Rémunération des blogueurs : une piste du côté de la licence globale ?

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Moine-reporter: le bénévolat comme business model http://owni.fr/2011/05/19/moine-reporter-le-benevolat-comme-business-model/ http://owni.fr/2011/05/19/moine-reporter-le-benevolat-comme-business-model/#comments Thu, 19 May 2011 16:47:25 +0000 JCFeraud http://owni.fr/?p=63201

Mon invité du jour est suisse et aime l’art du contrepied (rien à voir je sais ;). Alors que les blogueurs réclament salaire au même titre que les journalistes envers et contre l’économie de la gratitude – Guillaume Henchoz, plus connu des pratiquants de Twitter sous le pseudonyme de @Chacaille défend lui l’idée que l’on peut pratiquer le journalisme comme un art monastique et bénévole, en parallèle -et non en marge- d’une activité salariée. Cela ne plaira pas forcément aux professionnels de la profession repliés dans un corporatisme qui n’a pas vu venir, avec l’internet, la révolution de l’information par tous et pour tous. Mais Guillaume a la foi communicative et l’enthousiasme des moines-soldats. Enseignant de métier à Lausanne, il est lui même blogueur et rédacteur en chef d’ “ITHAQUE”, un joli projet de journal associatif animé par des journalistes bénévoles, professionnels ou citoyens, avec du réel, du gonzo et de la BD dedans. Le premier numéro de cette revue journalistique au long cours (quatre numéros par an) qui entend aller “moins vite et plus loin”, paraîtra début juin sous la forme d’un beau berlinois de 20 pages papier. J’ai décidé de m’embarquer dans l’aventure en livrant une chronique en forme de charge contre le journalisme “civilisé”: “Nous sommes les nouveaux barbares de l’Info”. Mettant en application sa conception de l’économie du troc conventuel, Guillaume m’a offert en échange ce billet sur la figure du moine-reporter que vous allez lire et commenter de ce pas !

C’est un petit encadré de rien du tout dans le magazine de l’Association suisse des journalistes (Edito), qui m’a fait d’abord tousser, puis réfléchir. “ITHAQUE”, un journal foutraque et gonzo que l’on s’apprête à lancer entre amis (pros ou non), y est épinglé au titre que ses rédacteurs ne sont pas rémunérés. “L’avenir dira si le bénévolat est lucratif pour un journal – pour le métier de journaliste, c’est plutôt la mort!- Et si ça fonctionne longtemps !”, conclut l’article. Guts ! Passons rapidement sur le fait qu’une publication qui tire à 3.000 exemplaires quatre fois par an puisse faire tiquer à ce point la profession et concentrons nous sur l’essentiel : derrière cette critique du bénévolat, il y a quelque chose de fondamental. Un vieux réflexe corporatiste qui me froisse horriblement. Parce que je ne me paie pas, je serais donc incapable de produire un travail journalistique de qualité ? Et en prime j’aurais la mort de toute une profession sur le dos ? Passées les premières crispations engendrées par la lecture du petit article, je me suis demandé comment je pouvais illustrer et expliquer simplement mon mode de fonctionnement. C’est ainsi que l’image du moine-reporter m’est apparue. Une vision, quoi.

Notre abbatiale

“ITHAQUE” fonctionne un peu sur ce modèle. Un groupe de reporters s’est formé, dont certains exercent d’autres activités que le journalisme. Il y a également des journalistes à temps partiel et des journalistes indépendants, qui complètent leurs revenus avec des petits boulots à droite et à gauche. Le canard constitue un peu notre abbatiale. On s’y retrouve pour communier quatre fois par année. Notre credo, “moins vite, plus loin”, nous permet d’avancer pépère, de gratter ce qui nous démange et de chercher des poux dans la tonsure de qui on veut, en prenant le temps d’effectuer de longs articles.

Le moine-reporter prend place parmi les figures qui sont apparues récemment dans la pratique journalistique, où le fait de posséder ou non une carte de presse n’est pas (plus ?) déterminant. Je pense ici au “journaliste-citoyen” (ouille, le gros mot) ou encore à nos petits copains les “forçats de l’info“. Qu’on le veuille ou non, la personne qui tient sa chronique idéologiquement prescriptive, celle qui publie les pévés du Conseil général de sa commune sur son blog et l’autre là, qui bâtonne des dépêches toute la journée, font partie du paysage. Oui, vous avez raison, c’est un peu plus compliqué que cela : il y a d’excellents journalistes-citoyens et de brillants reporters de desk. Il y a même des journalistes d’avant le web qui se mettent à utiliser avantageusement les outils technologiques mis à leur disposition. Mais le constat s’impose de lui-même et on ne va pas trop s’y étendre tant le sujet est ressassé aux quatre coins de la blogosphère : le journaliste historique n’est plus  le seul prescripteur de l’information. Si la Toile a d’abord offert des tribunes à quiconque le souhaitait, elle a ensuite permis à de nombreuses personnes, dont je fais partie, de se bricoler une sorte de formation.

Pratiquer le journalisme… et autre chose

En lisant, en écrivant, en bidouillant, en échangeant, je me suis petit à petit formé à la pratique du journalisme. J’ai appris à réaliser des entretiens, brosser des portraits, lire entre les lignes un communiqué de presse, partir sur le terrain, tout cela grâce et à travers le web. Je n’ai jamais fréquenté une école de journalisme et n’y mettrai certainement jamais les pieds. Oh, bien sûr, je fréquente des journalistes – j’ai même fait deux gosses à une reporter encartée – mais je plaide la bonne foi : tout a commencé avant que je ne la rencontre. Les mauvaises langues diront que je fais du journalisme par les marges. Ce n’est pas mon sentiment. En fait, le journalisme est au cœur de mon activité professionnelle. J’ai juste un business plan un peu compliqué.

Pendant mes études, je me suis frotté à la rubrique culturelle du journal de mon université. J’ai aussi fait de la radio sur le campus. Par la suite, j’ai pigé pour un magazine spécialisé dans les médias – le même qui nous tombe dessus aujourd’hui – et j’ai tenu un blog qui reste un peu en friche depuis que je me suis lancé dans l’aventure d’”ITHAQUE”. J’ai toujours pratiqué le journalisme et autre chose : des études, un travail de libraire, puis mon boulot d’enseignant. Je ne me considère pas comme un journaliste-citoyen à proprement parler, parce que je ne défends pas une idéologie particulière. Les convictions qui m’animent et le drapeau que j’agite ne concernent que la pratique journalistique que je souhaite défendre : de la lenteur, une focale assumée et identifiable pour le lecteur, le récit d’histoires vraies telles qu’elles se sont offertes à mes sens. Honnête à défaut d’être objectif. Artisan-moinillon plutôt que chevalier blanc de la profession.

Quand d’autres cherchent à percer dans les rédactions quitte à bouffer du desk, circoncire des dépêches ou encore engloutir un reportage en 3.000 signes, j’opte pour un modèle différent. Je trouve de quoi boucler le mois dans une activité professionnelle à taux réduit, mais qui rapporte (enfin…en Suisse, parce qu’en France les salaires d’enseignant ne sont franchement pas folichons…) et qui me laisse le temps de travailler sur de longs reportages. Mes sujets, je les choisis. De l’angle au nombre de signes. Des illustrations à la police. Je fais ce que je veux. Ce que j’aime. Je prends mon temps. Je l’ai souvent fait pour le web, et maintenant, je m’apprête à transposer cette pratique sur “ITHAQUE”, sur du papier.

Mon obole pour pratiquer ce métier

A y regarder de près, ce modèle journalistique d’un nouveau genre est déjà en vogue dans de nombreux autres secteurs avec lesquels notre journal collabore. On ne demande pas à un écrivain de s’adonner exclusivement à l’exercice littéraire. De nombreux plumitifs ne se frottent à la littérature qu’une fois complies passées. De même, n’importe quel dessinateur vous confessera avoir travaillé à la poste ou comme livreur afin de pouvoir se dégager un salaire décent. Le monde de l’édition, de la littérature à la bande dessinée, ne fait vivre qu’un petit cercle d’auteurs. Les autres doivent s’inventer des modèles économiques où il est question de travailler en mercenaires ou d’exercer une activité complètement déconnectée de leur travail d’écriture ou de dessin. Pourquoi ne pourrait-on pas user de ce modèle dans le journalisme ? Si c’est le prix à payer pour exercer une activité journalistique en marge des médias mainstream, je m’acquitte volontiers de cette obole !

Frater Guillaume


Article initialement publié sur Sur Mon Ecran Radar.

Photos Flickr CC PaternitéPas d'utilisation commercialePas de modification par Roy Stead et PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par Fergal Claddagh

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[itw] “Les Turcs se battent pour ne pas perdre leurs libertés” http://owni.fr/2011/04/18/les-turcs-se-battent-pour-ne-pas-perdre-leurs-libertes/ http://owni.fr/2011/04/18/les-turcs-se-battent-pour-ne-pas-perdre-leurs-libertes/#comments Mon, 18 Apr 2011 12:45:35 +0000 Olivier Bailly http://owni.fr/?p=57598 Les journalistes turcs estiment que 68 de leurs confrères sont actuellement en attente d’un procès depuis trois ans. Leur tort ? Ils sont soupçonnés de comploter contre l’état, en soutenant notamment Ergenekon, supposée organisation nationaliste.

Le 13 avril, à Strasbourg d’où il a lancé sa campagne des législatives du 12 juin prochain, le Premier ministre turc, M. Erdogan, soutient que ces journalistes ne sont pas emprisonnés à cause de leur activité professionnelle.

Sauf que la Turquie a été rétrogradée de la 100ème à la 138ème place en terme de liberté de la presse depuis 2002, moment de l’arrivée au pouvoir du parti de la Justice et du Développement (AKP) (source RSF).

Mine G. Kirikkanat est l’une des plumes les plus célèbres de son pays. Éditorialiste à Radikal et Vatan et aujourd’hui à Cumhuriyet, elle travaille aussi pour le Kiosque TV5 Monde. Sociologue de formation elle est également romancière. Élue trois fois journaliste le plus courageux de Turquie notamment parce qu’elle est favorable à la reconnaissance du génocide arménien, elle ne cesse de dénoncer les collusions entre le gouvernement actuel et certaines mouvances islamistes comme celle de Fethullah Gülen – qu’elle soupçonne de saper les fondements laïcs de son pays. Ses prises de position lui ont valu de nombreux procès qu’elle a gagnés le plus souvent.

OWNI: Certains de vos confrères sont en garde à vue depuis trois ans. Il n’y a toujours pas de procès à l’horizon ?

Mine G. Kirikkanat : Les jugements ont commencé, mais on arrive à la 178ème audience. Ça n’avance pas. J’ai quatre amis qui ne savent toujours pas pourquoi ils sont inculpés. Nedim Sener, un ami avec qui j’ai longtemps travaillé, avait écrit un livre qui dénonçait les ultra-nationalistes de l’organisation Ergenekon. Le gouvernement l’accuse, ainsi qu’un autre confrère, de faire partie de ce mouvement alors qu’ils le dénoncent ! C’est un tribunal spécial qui suit ce procès. Selon la loi, on ne peut être jugé que dans les cinq ans suivant l’arrestation dans les tribunaux, une limite prévue par la cour européenne dont dépend aussi la Turquie. Mais ces tribunaux spéciaux sont dotés de pouvoirs hors norme qui peuvent prolonger la garde à vue jusqu’à dix ans. La loi a été changée en 2010, rien que pour cette affaire.

Pourquoi le gouvernement turc soupçonne t-il ces journalistes ?

Depuis que le Parti pour la justice et le développement (AKP) est au pouvoir il veut se débarrasser des opposants gênants. Cela fait parti d’un plan. D’abord ils ont arrêté les propriétaires de plusieurs chaînes de télévision et le plus grand groupe de presse turc a été accablé par des contrôles fiscaux puis des redressements colossaux. Actuellement il existe environ 80 chaînes de télévision turques qui émettent sur le plan national. Trois seulement osent défier ouvertement ce gouvernement. Les autres se taisent. Il y a une autocensure.

Le nationalisme est-il un danger sérieux pour le gouvernement Erdogan ?

L’opposition nationaliste n’existe presque plus. Mais l’opposition laïque existe, et plusieurs journalistes parmi ceux qui sont aujourd’hui en prison en font partie.

Quel est le rôle de l’islamiste Fethullah Gülen, qui vit aux Etats-Unis ?

C’est un vieil homme malade du diabète, qui est peut-être mort, on ne sait pas. Des hommes, des ombres, parlent à sa place. Toute la police maintenant sort des écoles de Fethullah Gülen. Son organisation possède un très grand groupe de presse qui comprend plusieurs chaînes de télé dont l’une diffuse en anglais, par satellite, ainsi que le quotidien Zaman qui paraît dans tous les pays où il y a une communauté turque. C’est le seul à être publié en deux langues. En France il est imprimé à la fois en français et en turc.

Un confrère, Ahmet Sik, a écrit « L’armée de l’imam », livre qui analyse le phénomène Fethullah Gülen. Ce journaliste d’investigation a non seulement été arrêté « provisoirement » pour cet ouvrage qu’il n’avait pas encore publié, mais le tribunal spécial a décidé que toutes les personnes possédant le manuscrit seraient passibles d’arrestation au motif d’aide à une organisation terroriste. La police a fait une descente au journal Radikal et dans sa maison d’édition et a détruit les CDs contenant le manuscrit.

Mais les Turcs ne se taisent pas. Plusieurs ONG se sont organisées via Internet. Le manuscrit a été téléchargé 60.000 fois clandestinement ! Une pétition qui rassemble plus de 20.000 signatures de personnes le possédant est aujourd’hui en ligne.

L’Internet mobilise t-il une forte opposition en Turquie?

Oui et elle est partout. Il y a des communautés bien implantées dans le monde. On a d’ailleurs pu obtenir le livre à partir d’un pays tiers. En Turquie il y a 35 millions d’internautes sur 75 millions d’habitants. Deux tiers de la population possèdent un portable, chiffre qui correspond aussi à la proportion des moins de trente ans.

Le « printemps arabe » a t-il une influence sur l’opinion ?

Non. La Turquie est très différente des pays arabes. Elle a évité la crise. Sur ce plan-là, il n’y a rien à dire. Ce gouvernement islamiste gère très bien l’économie. La Turquie est devenue la dix-septième puissance économique mondiale. La monnaie s’est renforcée et le PIB a augmenté spectaculairement. Avec sa jeunesse, c’est un pays en pleine forme. La Turquie ne manque de rien contrairement au monde arabe. Nous étions plus libres qu’eux, mais c’est maintenant que les libertés se réduisent. Nous nous battons pour ne pas les perdre alors que les Arabes veulent encore les gagner.

La laïcité est-elle menacée en Turquie ?

La Turquie est constitutionnellement un état laïc, ce qui est très discuté en ce moment puisque la Constitution va être changée. La laïcité n’existe que sur le papier. Je suis une journaliste spécialisée dans les religions et je suis connue pour les critiquer toutes, en particulier l’islam. Aujourd’hui je ne pourrais plus publier les articles que je publiais il y a cinq ans. Depuis je me tais car je suis menacée de mort, je risque de me faire arrêter pour des prétextes aberrants. Nous avons peur de parler de la religion.

On entend peu l’Union européenne s’exprimer au sujet de ces arrestations…

Un nombre très important de députés touche de l’argent de la part de l’État turc pour plaider la cause de ce gouvernement. Il n’y a pas de preuve, mais ça se dit tant chez les journalistes que chez les diplomates. Ces députés ont tellement chanté les louanges de ce gouvernement qu’il leur est très difficile maintenant de l’épingler.

>> Photos FlickR CCAttributionShare Alike Juanedc et Wikimedia commons CC by-sa Ji-Elle

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Journalisme et techno : la copulation est-elle possible ? http://owni.fr/2010/12/03/journalisme-et-techno-la-copulation-est-elle-possible/ http://owni.fr/2010/12/03/journalisme-et-techno-la-copulation-est-elle-possible/#comments Fri, 03 Dec 2010 14:56:02 +0000 Florian Pittion-Rossillon http://owni.fr/?p=28615 Précaution liminaire : ne pas confondre journalisme techno et journalisme sur la techno. Ce dernier existe depuis les articles sur les premières raves françaises. En France, la presse gay fut aux avant-postes (Didier Lestrade en tête), comme la presse branchée (Actuel). La presse spécialisée à suivi (Trax, Tsugi), et a vécu (DJ Mix, DJ News, Coda). Et Libération doit à Eric Dahan d’avoir rempli ses pages de beats bien raides. A l’étranger, on peut lire Core Mag (papier + web) ou Resident Advisor (web).

Il est plutôt ici question de journalisme techno en tant qu’écriture façonnée par les spécificités musicales et culturelles du genre en question. Bien entendu, des plumes se sont exprimées, les plus brillantes d’entre elles restant confinées aux fiévreuses 90’s (Michel Thévenin ou Liza N Eliaz dans le Coda des débuts) ou à quelques successeur en forme de webzines ou blogs (l’inégalé Dr Venkman sur Signal-Zero). Et force est de constater que cette pratique reste confidentielle.

La cause en est simple : aujourd’hui l’écriture musicale doit illustrer des guides de consommation. D’où ce format répandu de chroniques de disques proportionnellement bien garnies du chapelet des titres composant l’album, ainsi que leurs particularités. Il faut des accroches, des ancres commerciales, un rappel du titre du single. A lire dans n’importe quel hebdo culturel.

L’exécution idéale des partitions électroniques

Or les formats techno ne donnent pas prise à cette écriture. La techno, ce sont des milliers de morceaux produits chaque année par des producteurs généralement pas connus, joués par des DJ généralement pas connus, dans une multitude d’évènements généralement pas connus. Alors ça ne passe ni sur RTL, ni sur Oui FM, ni même chez Bernard Lenoir sur France Inter. Difficile à panéliser, tout ça.
Dans la techno, tout vient du dancefloor et tout y est voué. Cette musique est centrée sur l’évènement et pas sur sa diffusion media, car seul l’évènement réunit les conditions d’exécution idéale des partitions électroniques. Même si, logiquement, l’industrie a exercé ses pressions pour façonner l’écosystème techno. Exemple.

En soirée, jouer le CD d’un mix préenregistré assorti d’une bonne gestuelle dite des « bras levés » peut faire l’affaire.

La techno pose plusieurs problèmes à un business musical industrialisé, en premier chef le postulat d’une distinction entre l’auteur d’une œuvre (le compositeur/producteur) et son interprète public (DJ). Qui est la star à exposer le dimanche après-midi chez Michel Drucker ? Choix difficile ayant entraîné une simplification extrême, d’où le syndrome du « producteur-qui-mixe » : l’exposition au public de l’auteur d’un tube. Auteur parfois judicieusement initié aux bases du mix, voire pas initié du tout : en soirée, jouer le CD d’un mix préenregistré assorti d’une bonne gestuelle dite des « bras levés » peut faire l’affaire. Ce qui compte est moins les qualités de DJ que l’effet d’annonce de la présence sur tel évènement de l’auteur d’un tube. La plupart des DJ stars sont des producteurs qui mixent, dont les singles se vendent (un peu) et se diffusent individuellement, sans avoir à être enchâssés dans des mix joués à 4h du matin loin des pantoufles.

La foudre née du mix

Plus largement, ce qui est montré en matière d’évènement techno relève de formats adaptés à un entertainment passé à l’équarrissage mainstream : montrer des DJ stars bisant des VIP… Hors la vraie star d’un évènement techno, c’est le dancefloor. Donc le journalisme techno, c’est raconter le dancefloor, où tout prend sa source. Le journaliste techno est un reporter sur le théâtre des opérations festives. Argh, comment faire…
A la base d’un dancefloor dynamique, vivant, coloré, dansant, sexy, bref, festif : la confrontation chaleureuse des énergies émulées. D’un côté, un DJ propulsant la foudre née du mix de deux morceaux dans un système de sonorisation orienté vers le dancefloor en tant qu’espace. De l’autre, des groupes d’individus s’agglomérant pour une minute ou pour une nuit pour composer le dancefloor en tant qu’être collectif. Au milieu, la fête techno comme succession de fugacités ordonnées, agencées et orientées vers un pic. Fugacité des tracks, des DJ, des rencontres. Le journalisme techno, c’est raconter des fêtes du point de vue du dancefloor, en distinguant certaines fulgurances sans les starifier.

Facile de comprendre que la marchandisation des éclats atomisés d’un tout éphémère n’est pas intéressant pour un système avide de codes-barres. Alors pas besoin d’exposer cela à un grand public choyé selon les méthodes romaines du panem & circenses (du pain et des jeux).
Difficulté supplémentaire : déjà incompatible avec les logiques industrielles de l’amusement des masses, la techno n’a, de plus, jamais produit de culture propre, identifiable et facilement reproductible. Ce qui tient lieu de culture techno a récemment pris une nouvelle tournure avec les réseaux sociaux, royaumes de l’expression fugace d’émotions éphémères. Le journalisme techno peut donc émerger grâce à des supports véhiculant au mieux une des spécificités d’une fête techno : le transport instantané des fragments d’une pensée devenue liquide, puis énergie.

La fête techno est un Facebook-de-la-vraie-vie où les individus glorifiés s’entrechoquent et se fondent dans un tout kaléidoscopique. A ceci près qu’aucun réseau social n’emmène son audience comme un seul bloc vers un pic orgasmique.

PARTY TIIIIIIIIME !

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Cet article a été initialement publié sur Culture DJ

Photos CC Flickr : CairoCarol, Roadsidepictures, from the field

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Prise de pouvoir de l’audience : 10 conseils du prof. Rosen pour en profiter http://owni.fr/2010/09/02/prise-de-pouvoir-de-l%e2%80%99audience-10-conseils-du-prof-rosen-pour-en-profiter/ http://owni.fr/2010/09/02/prise-de-pouvoir-de-l%e2%80%99audience-10-conseils-du-prof-rosen-pour-en-profiter/#comments Thu, 02 Sep 2010 17:51:31 +0000 Eric Scherer http://owni.fr/?p=26837 Rentrée des classes, et salle comble ce matin à l’Ecole de Journalisme de SciencesPo à Paris où Jay Rosen, professeur de journalisme à la New York University et l’un des gourous américains du journalisme web, est venu donner la leçon inaugurale en montrant que démocratisation de la prise de parole et transfert de pouvoir des médias vers l’audience, loin de signifier « tous journalistes », favorisaient des formes plus riches d’exercice du métier.

Voici ses 10 conseils donnés aux étudiants de 1ère année :

1 – Transformez vos lecteurs, auditeurs, téléspectateurs en usagers.

Faites en sorte que le public utilise votre travail, les informations, analyses, images, sons etc. que vous produisez. Et surtout évitez de travailler pour vous adresser aux autres journalistes !

2 – N’oubliez jamais que le public en sait plus que vous.

Non seulement, dans son ensemble, il en sait bien plus que vous, mais il peut aussi s’adresser à vous et vous aider. Le New York Times l’a bien compris qui puise désormais dans les compétences de ses millions de lecteurs internautes. Un rubricard doit suivre 1.000 comptes Twitter sur son secteur pour s’aider dans sa couverture !

3 – Habituez-vous à la mutualisation du journalisme.

Traitez votre audience et le public en égaux. Entretenez une relation d’égalité et non de surplomb. Il y a davantage de photos publiées chaque jour sur Facebook que dans tous les journaux réunis.

4 – Facilitez la tâche à vos usagers dans la réutilisation de votre production.

Ouvrez vos outils. Aider les à participer. Nourrissez leur appétit d’informations.

5 – Rappelez-vous que si chacun est en mesure désormais de prendre la parole, tout le monde ne le fera pas.

Ils seront même très rares ! Le ratio est bien connu dans le monde du web où 90% des internautes sont passifs, 10% participent et 1% produisent eux-mêmes. Les gens ne veulent pas votre boulot ! Ils ne veulent pas devenir journaliste professionnel !

6- Sachez que le journaliste ne vit pas dans un monde à part. C’est juste un citoyen un peu mieux informé que les autres.

Ses compétences sont loin d’être sophistiquées et n’ont rien à voir avec celles d’un neurochirurgien ou d’un pilote de 747 !

7 – Gardez en tête que l’autorité du journaliste vient d’abord du service qu’il rend.

Celui de raconter le monde de manière originale : « je suis ici, vous n’y êtes pas, laissez-moi vous raconter et vous expliquer ce qui se passe ». Vous savez quelque chose que le public ne sait pas, vous avez un accès qu’il n’a pas, etc…

8 – Maintenez un savant équilibre entre ce que le public veut et ce qu’il ne sait pas qu’il veut.

Répondez à ce qui l’intéresse, mais trouvez aussi les informations qu’il ne sait pas encore qu’elles vont l’intéresser.

9 – Ne sur-jouez pas l’objectivité, mais dévoilez vos motivations et votre point de vue.

Evitez la posture du journaliste objectif pour chercher le respect. Elle ne convainc plus personne aujourd’hui ! Faites preuve de transparence dans votre travail et les gens vous feront confiance.

10 – Aidez les communautés d’intérêt à partager et à s’exprimer.

Les gens qui partagent une passion ou des centre d’intérêt ne sont plus isolés : ils peuvent désormais se parler, partager des informations et les publier. Vous pouvez les aider à créer des services d’informations. Et apprendre ainsi à créer de nouveaux revenus.

J’en ai profité pour lui demander les 3 sites américains incontournables pour tout étudiant en journalisme aujourd’hui :

Enfin, Jay Rosen nous a dit réfléchir actuellement à un système de fourniture d’informations qui seraient délivrées en fonction du niveau de connaissance de l’internaute, comme il y a des niveaux différents dans les jeux vidéo.

Il est l’auteur du site PressThink et fondateur du site de journalisme amateur NewAssignment.net. Il a aussi lancé, en 2007-2008, avec Arianna Huffington, du Huffington Post, le projet en ligne Off the Bus. Et, en 2009, le programme d’innovation Studio 20, à New York University. (Source SciencesPo)

(Full disclosure : je prépare pour 2011 un cours pour cette école de journalisme)

Introduction de l’intervention de Jay Rosen en vidéo :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Voir la suite des vidéos sur la page Dailymotion de l’école de journalisme de Science Po

Illustration FlickR CC : Joi Ito

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La mort de la mort du journalisme grand format http://owni.fr/2010/09/01/la-mort-de-la-mort-du-journalisme-grand-format/ http://owni.fr/2010/09/01/la-mort-de-la-mort-du-journalisme-grand-format/#comments Wed, 01 Sep 2010 12:52:32 +0000 Mallary Jean Tenore http://owni.fr/?p=26544 Quand nous sommes constamment inondés d’information, via les e-mails, les SMS, les alertes push, les tweets et les mises à jour sur Facebook, il est dur de trouver du temps pour cet article de 5 000 mots du New Yorker que nous avons bookmarké ou ce récit en épisodes [serial narrative] que nous nous promettons sans cesse de lire, sans jamais le faire.

Pour autant que la technologie peut nous distraire du journalisme grand format [long-form journalism], cependant, cela peut aussi constituer une porte d’entrée.

Cinq gars – Nate Weiner de Read It Later, Marco Arment de Instapaper, Max Linsky et Aaron Lammer de Longform.org, et Mark Armstrong de @LongReads – ont trouvé des moyens d’utiliser les outils du web pour raviver l’attention accordée au journalisme grand format, augmenter sa durée de vie et faciliter sa consommation et son partage pour les lecteurs.

Les outils qu’ils utilisent pour créer un environnement de lecture immersif, focalisé, sont les mêmes qui mettent au défi notre capacité à éviter les distractions au travail ou quand nous sortons avec des amis : applications mobiles, sites et Twitter.

Des outils et des applications mobiles qui vous permettent de lire avec moins de distractions

Nate Weiner se décrit lui-même comme un gars avec beaucoup de chose à lire mais pas beaucoup de temps”. Il sait ce que cela fait d’être pris dans une “énigme de connectivité” [conundrum of connectedness]: un schéma dans lequel vous êtes tellement submergé d’information que vous avez rarement le temps de faire une pause et de trouver du sens à tout cela.

Dans le passé, explique-t-il, il survolait les articles longs des magazines qu’il souhaitait lire, mais n’avait pas de bon moyen de les sauvegarder pour plus tard. Pour y remédier, il a créé Read It Later, un outil qui permet aux gens de sauvegarder les articles depuis leur ordinateur, smart phone ou iPad, et qui les rend disponibles à la lecture hors-connexion. L’outil, qui vient d’avoir trois ans, possède plus de trois millions d’utilisateurs.

Read It Later et différent des sites de social bookmarking comme Digg et Delicious, qui sont des outils qui sauvegardent, partagent et organisent les URL. Read It Later sauvegarde la page entière de l’article, ce qui le rend accessible quand vous n’êtes pas connecté et que vous avez du temps libre. Les utilisateurs qui souhaitent une expérience moins distrayante peuvent sélectionner l’option “text view”, qui permet d’afficher uniquement le texte.

Weiner indique qu’il a discuté récemment avec des journalistes et des éditeurs pour déterminer comment faciliter la sauvegarde des articles – en particulier ceux qui sont longs et prennent du temps à être produits et qui de fait peuvent facilement être perdus au milieu d’autres contenus sur un site de news.

La question la plus importante posée par  les éditeurs, c’est : “pourquoi nous voudrions permettre à nos lecteurs de lire les contenus de notre site hors connexion , loin de nos publicités et des autres articles ?”

“Read It Later est essentiellement une seconde chance pour l’article. Cela augmente en fait la probabilité que l’article soit vu”, m’a expliqué Weiner par e-mail. “Si un article est là, c’est parce qu’un utilisateur l’a sélectionné. Et pour qu’un utilisateur l’ait placé là, il faut qu’il ait visité le site de l’éditeur”.

Marco Arment, qui a développé Instapaper, m’a dit, “la meilleure chose que les auteurs et les éditeurs peuvent faire est de fournir au monde de supers contenus à lire. Sans cela, toute cette technologie est sans intérêt.”

Similaire à Read It Later, Instapaper est un outil pour sauvegarder des pages web à lire plus tard, un “DVR [digital video recorder, NDT] pour des contenus web” . On peut aussi de créer un RSS customisé des articles que l’on a sauvegardé sur Instapaper et propose “Editor’s Picks” qui présente les contenus bookmarkés les plus populaires.

Difficile d'organiser ses articles dans la vraie vie

Arment, qui est également le développeur en chef de Tumblr, dit qu’Instapaper.com a trois millions de pages vues par mois et que le service a une petite centaine de milliers d’utilisateurs actifs en tout.

Arment collabore avec des éditeurs pour intégrer les boutons Instapaper et les liens directement vers leurs sites, comme les autres outils de partage que la plupart des sites possèdent. Et il a fait de l’accessibilité mobile aux longs articles une priorité, disant que les apps iPhone et iPad d’Instapaper “jouent un rôle critique” dans son succès.

Certains trouvent peut-être curieux qu’un mobile – une source de distraction pour la plupart d’entre nous, avec ses SMS, ses e-mail et ses alertes – puisse être favorable à la lecture de longs récits. Mais comparé à un portable, un mobile est la meilleure option.

“L’ordinateur moderne est fourni avec des distractions. Vos mains sont en permanence sur les touches de contrôle, attendant de cliquer à côté pour trouver le prochain bit d’information. Très fréquemment, quelque chose bippe ou une pop-up apparait ou un gros chiffre rouge s’affiche”, décrit Arment. “Les contenus longs requièrent une lecture attentive, et la lecture attentive requière un environnement libre de distractions. Vous avez besoin d’éloigner les gens de leurs ordinateurs.”

Un site qui construit sa communauté autour de longs articles

Après avoir découvert Instapaper, Max Linsky et Aaron Lammer ont créé Longform.org, un site qui agrège des contenus journalistiques longs qui remonte aussi loin qu’en 1899. Le but de ce site, disent-ils, c’est de donner aux gens un lieu pour ce type de contenu et leur donner une seconde chance sur le web.

“Nous voulions avoir une poignée de chouettes contenus à lire tout le temps et nous nous sommes dit que les gens aussi en avaient envie”, raconte Linsky, un journaliste freelance.

Lammer, un éditeur qui ne prenait jamais le temps pour lire des contenus magazines longs, dit qu’Instapaper et son travail sur Longform.org ont facilité le partage et la conservation des longs articles. Le site l’a aussi aidé à développer une communauté de gens qui aiment les longs récits, et à en devenir membre.

Les visiteurs du site, que Linsky et Lammer décrivent comme des “accrocs au journalisme grand format”, leur envoient régulièrement des suggestions d’articles à présenter.

“Nous avons un groupe de personnes en contact avec nous qui ont aussi conservé leurs propres archives”, explique Linsky, “les gens les plus connectés ont mis leurs propres archives sur Delicious et les autres dans un dossier, chez eux.”

He’s such a big believer in this that he proposed a South by Southwest Interactive panel called “The Death of the Death of Longform Journalism.”

Le nombre de gens qui se tournent vers le site pour partager des articles plutôt que les classer dans un dossier est une preuve que la technologie apporte un souffle nouveau aux contenus longs, explique Linsky. Il y croit tant qu’il a proposé un panel interactif au festival South by Southwest intitulé “La mort de la mort du journalisme grand format”

Un compte Twitter qui facilite le partage des lectures longues

Longreads
Un exemple de tweets @LongReads

Comme Linsky et Lammer, Mark Armstrong a été inspiré par Instapaper pour démarrer sa propre collection d’articles longs. En avril 2009, il a créé un compte Twitter intitulé @LongReads et a tweeté depuis 1.200 articles.

Chaque jour, Amstrong tweete des liens vers environs 5 lectures longues récentes, certaines trouvées grâce au hashtag #longreads qu’il a créé. Le compte @LongReads possède environs 4.500 followers, -il s’est fortifié après la sortie de l’iPad-, et continue d’augmenter d’environ 15% par mois. (Longform.org a aussi un compte Twitter avec à peu près 1.700 followers.)

Armstrong, directeur des contenus chez Bundle, dit que Twitter est un bon endroit pour poster des contenus longs car les gens peuvent facilement retweeter les liens vers les articles et améliorer leur exposition. Il a expliqué le but de @LongReads dans une interview par téléphone.

“Je pense qu’au bout du compte, 1) nous voulons apporter plus de trafic au éditeurs qui proposent ce type de travail, et 2) encourager les gens pour aider à organiser le web d’une manière qui facilite la découverte de ces contenus”, a dit Armstrong, qui utilise Instapaper et encourage ses followers à en faire de même.

Tous ces outils sont connectés; en tant que lecteur, vous pouvez suivre @LongReads, sauvegarder l’article sur Instapaper ou Read It Later, et l’envoyer à Lammer et Linsky pour le poster sur Longform.org.

Armstrong dit qu’au fond il aimerait voir les sites commencer à utiliser un tag “longue lecture” pour agréger tous les contenus longs qu’ils publient. Inspiré par @LongReads, The Awl permet de faire une recherche sur le mot “long reads”.

“Ce développement m’excite plutôt, raconte Armstrong, et je pense que nous allons commencer à voir plus d’éditeurs suivre l’initiative de The Awl en organisant leurs sites afin de remonter en surface des contenus longs, avec de la substance.”

Alors que plus de gens apportent du trafic au journalisme grand format via le web, Twitter et les applications mobiles, cela donnera peut-être plus de raisons aux éditeurs de le produire.

“Nous touchons un point où, heureusement, le trafic justifiera le degré d’effort fourni pour faire des reportages et les écrire”, dit Armstrong… “Ils ne sont pas jetables.”

Article initialement publié (en anglais) sur Poynter.org

Illustration CC FlickR par emdurso, yellobagman

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Le jour où @Place_Beauvau n’utilisa pas de guillemets: #fail http://owni.fr/2010/07/16/le-jour-ou-place_beauvau-n%e2%80%99utilisa-pas-de-guillemets-fail/ http://owni.fr/2010/07/16/le-jour-ou-place_beauvau-n%e2%80%99utilisa-pas-de-guillemets-fail/#comments Fri, 16 Jul 2010 09:55:36 +0000 Gilles Bruno http://owni.fr/?p=22205

Quand Beauvau twitte, ça fait peur.

C’est l’histoire d’un tweet.

Ce matin, alors que l’orage gronde et que les troupes française se font rincer sur les Champs-Élysées, avec mes « twittos », avec les gens qui me suivent et que je suis sur Twitter, je regarde, en alternant entre TF1 et France 2, le défilé militaire.

On commente, on blague, et Nathalie Kosciusko-Morizet partage en direct des photos sur son fil Twitter.

Et puis soudain, dans ma « timeline », ce message, émanant du compte officiel du ministère de l’Intérieur :



Pas de lien. Pas de guillemets. Une phrase violente. Et je ne peux m’empêcher de faire part de ma surprise :

Ce message sera largement relayé. Alors, bien justement, on commence à se poser des questions. Et ce n’est que bien après que la réponse arrive :

Le tweet n’en était pas un. C’était une fausse citation. Une phrase modifiée, et livrée sans guillemets et sans source.

La phrase « originale » du communiqué de presse de Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur…

La nuit prochaine, notre mobilisation restera totale. Je n’accepterai pas que ce moment de fête et de concorde nationale puisse être gâché par le comportement de voyous sans scrupules.

… qui devient…

La mobilisation restera totale la nuit prochaine pour empêcher les voyous sans scrupules de gâcher ce moment de fête & de concorde nationale

La grosse différence, c’est tout de même le « Je n’accepterai pas », qui montre bien qui parle. Pas le tweet. Alors, devant la volée de bois vert, la personne, le service qui est chargé de ce compte Twitter tente de se justifier, mais ne convainc pas :

Quelques minutes plus tard, la source de la « citation » arrive enfin, de façon officielle, et pas en réponse à un journaliste :

Alors que retirer comme enseignement? Déjà que @Place_Beauvau a du progrès à faire au niveau de la façon dont il communique. Dans cette période où les journalistes s’en prennent plein la figure, où ils sont taxés de non professionnalisme, on aimerait qu’au sein des équipes gouvernementales, on fasse attention à ce que l’on dit, et comment on le dit.

Twitt-karcher, Scandaleux, « Fake ? », les qualificatifs n’ont pas manqué pour qualifier ce bout de message qui n’était qu’en fait qu’un passage d’un communiqué de presse.

Florilège :

Alors, comme le dit très justement un confrère :

Billet initialement publié sur L’Observatoire des médias sous le titre “Le jour où la Place Beauveau n’utilisa pas de guillemets, ou comment mal utiliser Twitter”

Image CC Flickr YiyingLu

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Spot.us ou l’impact du crowdfunding sur le journalisme http://owni.fr/2010/06/23/spot-us-ou-limpact-du-crowdfunding-sur-le-journalisme/ http://owni.fr/2010/06/23/spot-us-ou-limpact-du-crowdfunding-sur-le-journalisme/#comments Wed, 23 Jun 2010 12:14:53 +0000 Tanja Aitamurto http://owni.fr/?p=19786 Des plates-formes comme Spot.Us et Kickstarter montrent que le crowdfunding peut être une source de financement du journalisme. Comme ce mode de fonctionnement va certainement devenir de plus en plus fréquent, il est important d’étudier comment il impacte le rôle et le travail du journaliste.

J’achève actuellement un doctorat sur l’intelligence collective dans le journalisme, et mon étude de cas sur Spot.Us essaye d’aborder ces questions. J’ai interrogé quinze donateurs et reporters de Spot.Us, pour une étude que j’ai présenté la semaine dernière sous la forme d’un rapport de recherche à IJ-7, la septième conférence pour l’innovation dans le journalisme, à Stanford.

Ceci est le premier des deux billets basés sur mon rapport. Je propose ici cinq observations sur la façon dont le crowdfunding impacte le journalisme, à la fois du point de vue du reporter et du donateur. Les citations ci-dessous proviennent des interviews que j’ai réalisées avec les reporters et les donateurs de Spot.Us.

Le point de vue du reporter

Les dons lient les lecteurs aux reporters

Le don est un acte significatif qui lie les reporters aux membres de la communauté (les lecteurs). Les reporters disent que c’est très motivant de voir que la communauté est disposée à soutenir leur travail. Voici comment un reporter de Spot.Us décrit ce sentiment : “C’est fantastique. C’est gratifiant… Et voir quelqu’un payer 20 dollars pour un article — c’est plus de 20 cents.

Les reporters décrivent l’acte du don comme “encourageant“, “gratifiant” et “personnellement motivant au delà de la motivation professionnelle.” Les journalistes considèrent les donateurs comme leurs supporters. Pour eux, donner est un acte qui soutient leur travail et le sujet sur lequel ils travaillent.

Un fort sens de la responsabilité

La connexion créée par les dons développe un fort sens de la responsabilité chez les reporters. Ils le décrivent comme différent du sentiment de responsabilité lié à une mission traditionnelle. Une reporter de Spot.Us expliquait comment elle ressentait ce degré supplémentaire de responsabilité : “C’est plus qu’écrire son article dans un style élégant, joliment formaté, ces aspects dont tu te soucies pour un éditeur. Tu fais plus attention à l’exactitude, à rapporter vraiment honnêtement et présenter les questions correctement, car ces gens ont investi directement dans ton travail.

Un lien direct avec les lecteurs

Plutôt que d’écrire pour un éditeur, les reporters disent qu’ils ont l’impression d’écrire pour la communauté. Ils trouvent la connexion directe avec les lecteurs très enrichissante, et savent exactement qui ils sont. Un reporter m’a dit : “Quand j’ai commencé à travailler sur mon papier [pour Spot.us] je savais déjà qui allait le lire, alors que dans le cas d’un papier habituel [dans le cadre d'un journalisme traditionnel] j’ai parfois l’impression d’écrire dans le vide“.

Mal à l’aise avec le “pitch”

Les reporters de Spot.Us ne se sentent pas très à l’aise pour exposer leur projet en public. Par exemple, ils hésitent à entrer en contact avec  leur réseaux sociaux pour promouvoir leur sujet. “Je suis un journaliste, pas un vendeur“, a dit l’un des reporters. “Je ne peux pas sortir et faire la promotion de leur idée“. Un autre reporter a comparé cela à de la mendicité en disant que c’était comme de demander de la monnaie en agitant une cannette dans la rue.

Traditionnellement, les journalistes pitchent directement à leurs chefs plutôt qu’au public. Les reporters disaient qu’ils préfèreraient promouvoir leurs sujets en public si Spot.Us organisait des événements promotionnels auxquels ils pourraient participer.

Liberté d’expérimentation

Les reporters m’ont expliqué que Spot.Us est plus qu’une manière de financer leur travail : ils le voient comme une opportunité d’expérimenter de nouvelles méthodes de journalisme, et de nouveaux outils comme la vidéo et l’infographie. La plate-forme donne aux reporters la liberté à laquelle ils aspiraient.

Le point de vue des donateurs

Le don ne lie pas les donateurs

Le don ne lie pas les donateurs aussi fortement qu’il lie les journalistes. Après avoir financé un article, les donateurs ne retournent pas souvent sur Spot.us pour lire le résultat final. Ils ont plus de chances de suivre l’évolution de l’article si ils reçoivent des notifications de Spot.us, mais même dans ce cas le lien reste ténu. “Je ne suis pas vraiment impliqué dans ce qui se passe sur le site“, m’a dit un donateur. “Je vais attendre de recevoir le mail [me disant] que l’article est terminé, voilà le résultat. C’est parce que je ne me sens pas incroyablement proche de ces articles“.

spotusdonor.jpg

Pas enthousiastes pour laisser des commentaires, ni pour soumettre des tuyaux

Les donateurs ne sont pas avides de participer autrement qu’en faisant des dons. Ils expliquent souvent qu’ils n’ont pas assez de connaissances pour soumettre des tuyaux pour un article. Un donateur l’explique ainsi : “J’ai participé en faisant un don. Je n’ai pas tant de choses à dire sur ce sujet, je ne suis pas habitué à laisser des commentaires sur les sites.” Les donateurs interagissent rarement avec les journalistes, bien que Spot.Us encouragent ses lecteurs à le faire.

Donner pour une bonne cause

Les donateurs ont tendance à soutenir des sujets pertinents par rapport à leur vie personnelle. Cependant, la première raison du don semble être la volonté de soutenir une société en bonne santé, et considèrent le journalisme comme un élément essentiel pour cela. Donner revient plus à soutenir une bonne cause ou un bien commun, plutôt que soutenir une idée de sujet en particulier. Les donateurs ne s’attendent pas à un grand exercice journalistique en retour, bien qu’ils soient heureux si c’est le cas. “Je ne pense pas que je vais avoir quelque chose [pour mon don]“, dit l’un des donateurs. “J’apprendrai quelque chose au final… Je considère que c’est un don pour le bien commun, plus qu’un gain personnel ou autre chose.

Donner pour changer le monde

Les donateurs espèrent que l’article qu’ils soutiennent fera la différence dans la société. Ils considèrent les articles comme une force de changement pour améliorer la société en révélant les dysfonctionnements et les inégalités.

Donner permet de construire son identité

Donner pour un article aide à construire son identité personnelle. Les donateurs qui sont sur Twitter twittent généralement après avoir donné. Certains donateurs m’ont dit qu’en donnant ils avaient le sentiment d’appartenir à la communauté, même s’ils étaient incapables de définir cette communauté.

Dans mon prochain post, je discuterai et analyserai ce que ces observations signifient pour le journalisme. Pour plus d’information sur l’étude et pour l’intégralité de ce rapport, contactez-moi à tanja.aitamurto at gmail.com ou sur Twitter : @tanjaaita.

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Tanja Aitamurto est une journaliste et doctorante étudiant l’intelligence collective dans le journalisme. Elle a étudié l’innovation journalistique à Stanford, et a des diplômes en journalisme, en sciences sociales et en linguistiques. Tanja conseille des groupes de média et des organisations non-profit sur les changements dans le monde de la communication. En tant que journaliste, elle s’est spécialisée dans le business et les nouvelles technologies. Elle contribue principalement au Huffington Post et au Helsingin Sanomat, le principal journal Finlandais, ainsi qu’à la Radio-Télévision publique Finlandaise. Elle partage son temps entre San Francisco et la Finlande, son pays d’origine.

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Billet originellement publié sur Media Shift, sous le titre “Spot.Us Case Study Shows Impact of Crowdfunding on Journalism

Traduction : Sabine.

Illustrations : captures d’écran de Spot.us, crédits Photo CC Flickr : Mindfulone, Alan Cleaver.

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Les journalistes veulent créer le job dont ils ont toujours rêvé http://owni.fr/2010/06/17/les-journalistes-veulent-creer-le-job-dont-ils-ont-toujours-reve/ http://owni.fr/2010/06/17/les-journalistes-veulent-creer-le-job-dont-ils-ont-toujours-reve/#comments Thu, 17 Jun 2010 15:56:11 +0000 Philippe Couve http://owni.fr/?p=19152 Alan D. Mutter est un observateur très avisé de l’économie des médias. Dans un post récent, il essaie de comprendre pourquoi les projets montés par des journalistes ont une fâcheuse tendance à merder sur un plan économique (c’est un résumé très libre de ses propos).

Il constate que lassés des plans sociaux et autres licenciements, des journalistes de plus en plus nombreux ont décidé de prendre leur destin en main et de créer des sites d’info.

Alan D. Mutter applaudit mais il constate aussi que ces entrepreneurs ne se donnent pas toutes les chances de réussir.

« Après avoir discuté avec plusieurs journalistes-entrepreneurs, j’ai constaté qu’ils commettent presque tous la même erreur qui a provoqué l’échec de beaucoup de créateurs d’entreprise: au lieu de créer une entreprise, ils essaient de créer le job dont ils ont toujours rêvé. »

En d’autres termes, les journalistes-entrepreneurs s’occupent plus de journalisme que d’entreprise.

Pour en avoir le coeur net, Alan D. Mutter a décidé de se pencher sur le cas de trois sites d’info lancés récemment. Le premier fait de l’info locale en zone rurale; le deuxième traite l’actualité d’une ville; le troisième vise une audience nationale. Ensuite, l’auteur compare avec la performance des médias traditionnels qui existent sur les zones correspondantes. Pour effectuer les comparaisons, Mutter se base sur les données Alexa en reconnaissant toutes les limites de l’outil. Il constate que les pure players font beaucoup moins bien sur le web que les médias traditionnels.

« Quand les journalistes dans les sites pure player pensent leur activité sans routine et passent plus d’une douzaine d’heures chaque jour à traquer des infos et rédiger des articles pour leurs sites, cela ne leur laisse ni le temps ni l’énergie de réfléchir aux facteurs de réussite que sont la construction d’une audience et le développement d’une base économique saine pour de futurs développements. »

Alan D. Mutter pointe quelques phrases caractéristiques de cette situation:

- Nous sommes meilleurs que le journal local »
- Nous comptons sur les internautes pour nous faire connaître »
- Nous sommes soutenus par une fondation »
- Nous allons vendre de la publicité et trouver des sponsors »
- Nous attendons les contributions des internautes »
- Nous allons peut-être publier une newsletter payante »

Et la conclusion de Mutter tombe comme un couperet sur la « naïveté » économique de nombre de journalistes:

« Les journalistes sont tellement occupés à faire du journalisme -et, franchement, trop confiants dans le fait que la qualité de leur couverture de l’actualité sera suffisamment attirante pour capter une audience toujours plus importante- qu’ils consacrent des efforts limités dans le domaine du marketing, de la promotion et de la monétisation de leurs sites. Travailler sans un business plan digne de ce nom et espérer que ça marche est une recette bien connue pour des désastres dans ce domaine. Malheureusement, c’est ce que font beaucoup de sites d’info pure players. »

Alan D. Mutter évoque, bien entendu, la situation des États-Unis. Selon vous, en est-il de même de ce côté de l’Atlantique?

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Billet originellement publié sur Journaliste Entrepreneur, le blog de Philippe Couve.

Sur ce même sujet, voir aussi sur Owni L’école du journaliste entrepreneur, et Journaliste entrepreneur: oxymore ?

Crédit Photo CC Flickr : Khalilshalil, Public Domain Photos.

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Les journalistes, c’est rien que des faux blogueurs, na! http://owni.fr/2010/06/06/les-journalistes-c%e2%80%99est-rien-que-des-faux-blogueurs-na/ http://owni.fr/2010/06/06/les-journalistes-c%e2%80%99est-rien-que-des-faux-blogueurs-na/#comments Sun, 06 Jun 2010 19:16:43 +0000 La Peste http://owni.fr/?p=17603 Dites, les vieux blogueurs racornis de la sidebar, vous vous souvenez comment c’était hype de beugler sur le classement Wikio, en 2008 ? La blogo underground faisait genre « on le méprise », et la blogo trendy faisait genre « c’est trop bien ». Au final, bien sûr, tout le monde a pu s’exprimer pour faire son intelligent en prononçant le mot magique : « algorithme ». (En fait, il suffisait d’aller lire Jean Véronis et d’apprendre par coeur ses deux billets, dans lesquels il nous éclairait sur comment le soleil sortait tous les matins du trou du cul de Wikio).

Mais chacun jouait dans sa propre cour, et jamais on ne lançait le ballon chez Les Zautres. Des fois qu’on se fasse taper.

Ben ouais : d’un côté t’avais les blogs Zinfluents, et de l’autre les blogs Zinflués. Et puis en transversal, pour décorer, t’avais les blogs Zinclassables. Tout ce petit monde se balançait joyeusement à la tronche des valeurs Zessentielles, et chacun finissait par se calmer en continuant à bloguer sur les sujets de son choix.

Ça fonctionnait vachement bien. De temps en temps éclatait une bonne petite guerre blogosphérique, histoire de pas non plus s’endormir sur ses billets ; soit dans le registre « mon gloss est plus beau que le tien, pouffiasse », soit dans le registre « Ségo était plus légitime que Nico, connard ». Bien sûr, en 2009 le débat s’est élevé d’un cran avec le fight « Scrapbooking vs point de croix », les blogs de loisirs créatifs ayant totalement bouleversé l’écosytème virtuel en place.

Bouh le billet sponsorisé

Ensuite, t’as eu la polémique du billet sponsorisé. Ça, c’était sympa également. Ça fightait sévère. Les seuls à fermer leur gueule, au final, c’était les blogueurs qui, avec leurs 200 ou 500 euros mensuels de billets sponsos, arrivaient à boucler leurs fins de mois (pas tellement glorieuses pour cause d’Assedics récalcitrants et d’employeurs peu enclins à conclure). En gros, au royaume des putes borgnes les riches aveugles étaient rois, et le billet sponso c’était le Mal.

Mais pour finir, le snobisme, le vrai, s’est installé au sein de la blogosphère. Un parfait reflet de notre société-qu’a-rien-que-des-problèmes. Zinfluents et Zinflués se tinrent  donc la main pour édifier en chœur la nouvelle hiérarchie 2.0. Et c’est ainsi que naquit le Bien et le Mal blogosphérique, divisant les blogs en deux catégories bien distinctes : les blogs Zintelligents et les blogs Zidiots.

Depuis ce jour-là, ça rigole plus : ou t’en es ou t’en es pas. T’as pas fait Sciences Po, tu ne repenses pas l’Internet Mondial à chaque billet, tu ne nourris pas le monde affamé de ton omniscience culturo-ouèbesque ? Tu n’analyses pas la crise de la presse papier, tu ne l’opposes pas avec virulence au rédactionnel web, tu n’as jamais pondu de billet sur le pourquoi du comment des difficultés rencontrées par les modèles économiques dits émergents ? Tu ne sais pas disserter sur les implications du personal branding, tu es incapable de soutenir une discussion en ligne sur les enjeux du nouveau journalisme, et les billets de Narvic te plongent, hébété(e) de stupeur, dans un coma proche de la NDE ? Si tu as répondu oui à au moins une de ces questions (oui, une suffit, la blogo c’est cruel, mon lapin), c’est que ton blog fait partie des blogs Zidiots. Tu n’as point de consistance, point d’existence virtuelle parmi les gens qui comptent, et s’il te prenait l’envie de commenter sous un billet, chez un blogueur Zintelligent, sois gentil, ne tache pas le background du taulier en laissant l’adresse de ton blog. Dis plutôt que t’as bac + 4, ça t’aidera peut-être. De toute façon, personne te répondra, t’en es pas.

Zinflués et Zinfluents, Zidiots et Zintelligents (se lit dans les deux sens).

Nan mais pleure pas, t’as certainement d’autres qualités hein. Mais bon, t’as un blog Zidiot, voilà, quoi, qu’est-ce que tu veux que je te dise. Au moins, dis-toi qu’il est pas rose-chiottes comme le mien, c’est toujours ça de pris. Ah, si, il est rose ? Bon. Euh… Pense à autre chose, va. Et si ça peut te rassurer, sache que ton lectorat est plus Zintelligent que le lectorat des blogs Zintelligents : chez toi, on atteint jamais le point Godwin ; ben oui, t’as déjà distribué un point Godwin dans un fil de commentaires consacré à un fond de teint ou à la maille serrée, toi ? Non. Alors réjouis-toi. Parce que le point Godwin dans les commentaires, c’est jamais rien que des gens suffisamment vrillés du bulbe pour se foutre en rage devant un clavier et un écran, et instiller dans des affrontements désincarnés des forces vives qu’ils feraient mieux de mettre au service de choses plus concrètes (communiquer IRL avec la même fougue, par exemple). Le mec qui passe des heures sous un billet pour finir par traiter un inconnu aussi con que lui de nazi, sérieux, je trouve ça pathétique.

Enfin tout ça, c’était super quand même.

Jusqu’au jour où le Ouèbe Puant et Pontifiant a grondé d’une nouvelle indignation. Une nouvelle polémique, une bien juteuse : les blogueurs, c’est pas des vrais journalistes.

Les poissons, c’est pas des vrais légumes

Ça, c’était superbe : bon, évidemment, ça revenait à peu près à dire que les poissons, c’est pas des vrais légumes, mais c’est pas grave, ça marchait  bien, comme base de conflit. Et de la même façon que les gens peuvent avoir du mal à piger que la différence entre le canoë et le kayak c’est pas le type d’embarcation mais la discipline sportive pratiquée, quelle que soit la coquille dans laquelle on pose son cul, ben les gens ils ont pas pigé que le journalisme est une activité professionnelle reposant sur des compétences précises, n’ayant que très peu à voir avec l’installation d’un Wordpress (bon, les gars qui roulent pour Dotclear, vous fâchez pas. De toute façon, tant que vous êtes pas passés sous SPIP, votre existence ne vaut rien). Du coup, tu peux tenir un blog ET faire du journalisme. Ce sont deux choses différentes, deux activités reposant sur des principes de fonctionnement, formel et structurel, différents.

Bref, il était de bon ton de fonder son raisonnement sur le support utilisé, sans considérer l’activité exercée. Une fois le truc décortiqué, on ne retenait qu’une chose : le journalisme et les blogs, c’était un peu comme le rouge corail et le rose nacré : vu de loin, ça se ressemble un peu, mais sérieux, ça va pas ensemble du tout. Et rares sont ceux qui ont su dépasser ce clivage.

Partant de là, on aurait pu croire que la Messe était dite.

Mais la blogo est une mine d’or, et tous les jours une pépite en sort.  Alors accroche-toi à la colonne latérale, tu vas halluciner. Donc on est bien d’accord que les blogueurs, c’est pas des vrais journalistes.

EH BEN FIGURE-TOI QUE LES JOURNALISTES, C’EST PAS DES VRAIS BLOGUEURS.

Ouais.

Rien que ça.

Ça te la ramollit, pas vrai ?

C’est un truc de fou en fait : paraît qu’il y a des journalistes /chroniqueurs qui se sont mis en tête d’ouvrir un blog. Et d’y proposer des trucs. Et puis attention, les mecs c’est des fourbes hein, ils se sont carrément pas gênés, ils ont tout fait comme les vrais blogueurs, à savoir réfléchir à un chouette thème pour donner de la gueule à leur blog, travailler le wording pour que le rubriquage claque bien, agencer leurs petits machins sur la colonne latérale, bref  les mecs ils ont vraiment mis la gomme pour se faire plaisir. « Ouaiiis, s’tu veux, moi j’ai un blog, là, tu voiiiis ». C’est méchant, le journaliste. Ça trompe son monde. Et le chroniqueur, m’en parle pas, il est encore pire…

Mais tu sais ce que c’est, le pire du pire ? Attends, tu vas pleurer : le journaliste-faux-blogueur, il est dans le classement wikio. Et ça, sérieux, ça pue, pour le blogueur-puriste. Bon, faut savoir que pour le blogueur-puriste, de toute façon, tout est potentiellement puant. Mais Wikio, bordel ! Où va-t-on !

Alors je te la refais pas en technicolor, mais si tu veux, tu peux reprendre le paragraphe précédent en remplaçant « journaliste » par « homme politique », ça marche aussi  : parce que oui, y a aussi des personnalités politiques qui ouvrent des blogs. Et donc les personnalités politiques, c’est pas des vrais blogueurs non plus. Parce que chez eux, le blog c’est de la vitrine, mise en place avec du pognon. Donc le contenu personnel, bof. Y en a pas vraiment.

Ces usurpateurs ne jouent pas le jeu du lien sortant

Et là où le blogueur-puriste s’insurge, c’est que tous ces usurpateurs blogosphériques viennent poser leur cul sur son coin de web, et ne jouent pas le jeu du lien sortant. Le sacro-saint lien sortant. Pour le blogueur-puriste, le vrai blogueur fait du lien sortant, tandis que le faux blogueur n’est pas de son monde, n’adopte pas ses pratiques, ses usages. Le vrai blogueur fait une blogroll, le faux non. Le vrai blogueur produit du contenu, le faux insère des vidéos. Bref, pour le blogueur-puriste, le faux-blogueur « c’est pas des gens comme nous ».

Donc là, je soupire. Parce qu’il y a des jours où la connerie me fatigue. Et très sincèrement, je pense qu’avec ce genre de discours à la con, le blogueur ne prouve qu’une seule chose : il est capable d’être aussi corporatiste qu’un Joffrin au mieux de sa forme, aussi hargneux que Mélenchon dans ses grands jours, bref il a gagné sa place au sommet du système qu’il dénonce.

Blogueur-puriste, sois fier de toi : tu peux te montrer aussi con que ceux dont tu voudrais être l’égal, et dont tu t’es toujours cru supérieur. Parce que tu reproches aux journalistes et aux politiques de te regarder de haut, mais sans rire, tu t’es vu ?

Rappel : tout le monde a le droit d’ouvrir un blog

Un peu de sérieux. Tout le monde a droit d’ouvrir un blog. Et d’en faire exactement ce qu’il veut. Et d’être classé chez Wikio, même sur la base d’un algorithme prenant en compte les liens sortants. Ou pas. Ça a peut-être changé depuis. Je m’en tape. Dans tous les cas, l’autorité frelatée du classement Wikio est indigne de l’intégrité revendiquée par les blogueurs politiques. Voir un blogueur politique pleurnicher sur la présence dans la blogosphère, et pourquoi pas au Wikio, de journalistes-usurpateurs ou de politiques-VRP, c’est aussi dénué de sens qu’un végétarien t’expliquant que ton T-Bone sera bien meilleur saignant, et qu’en carbonisant ta viande tu le déçois beaucoup.

Chacun adopte sur son blog le fonctionnement qui lui convient. Les blogs vitrines des politiques ? Ils ne sont pas pires que les blogs vitrines des marques. Et alors ? Alors rien. On s’en fout. Ça ne changera rien à l’impact des blogs à contenu.

Quant aux journalistes et chroniqueurs à blog, je ne vois pas où est le problème. Ils ne font pas de blogroll ? Et puis ? Qui a dit que c’était obligatoire ? Les usages ? Les pratiques ? La blogosphère se serait-elle sclérosée au point de consacrer des « pratiques » à la con, tout ça pour entrer dans un classement à la con ?

Le blog, c’est l’envie, le désir, une petite extension virtuelle d’un pan de notre vie : convictions politiques, émotions, récits, partage de contenu, démarche de personal branding, oui, même ça (ce n’est pas sale), vente de pin’s ou propagande anti-gloss. Le blog, il est exactement ce qu’on en fait. Et on est libre d’en faire ce qu’on veut. On n’est pas obligé de « jouer le jeu ». Le blog, c’est notre propre terrain de jeux. Alors oui, Nicolas fait beaucoup de liens sortants, et Guy l’épicier pas tellement, sur son blog actuel. Mais Nicolas et Guy l’épicier sont l’un et l’autre très détendus du slip, bien sympathiques et leur contenu est intéressant. Nicolas explique d’ailleurs avec pertinence pourquoi la présence de certains blogs politiques au classement Wikio l’interpelle. Pour autant, il ne sombre pas dans l’aigreur. Ni dans le snobisme. La preuve, il me parle. C’est dire s’il a les idées larges.

Alors les arguments du type « ce n’est pas notre monde », au secours…

Je vous toise du haut de mon rose-chiottes

C’est pourquoi mon blog rose-chiottes et moi-même décidons ce soir, en vertu du pouvoir que nous nous conférons, en vertu également de cette époque où le classement wikio nous avait léché le cul, de nous revendiquer aussi fréquentables, militants, intelligents et cultivés que le blog politique le plus militant, Zintelligent et cultivé. Et en plus, dans le genre militante, ça va, je me défends.

Et pis c'est tout.

Par ailleurs, toujours en vertu du pouvoir que je me confère, et considérant qu’avec mon bac + 4 et demi et les compétences qui me permettent de gagner ma vie via la rédaction de formidables articles ayant trait à la sexualité, je me déclare officiellement fausse blogueuse.

Du coup, lorsque j’ai publié ce billet sur mon blog personnel, j’ai viré ma blogroll, toisé tout le monde du haut de mon rose-chiottes, et décrété arbitrairement qu’étant maîtresse en ma demeure, y aurait pas de commentaires  sous ce billet (ouais, je fais ça parfois, notamment quand j’ai pas envie que les lecteurs s’expriment sous la musique de merde que je mets en ligne).  De toute façon, comme j’avais raison, tout échange ou discussion via les commentaires me semblait inutile. Tu noteras à quel point je respecte pas les pratiques sacrées de la blogo : non seulement je piétine le lien sortant, mais en plus je refuse de jouer le jeu des commentaires. Ce que ça prouve ? Une seule chose :  chez moi, je fais ce que je veux. Et j’affirme que même sans lien sortant et sans commentaires, c’est bien un blog que je tiens. Et  j’emmerde les usages de la blogosphère. Politique ou non.

Comme Guy l’épicier, je fais ce que je veux de mes cheveux sur mon blog. Et j’adore ça.

Et comme Nicolas, je partage mon avis.

Mais bien sûr, chez les autres je sais me tenir, et je m’adapte. Du coup, sur Owni, tu as le droit de commenter.

Edit du 5 juin : je te conseille de faire un saut à l’épicerie du coin (comment ça, c’est un lien sortant ?) (T’es sûr ?) (Ah ouais, tiens)

Billet initialement publié sur Le Journal d’une peste sous le titre “Les journalistes, c’est rien que des faux blogueurs, il paraît. Et Wikio il est méchant.”

; images CC Flickr Stéfan, Okinawa Soba (In Asia and Africa until August), markuz

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