Open data >> défi accepté

Le 31 juillet 2011

Organisé par l'Open Knowledge Fundation, l'Open Data Challenge a fait plancher designers et développeurs européens sur des outils de réutilisation des données publiques. Revue des réalisations.

Municipalités d’Helsinky, ParisMunich, l’agglomération de Manchester et Pays-Basque… Les dix huit derniers mois ont vu l’explosion des politiques d’ouverture des données publiques en Europe. Appuyés par une directive du Parlement Européen et un intérêt citoyen croissant comme l’initiative de l’association Regards Citoyen ou l’annuaire de données Datapublica, gouvernements, villes et collectivités européennes sont nombreux à suivre cette tendance à la mise en ligne de catalogues de données en tout genre produits par leurs services.

Libérer (partiellement) les donnés est une chose, mais comment en faire profiter les citoyens ? Si du coté administratif le mouvement est enclenché, il reste encore à sensibiliser un public plus large sur l’importance de l’open data. Comment donner vie à ce matériau et libérer les kyrielles de gigas qui croupissent dans leur tableaux CSV ?

Des outils numériques pour rendre les données intelligibles

Certes, comme le souligne Simon Rogers du Guardian (fr/en) des logiciels gratuits tels Google Charts, Google Fusion Tables, Many Eyes ou Timetric peuvent être utilisés par tous pour produire des graphiques et des visualisations simples. Toutefois, la majorité des citoyens n’a ni le temps ni les moyens de décortiquer un tableau Excel de 5000 entrées ou de déchiffrer une base de données brutes.  Il s’agit de saisir les opportunités, autant sociales qu’économiques engendrées par ce déluge de données réutilisables en inventant des outils numériques capables de les digérer pour les rendre intelligibles, utiles et accessibles à tous. L’action conjointe des développeurs, graphistes et journalistes pour mettre en valeur les stocks de données est un enjeu majeur de la libération et de la réflexion sur les données.

A ce titre l’Open Data Challenge marque une étape symbolique dans le développement de ce nouveau champ de recherche. Piloté par l’Open Knowledge Fundation, soutenu par Simon Rogers, Tim Berners-Lee, Google, IBM et Microsoft, ce concours européen a collecté en deux mois près de 430 participations venues de 24 pays de l’Union Européenne en faisant plancher graphistes, développeurs et journalistes sur l’opportunité de créer ensemble des outils capables d’optimiser la libération des données auprès des citoyens.

20 000 euros de prix ont été remis à des plateformes innovantes de crowdsourcing citoyen pouvant appuyer le travail du data journaliste ou à des applications de visualisations de données utiles au quotidien. Aperçu des gagnants.

Znasichdani.sk sous-titré “Who makes business with the State ?” remporte le 1er prix des applications avec son interface simple qui révèle quelles personnalités influentes se cachent derrières chaque contrat signé entre l’État Slovaque et une entreprise, mettant ainsi à jour les conflits d’intérêts et autres soupçons de corruption. Malgré une licence fermée le développement d’un tel outil d’open data appliqué à l’échelle européenne serait une formidable opportunité en matière de transparence.

Dans le même esprit Open Corporate “The open database of the coporate world” est une plateforme de crowdsourcing mondiale qui, utilisant des outils de scraping a pour ambition de lier des données gouvernementales à celles d’entreprises pour comprendre la nature de leurs connexions.

Dans la catégorie outils qui “augmentent” le quotidien on retient par exemple le “Live London Underground Tube Map“, application anglo-saxonne qui indique instantanément la position exacte de toutes les rames du métro londoniens sur une carte du réseau. Elle donne à l’usager la possibilité de saisir le trafic global en temps réel et ainsi gérer ses trajets en fonction des ralentissements, accidents ou stations fermées. Une idée pas encore réalisable à Paris puisque la RATP bloque l’accès à ses données.

Dans le même esprit, l’application de visualisation de données “Bike Share Map” (UK) disponible dans une trentaine de villes dans le monde propose de visualiser l’emplacement des bornes et le nombre de vélos partagés disponibles sur chaque bornes en temps réel. Ici non plus, les données ne sont pas disponibles pour la ville de Paris qui semble avoir retiré l’autorisation d’utiliser les données des Vélib.

Toujours dans la catégorie transport en commun, des horaires bus de Manchester version “augmentée” :

De nombreuses souscriptions s’appuyant sur les séries de données européen récemment libérés ont été soumises. L’Open Knowledge Fundation a notamment retenue une application danoise qui permet d’envisager didactiquement l’ampleur de l’activité législative de l’Union Européenne. Sujets par sujets, de la santé aux transports en passant par le nucléaire et la culture, on visualise assez simplement les décisions prises et l’évolution des politiques menées par l’UE de 1950 à aujourd’hui.

A une échelle plus locale, on retient l’application néerlandaise Politiek Inzicht qui propose une visualisation par nuage de mots clés de la sémantique des interventions, des rapports et propositions de lois émises par chaque députés allemands sur un temps long. Se dégagent alors les sujets les plus abordés (“trending topics”), l’évolution du discours et des positions de chaque député du Bundestag.

Les propositions de visualisation sont également très instructives, jetez un oeil à celle-là qui cartographie les émissions de CO2 en Europe en géolocalisant usines et centrales électriques, principaux lieux d’émissions. Une carte offset montre où les entreprises européennes rachètent leur “compensation carbonne” dans le monde.

Le reste des applications pleines de promesses est visible sur publicdata.eu.

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